2013-01-09 Des défis lancés à Andrianampoinimerina

Publié le par Alain GYRE

Des défis lancés à Andrianampoinimerina

Quand le roi d’Ambohi­manga se décide à conquérir le sud-est de l’Imerina, il en profite pour passer par Ambohipeno. Arrivé à Ambohinierana, à l’est de cette colline, il demande aux seigneurs des Tahiamanangana si la terre est pacifiée. À quoi ils rétorquent: « Pour­quoi parler ainsi alors qu’on est entre souverains » Et ils tirent sur Andrianampoini­merina qu’ils blessent à la cuisse. Ce dernier entre alors dans une colère noire. « Même si vous persistez dans votre entêtement, je le serai plus que vous et je n’aurai de cesse que de placer Ambohipeno sous ma domination, car vous avez versé mon sang ». Mais comme l’objectif initial de cette campagne est Alasora, le souverain et ses hommes ne s’y arrêtent pas plus longtemps.
Ils arrivent à Ambalanirana qu’ils attaquent. Le village lui oppose une très grande résistance et la conquête, dit-on, se fait dans un véritable bain de sang. C’est là qu’est pris Andrianavalonjafy, roi d’Alasora et grand-oncle du pacificateur de l’Imerina. On ne le tue pas, mais on le garde à Haramy, à l’est d’Ambohi­manambola. Selon la tradition, aucun souverain ne monte à l’assaut d’Haramy. C’est sur cette colline que l’on place à résidence fixe tous les rois vaincus dont Andrianavalonjafy. Quand le territoire est pacifié, Andrianampoinimerina le déplace à Vohilena, au nord, où il meurt, mais on l’enfouit à Ambohimanatrika.
Andrianampoinimerina se dirige ensuite vers Alasora. Il pose la même question qu’à Ambohipeno, mais les habitants ne sont pas belliqueux : « Les enfants ne se battent pas contre leur père. » Il faut dire qu’Andrianam­poinimerina prend la fille d’Andriana­valonjafy, Ramanantenasoa, pour épouse afin de faciliter sa conquête du Vakinisisaony. En même temps, il se marie avec la jeune cousine de Ramanantenasoa, Rabodizafi­manjaka, fille d’Andriantsira, qu’il installe à Antsahadinta.
Après Alasora, le roi d’Ambohi­manga et d’Antananarivo s’attaque à Ambohitraina. C’est une haute colline bien protégée, véritable forteresse très difficile à prendre d’assaut. Avaradrano et Imarinatsimo s’y lancent cependant mais en vain, et dans leurs rangs, il y a beaucoup de pertes humaines. Andria­nam­poinimerina utilise alors une autre stratégie. Il poste ses hommes autour des puits et sources situés hors des remparts et dès que les villageois viennent y prendre de l’eau, il ne les fait pas prisonniers.
Il leur dit simplement : « En avez-vous assez d’être heureux, voulez-vous donc devenir des esclaves que vous refusiez de me rejoindre Portez mon message à votre village : qu’il n’y ait qu’un souverain pour que tous les Merina vivent en paix. Et dites à vos chefs : vous serez malheureux si, chaque jour, vous devez vivre dans l’angoisse d’un assaut ».
Quand les grands d’Ambohitraina apprennent ce message, ils jugent opportun de reconnaître la souveraineté du roi d’Ambohimanga et d’Antananarivo, « tant que l’on est encore en vie et en liberté ». Tout se termine par un serment d’allégeance. Andrianampoinimerina fait d’Ambohitraina, « l’Ambohimanga du Sud ».
Mais si Alasora et Ambohitraina sont conquis, Tsiafahy persiste dans la résistance, ne faisant pas confiance aux différents émissaires envoyés par Andria­nampoinimerina. Il lance même un défi : « Cette terre-ci, qui regroupe les Maroan­driana (nombreux seigneurs) ne se pliera jamais. À la force, nous opposerons la force, car Dieu en a donné à tous. » Andrianam­poini­merina se décide à conduire lui-même ses hommes, procédant comme à son habitude : d’abord pourparlers, ensuite combat. « Je suis venu vous réunir car, tôt ou tard, avec vos nombreux seigneurs, la guerre intestine éclatera parmi vous. Et si cela arrive, ce sont les seigneurs qui s’engraisseront au détriment du peuple. Dieu veut qu’il n’y ait qu’un seul souverain pour le bien du peuple. »
Les seigneurs de Tsiafahy martèlent alors que « chacun a hérité du nom de son père, aussi aucune concession n’est-elle tolérable! » Mais le peuple, surtout les femmes, refuse cette obstination et conduit par les « loholona », il rejoint le roi de l’Imerina qui, malgré la puissance des Maroandriana, « les a vaincus par la justice ».

Pela Ravalitera

Mercredi 09 janvier 2013

L’Express

Publié dans Notes du passé

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