2012-12-20 Un tombeau fantastique né d'un fantasme

Publié le par Alain GYRE

Un tombeau fantastique né d’un fantasme

Après la conquête française, la plupart des populations serves sont libérées. C’est le cas des Maromena et des Marolahy, serviteurs et descendants des princes Andria­masoandro d’Ambohidranandriana. Vers les années 1950, les Marolahy décident de construire un tombeau qui, par sa beauté et sa grandeur, dépasserait ceux des nobles et symboliserait leur libération de l'état de serviteurs. Il est évident qu'ils ont vraiment usé de leurs méninges (Farahevitra signifie littéralement ultime idée) pour aboutir au résultat qu'ils veulent atteindre. Et la construction est vraiment grandiose. Pourtant le tombeau ne sera jamais terminé.
Profond d'une dizaine de mètres et comportant deux à trois niveaux auxquels l'on accède par un escalier de pierre, il est fait d'énormes plaques épaisses de pierre en guise de lits funéraires et de piliers pour les soutenir. Quelques échantillons sont laissés à l'abandon à l’extérieur du tombeau. Ces plaques de pierre sont découpées sur place au niveau de leurs rainures, à l'aide de bouses de bœuf brûlées. Elles sont posées sans l'usage de ciment mais d'une manière si bien agencée qu'elles tiennent l'équilibre jusqu'à aujourd'hui et ne présentent aucun risque d'accident. Ces énormes plaques de pierre sont ramenées des collines environnantes, les hommes du clan assurant une rotation pour les tirer à l'aide de cordes végétales. Et chaque fois que celles-ci cassent, il faut abattre un bœuf. Étant donné le poids de ces plaques de pierre et la fragilité des cordes utilisées, on imagine aisément le nombre d'animaux sacrifiés. C'est dire aussi que leur transport ne dure pas une seule année, d'autant que les hommes doivent en même temps s'adonner aux travaux des champs.
Malheureusement, ce projet ambitieux ne peut être apprécié des mânes des Andria­masoandro. Trois générations successives de Marolahy lancent la construction puis poursuivent les travaux. À chaque fois, les initiateurs décèdent mystérieusement. Selon les Zanadray, descendants directs d’Andria­masoandro, l’explication en est toute simple. Pendant la Première guerre mondiale, un Andria­masoandro appelé Rainisalama et habitant à Ambohi­manatrika a recouru aux services d'un Maro­lahy. Celui-ci s'est enrôlé et envolé en France à la place du fils de Raini­salama, tandis que ce dernier a pris en charge toute sa famille et lui a donné un hectare de rizières. C'est ce qu'on appelle « takalom-basy» et Rainisalama n'est pas le seul noble à négocier ainsi.
Le Marolahy est revenu sain et sauf de la guerre. En reconnaissance à Rainisalama qui l'a entretemps enrichi et qu'il considère comme son « père », il décide de translater ses restes à Farahevitra. C’est tout simplement inimaginable, un Andriana ne pouvant être enfoui dans un tombeau de roturiers. C’est pourquoi ils n’arrivent pas à construire le tombeau.
Un autre site anecdotique dans la contrée est la colline d’Ambohibehivavy (1 877m), nom qui vient de l'histoire légendaire d'une jeune princesse, fille du chef des Andrian­kazomanga qui se sont établis à Soanirariny et dans plusieurs villages proches d'Ambohi­dranandriana. Le chef a deux enfants, un garçon et une fille. Pour pouvoir désigner son successeur, il leur demande de gravir la colline, et le premier qui atteint le sommet, lui succèdera. Mais la jeune femme est enceinte. Arrivée à mi-pente, elle s'effondre. Aujour­d'hui, Ankandemponana où elle meurt, est un vallon recouvert d'une magnifique forêt primaire, un bois sacré (ala masina) selon la tradition orale. Car à sa mort, la jeune femme se serait transformée en différentes essences et plantes que renferme le vallon. Actuellement, beaucoup de plantes médicinales et six sortes d'orchidées endémiques y sont bien conservées, les habitants de la contrée n'osant pas y toucher.
Ils affirment également qu'Ankandem­ponana ne peut jamais être détruit par les incendies de forêt qui ravagent la colline. Toutefois, il arrive que le bois s'enflamme sans pour autant brûler. Cela annonce, soutiennent les villageois, que le régime en place va tomber. À preuve ces incendies qui n'ont pas touché la moindre branche et qui se sont produits en 1991 et 2002, années de la chute des deux régimes de l'amiral Didier Ratsiraka, et tout récemment en décembre 2008 !

Pela Ravalitera

Jeudi 20 decembre 2012

L’express

Publié dans Notes du passé

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M
mankasitraka ny mpanoratra @ilay tantara indrindra fa ny momba an'andriankazomanga sy ireo foko hafa. ny mahalasa ny saiko fotsiny dia ny hoe mba azo fantarina ve ny sources nahazoan'ny mpanoratra ireo tantara ireo? misaotra tompoko
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A
Monsieur, je suis désolé mais je ne parle pas ou très peu malgache, pouvez-vous me traduire votre message en français, merci