2013-01-22 Alfred Grandidier, troisième figure historique

Publié le par Alain GYRE

Alfred Grandidier, troisième figure historique

Le 13 septembre 1921, Alfred Grandidier s’éteint à l’âge de 85 ans, après une vie consacrée tout entière à l’exploration et à l’étude de la Grande île. Homme d’exception, il laissera son nom attaché à Madagascar. Déjà de son vivant, une importante artère de la ville est devenue l’avenue Alfred Grandidier. C’est un premier hommage.
Mais un autre, de grande valeur, mérite de lui être consacré et, dès 1936, Raymond Decary écrit dans la Revue de Madagascar :
« Il y a quelques années, le nom de l’ Explorateur-Grandidier a été donné à l’un des nautonaphtes de la Compagnie des Messageries maritimes qui assure le service sur la ligne de l’océan Indien. Aujourd’hui, la reconnaissance des hommes pourrait légitimement graver son image dans la pierre. »
Ce vœu deviendra réalité. Vingt ans plus tard. Et c’est dans le Jardin botanique et zoologique de Tsimbazaza, propriété de l’Institut de recherche scientifique, que s’élève le monument.
Aucun lieu ne peut mieux convenir, ce Jardin recevant, en outre, le nom de Parc Alfred Grandidier pendant un temps. Le soin de réaliser le monument est confié à un sculpteur de grand talent, Charles Barberis, « Prix de Madagascar » en 1922. C’est lui qui exécute aussi celui du lac Anosy avec l’architecte Perrin.
Les bas-reliefs sont son œuvre personnelle ainsi que la Victoire ailée (l’Ange noir, l’appelle-t-on plus tard, par manque d’entretien), haute de 8m25, qui lui vaut une médaille d’or au Salon de 1935 où elle est exposée. Mais c’est une autre histoire.
La cérémonie d’inauguration du Monument d’Alfred Grandidier se déroule à Tsimbazaza, le 14 décembre 1956, présidée par le haut-commissaire André Soucadaux et en présence d’une foule de notabilités françaises et malgaches, de hautes personnalités scientifiques de la Métropole et de la Colonie.
Les différents discours prononcés à l’occasion traduisent tous l’intérêt de l’œuvre colossale accomplie par A. Grandidier, « magnifique exposé, non seulement des domaines botanique et zoologique, mais aussi une étude complète des races qui peuplent l’île-continent », révèle le gouverneur général Réallon.
Celui-ci, du reste, ne manque pas non plus de rappeler « l’amitié et le soutien d’un homme- qui est lui aussi une des gloires de l’histoire malgache » dont Grandidier bénéficie dans ses voyages et ses recherches. « Alfred Grandidier et Rainilaiarivony n’ont cessé d’être en rapports étroits et cordiaux. » Et de poursuivre :
« L’histoire de Madagascar peut s’enorgueillir de trois grandes figures. Celle de Jean Laborde, le génial artisan, mais Jean Laborde n’est pas un scientifique. Celle de Rainilaiarivony dont l’œuvre fut politique, mais elle aussi est immense. Et celle d’Alfred Grandidier, dont le monument est actuellement à sa place. »
Pour sa part, le directeur de l’ORSTOM, Juglas, évoque les trois voyages de l’explorateur dans l’île, concrétisés par ses nombreux ouvrages, rapports et autres comptes rendus. À son tour, André Soucadaux expliquera qu’après A. Grandidier, « la conception que l’Europe se faisait de Madagascar, se trouve bouleversée.»
Le grand scientifique quitte l’île-continent après avoir fourni en cinq années (1865-1870) une somme prodigieuse d’observations de toutes sortes. Il n’y reviendra plus, « mais il lui a voué son fils Guillaume qui n’a cessé de poursuivre pieusement l’œuvre paternelle » (Raymond Decary).
Le monument de Tsimbazaza a une hauteur totale de 6m. Le buste en pierre repose sur une colonne d’un mètre de diamètre, entièrement recouverte d’une frise sculptée en bas-relief.
De face, apparaît la carte de Madagascar. Vers le sommet de la colonne sont gravés en médaillons les traits des races principales de l’île : Merina, Sakalava, Betsileo, Antandroy.
Le reste de la colonne est occupé par la figuration des formes caractéristiques de la faune et de la flore malgache : un maki, « un des éléments les plus singuliers de la faune locale »; un crocodile, « véritable relique des temps passés »; un caméléon, « bête étrange à tout point de vue »; un zébu, « l’animal vénéré et aimé du Malgache »; l’arbre du voyageur ravinala, le vaquois de la forêt de l’Est, le palétuvier de la côte occidentale…

Pela Ravalitera

Mardi 22 janvier 2013

L’Express

Notes du passé

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