2013-01-23 L'Armée à travers le XIXè siècle

Publié le par Alain GYRE

L’Armée à travers le XIXe siècle

 «Lahindefona », « Sorin­dany », « Miaramila ». C’est sous Radama 1er que s’instituent de façon formelle et pratique les corps de troupes, modernisation qui touche aussi bien l’organisation que la structure de cette institution.
Quand elle succède à son mari sur le trône, Ranavalona 1ère apporte peu de modifications à l’organisation des « Miaramila » établie par Radama. Elle change seulement leur nom en « Foloalindahy » (les cent milliers d’hommes). L’extension du royaume merina sous son règne est, d’ailleurs, moins rapide que du temps de Radama 1er et cependant, autant sinon plus coûteuse.
Trois principales expéditions sont signalées : celle conduite par Rainiharo, alors commandée in chief, chez les Tanala avec  7 000 hommes; celle conduite par Rainijohary chez les Bara, rapidement couronnée de succès mais suivie aussitôt d’une révolte inquiétante dès qu’il rentre à Antananarivo ; et enfin, celles menées successivement par Ravola­salama chez les Sakalava, de l’Ambongo en 1828, 1831 et 1836, par Rainijohary vers 1840 et par le prince Rainitsimisetra en 1842.
De même, sous Radama II, une seule réforme est à noter. Il met entre les mains d’une seule personnalité le pouvoir de Premier ministre et de commandant en chef de l’Armée qui, auparavant, étaient deux pouvoirs distincts. Jusqu’à la fin de la royauté merina, trois Premiers ministres jouiront de ce privilège : Rainivoni­nahitriniony (Raharo), Rainilaiarivony et Rainitsimbazafy.
Avec Rasoherina, on constate d’assez notables modifications dans le statut des « Miaramila ». Elle les répartit d’abord en trois catégories : les « Ankotralahy », les « Diman­jatolahy » et les « Maranitra » (acérés) et « Tsain­goka » (aux doigts lestes).
Les « Ankotralahy », constitués du plus grand nombre de militaires, vont à la guerre et servent de troupes d’occupation. Pendant les journées de grandes festivités, ils portent un veston rouge et un pantalon blanc. C’est ce qui fait dire cette phrase passée en proverbe : « Salasala toa ankotralahy : arahabaina, tsy andriana ; avela, miakanjo jaky ». Ce que Régis Rajemisa-Raolison traduit par « qui rend perplexe comme un ankotralahy : on le salue, ce n’est pas un noble ; on ne le salue pas, il est vêtu de pourpre ».
Les « Dimanjatolahy » (les 500 hommes) sont en réalité 1 500 éléments pris parmi les « Ankotralahy ». Ils assurent l’ordre et la tranquillité dans les villes et gardent les prisonniers de guerre.
Quant aux « Maranitra » et aux « Tsain­goka », ils servent de cadre et d’escorte de parade à la reine.
En outre, Rasoherina fixe la durée du service militaire qui, jusque-là, n’est pas déterminée. Une fois âgés, les soldats redeviennent civils (borizano). Parallèlement, la reine continue aussi à faire instruire les soldats par l’Anglais Lorett.
Pour sa part, Ranavalona II met définitivement en place et affermit solidement le ministère de l’Armée. C’est d’autant plus utile que c’est sous son règne qu’éclate la première guerre franco-hova (1883-1885), dont les causes immédiates sont la revendication par le gouvernement merina de la succession de Jean Laborde, et l’implantation du drapeau merina en territoire sakalava. Mais la reine disparaît le 14 juillet, laissant ce lourd héritage à Ranavalona III.
C’est sous cette dernière souveraine que se créent les « Kadetra » (cadets) composés de jeunes Tananariviens instruits à part par trois officiers : deux Anglais, le colonel Shevington et le major Graves, et un Français, le capitaine Lavoisot. On sait que, succédant à Ranava­lona, deuxième du nom, alors que la première guerre franco-hova n’est pas encore finie, c’est à elle que revient la lourde charge de payer l’indemnité de guerre de 10 millions de francs.

Pela Ravalitera

Mercredi 23 janvier 2013

L’Express

Publié dans Notes du passé

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