2013-01-16 Des villages désormais ignorés

Publié le par Alain GYRE

Des villages désormais ignorés

En répartissant les différentes populations des six territoires de l’Imerina dans les différents villages d’Antananarivo, Andrianam­poinimerina pratique le système du brassage. Il faut remarquer qu’une bonne partie de ces hameaux a disparu, se fondant dans les quartiers modernes. En quittant les enceintes de la Haute-ville et en descendant des vieux quartiers, on arrive à Anjoma, à l’ouest d’Ambohi­tsorohitra, quartier des Tsimiamboholahy où Radama transpose le grand marché d’Ankadimbahoaka, puis à Isoraka, là où l’on halète, et Isotry.
Une autre version, antérieure à celle qui évoque l’épreuve du tanguin que l’on fait subir aux mignons de Radama II à Isotry, explique l’origine quelque peu fantastique de ce village. Du temps d’Andriamasinavalona, dit-on, une trombe naît à Ankatso, passe par Ambohidempona où elle arrache les toitures, emportant de l’intérieur des cases les « tanan­tsotro » (étuis ou sachets suspendus où l’on place les cuillers) que l’on retrouve tous à cet endroit. Andrianampoinimerina donne la place à Andriantsilavo, mort sous Radama 1er et qui y est enterré. On sait que Ranavalona 1ère y fait bâtir par Jean Laborde un Mausolée pour son fils Rainiharo et ses descendants.
En aval et au sud, Mahamasina et Anosy, près du silo royal d’Amparibe, constituent les rizières d’Andrianampoinimerina. Radama crée un lac du côté d’Anosy au milieu duquel il construit une poudrière, tandis que l’eau du lac sert d’énergie motrice à l’usine de fabrication de poudre à canon bâtie sur la pente d’Isoraka. À l’Est de Mahamasina mais en amont, Amberotsanga.
C’est le parc à bœufs rituels des taureaux et des vaches laitières faisant partie du troupeau royal. Au sud d’Amberotsanga, Ambatomborodamba où vivent les descendants vazimba qui reçoivent ce quartier avec Andravoahangy-nord et Ampanobe-est. Une autre version de l’origine de son nom indique que ce sont les sujets-et non les Grands du royaume- qui y jettent des bouts de tissus- et non des vêtements usagers- pour honorer les esprits vazimba.
En allant toujours vers le sud se trouve Ankadilalana, vallon enserré entre les collines d’Antananarivo et d’Ambohijanahary. Et entre Tsimbazaza et celle-ci se trouve Amparihy, lac créé aussi par Radama 1er pour permettre à ses hommes affectés aux durs travaux d’arasement de la colline de Fiadanana de se rafraîchir. Ce souverain essaie aussi d’abaisser Ambohi­janahary au niveau de Mahamasina. Mais c’est une colline très rocailleuse contre laquelle les outils archaïques utilisés par ses hommes ne peuvent rien faire et il arrête les travaux.
Juste au bas d’Ambohijanahary et habité par les Tsimiamboholahy, Imerintsiafindra. Rainiharo l’obtient par échange de Ramanan­tsoa, descendant de son titulaire d’origine. Toujours vers le sud, il y a Fiadanana, Soanie­rana et Ankadimbahoaka. Puis on arrive à Anosimahavelona, îlot en plein milieu de l’Ikopa. Ranavalona 1ère y fait construire une résidence gardée par les Tandapa. Un barrage est aussi érigée sur l’Ikopa pour irriguer la plaine du Betsimitatatra, d’où son nom « d’îlot qui alimente, qui fait vivre ».
Si l’on revient vers Tsimbazaza, lieu des festivités qui mettent fin aux funérailles royales et qui, dit-on, n’ont rien d’innocentes, on peut continuer vers l’Est, à Ambanidia. Andrianam­poinimerina y crée l’un des marchés de la ville. Un peu au nord, il existe un puits naturel où vit une « chose ». Souvent, cette « chose » provoque la maladie des habitants qui, pour guérir, doivent procéder, sur les lieux, à une cérémonie d’offrandes, constituées de terre blanche, de miel, de riz décortiqué et de riz cuit.
Une autre « chose » se trouve à Ankararan­kely, près du sous-bois dense d’Ankorahoatra, dans le puits Ankanavo. Cette « chose », dit-on, donne une couleur rouge sang à l’eau puisée par un malade. Dans ce puits, vivrait une bête d’un rouge incendiaire qui n’est ni un serpent ni une anguille. C’est la « bête de la chose ». Ainsi, la propreté de l’eau y est strictement préservée pour éviter toute maladie d’origine surnaturelle.

Pela Ravalitera

Mercredi 16 janvier 2013

L’Express

Publié dans Notes du passé

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