2012-12-27 Les premiers Français de l'Isle de Madagascar

Publié le par Alain GYRE

Les premiers Français de l’Isle de Madagascar

À30 km au nord de Fort-Dauphin, sur les rivages du Sud-est par le « trou d’eau » de Manafiafy, petit port naturel défendu par des roches noirâtres, MM. Pronis et Fouc­quembourg ainsi que 12 Français abordent sur une plage claire. Leur mission : prendre possession de l’Isle de Madagascar. Ce sont des commis de la Compagnie française de l’Orient.
En cette année 1642, le capitaine de la Marine Rigault obtient le 29 janvier du cardinal de Riche­lieu, pour ses associés et lui, la concession et le privilège durant dix ans « d’envoyer en l’Isle de Madagascar et autres isles adjacentes pour, là, ériger colonies et commerce… et en prendre possession au nom de Sa Majesté Très-Chrestienne… ». Ce que celle-ci confirme et fait enregistrer au greffe de son Conseil d’État. La concession devra par la suite, le 4 décembre 1652, être renouvelée pour quinze années.
C’est le capitaine Cocquet qui commande le navire
« Saint-Louis », chargé de toutes ces personnes, de négoce comme d’administration. Le navire appareille de Dieppe en mars 1642.
Une relation ultérieure d’Etienne de Flacourt raconte : « Cocquet arriva en ladite isle le mois de septembre et, en passant, alla aux isles de Mascareignes La Réunion et Diego Rois, desquelles isles le sieur Pronis prit possession, au nom de Sa Majesté Très-Chretienne, et passa en l’Isle Saincte-Marie et à la Baye Antongil que l’on nomma au pays Manghabe où ils en firent le semblable. Les sieurs Pronis et Fouc­quembourg s’établirent au port de Saincte-Luce nommé Mang­hafia… ».
Le 1er mai 1643, le navire « Saint-Laurent », appartenant à la Compagnie et conduit par le capitaine Gilles Rezimont, mouille à Manafiafy.
Ses 70 passagers sont des Français venus en renfort, mais qui, au bout d’un mois, tombent tous malades- un tiers en meurent-, les lieux étant « mal sains ».
Aussi, fin 1643-début 1644, Pronis décide-t-il de changer de lieu de résidence et se déplace avec ses gens à « Tho­langare » qu’il nomme depuis le fort Dauphin. C’est un lieu « très sain, le port y est fort bon et abrité des plus mauvais vents et l’abord commode non seulement pour les chaloupes, mais aussi propre à bâtir barques et navires… ».
Le 15 décembre 1648, M. de Flacourt, devenu « directeur général de la Compagnie française de l’Orient et commandant dans la Grande Isle de Madagascar et Isles adjacentes », arrive de la Rochelle à l’anse Dauphine, à bord du navire « Saint-Laurent ».
Dès que l’ancre est jetée, « il envoyait le sieur Marchais avec le sieur Boivin et 20 hommes, avec leurs fusils et mousquetons, pour prendre possession de Fort-Dauphin », lui-même descendant à terre vers 15 heures avec environ 25 soldats.
Mais bien d’autres navigateurs français ont précédé Pronis et Flacourt, les commis de la Compagnie française de l’Orient.
Pourtant, ceux-là n’ont pas été appointés pour la « noble » tâche officielle d’occuper « souverainement » Madagascar au nom de la France. Ils ont voyagé, sans patronage, isolément et pour leur compte. Il s’agit de Jean et Raoul Parmentier en 1529.
Dix ans plus tard, c’est Jean Fonteneau. En 1601-1602, Pyrard de Laval aborde le continent insulaire, partant de Saint-Malo. Une vingtaine d’années après, c’est au tour du général de Beaulieu, commandant la flotte de Montmo­rency, de Jacques Assaline en 1632 et d’Alphonse Goubert et Cauche en 1638, de descendre sur l’île.
Beaucoup d’autres Français suivent et revivent au XVIIe siècle les épopées des premiers fondateurs après que Flacourt, en 1655, quitte Madagascar pour rentrer en France.
L’île Dauphine, la « France orientale » comme on l’appelle, reçoit dès lors les envoyés de la Compagnie des Indes orientales, fondée en 1664 par Colbert : le sous-marchand François Martin de Beausse, le comte de Monde­vergue, de la Haye, Champ­margou, la Bretèche, de Mo­dave…
Les « fins altruistes » de ces entreprises sont exposées dans une « supplique » de Flacourt à Messire Nicolas de Fouquet, surintendant des Finances de France et procureur général de Sa Ma­jesté.

Pela Ravalitera

Jeudi 27 decembre 2012

L’Express

Publié dans Notes du passé

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