2012-12-04 Les recommandations de George IV à Radama

Publié le par Alain GYRE

Les recommandations de George IV à Radama

Au lendemain du traité anglo-malgache d’octobre 1820, le prince Ratefy est envoyé en Grande-Bretagne par Radama 1er. C’est la première ambassade envoyée à l’étranger par un roi de Mada­gascar. En effet, Radama désigne les princes Ratefy et Andrian­tsimisetra, ses beaux-frères, pour accompagner les jeunes envoyés à Maurice et en Angleterre pour être éduqués. Le second ne doit pas aller au-delà de l’île Maurice, mais rentrer aussitôt à Mada­gascar.
Au contraire, le prince Ratefy et Andriamahazonoro (venu de la Matitanana, celui-ci connaît l’écriture en caractères tanosy ou arabes) devront poursuivre jusqu’en Angleterre et conduire ceux qui sont choisis pour s’y rendre. Ils passèrent deux ou trois mois à l’île Maurice qu’ils quittent au début de l‘année 1821 pour la Grande-Bretagne, guidés par George Harrison désigné par le gouverneur de l’île, Sir Robert Farquhar.
D’après l’historien Raombana, l’arrivée en Angleterre du prince Ratefy et de sa suite, au début du printemps 1821, provoque sur la population de Londres comme
« un choc électrique ». Jusqu’alors, les habitants de Madagascar sont inconnus des Anglais ; « des mœurs et coutumes malgaches, ceux-ci n’avaient aucune idée »…
Avec deux ou trois de ses compagnons, le prince est présenté au roi George IV qui les reçoit de la « plus obligeante façon » et offre à Ratefy de nombreux présents. Par l’intermédiaire de Verkey qui parle le français créole, Sa Majesté britannique demande à Ratefy de transmettre ses recommandations au roi de Madagascar. Verkey, plus exactement Ravarika, est l’un des neuf jeunes gens choisis par Radama en 1820, avec Raombana et son frère jumeau Rahaniraka, pour aller s’instruire en Angleterre. Esclave à Maurice, il est ramené à Madagascar en 1817 comme interprète, par le capitaine Lesage, second ambassadeur de Sir Farquhar auprès de Radama.
Les recommandations de Sa Majesté britannique portent sur plusieurs points : respecter, et sans défaillance, le traité conclu avec lui-même (en fait, c’est exactement ce que Ratefy, au nom de Radama, vient demander à George IV!) ; bien gouverner ses sujets sur lesquels il règne par la volonté de Dieu ; traiter avec bonté les peuples soumis ; encourager la propagation de la religion chrétienne car l’expérience prouve que « plus un peuple embrasse la religion chrétienne, plus sage il devient et plus facilement il est gouvernable » ; lui-même Ratefy devra rapporter fidèlement à son roi les paroles prononcées et les conseils donnés par George IV.
Ce dernier insiste sur un fait : de Ratefy aussi dépendra le bonheur de Madagascar parce qu’il aura fait le voyage d’Angleterre et vu ce puissant royaume, et parce que ses avis, bons ou mauvais, seront évidemment plus écoutés, et avec plus de confiance, de Radama que ceux d’aucun autre de ses courtisans, amis ou parents jamais sortis de la Grande île. Ainsi s’il donne constamment à son roi de bons conseils, « il assurera le bonheur du peuple malgache et les générations à venir le béniront, lui et sa future descendance ». Si au contraire, il donne à Radama de néfastes avis continuellement, « les misères et les malheurs du peuple malgache ne feront que croître ».
Accompagné de quelques-uns des jeunes gens, le prince Ratefy est conduit ensuite à la grande Assemblée de la Société des Missions de Londres qui se tient chaque année à Londres, le
1er mai. À la foule rassemblée, on donne lecture de la lettre de Radama. D’après Raombana, les Anglais en sont surpris, mais très agréablement, et tout autant de l’aspect de ces étrangers. « Alors unanimement, les directeurs de la LMS et le peuple d’Angleterre plein de piété résolurent de dépêcher à Tananarive non seulement des Missionnaires pour travailler et enseigner en liaison avec Mr. Jones, mais aussi des artisans, comme un forgeron-charpentier, un tisserand, un tanneur, un cordonnier, etc. Par la suite, ces hommes sont envoyés à Madagascar et bien accueillis du roi Radama et de son peuple ».
Effectivement le Rév. Jeffreys et les missionnaires-artisans Brooks, Chick, Canhace et Row­lands arrivent à Madagascar en mai 1820, conduits par Ratefy lui-même.

Pela Ravalitera

Mardi 04 decembre 2012

L’Express

Publié dans Notes du passé

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