2013-02-05 La flore malgache au Muséum de Paris
La flore malgache au Muséum de Paris
En 1943, le Dr Henri Poisson entreprend de réunir des notes sur les naturalistes venus à Madagascar, trouvées au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Il indique qu’il y a trouvé 425 dossiers plus ou moins complets.
Le XIXe siècle est surtout marqué par les nombreuses et importantes découvertes des voyageurs-naturalistes, dont la majeure partie est préparée et formée au Jardin du Roi, c’est-à-dire le Muséum.
Beaucoup y sont jardiniers, profession qui leur permet de connaître les végétaux exotiques et leur culture et, par là, de rendre d’excellents services dans les pays d’Outre-mer.
C’est surtout au début de ce siècle, sous l’habile direction d’André Thouin (1747-1823)- à cette époque jardinier en chef avant de devenir premier titulaire de la chaire de culture- que les voyageurs peuvent profiter de cet enseignement.
Le Muséum d’histoire naturelle de Paris occupe une place primordiale dans la recherche en pays d’Outre-mer. À l’époque de la restauration, Boitard, un historiographe du Jardin des Plantes, écrit : « Pas un marin de quelque importance, pas un lieutenant de frégate n’aurait cru son voyage complet, s’il n’eut pas pu en consigner quelques souvenirs au Jardin des Plantes ». C’est par lui que le patrimoine scientifique, notamment français mais aussi mondial, s’enrichit et prend une extension qui permet le développement de la France d’Outre-mer.
Selon le Dr Poisson, les résultats scientifiques
obtenus par les chercheurs appointés ou bénévoles, les missionnaires, les marins, les administrateurs et fonctionnaires de différents services, les colons, les lettrés malgaches, les agents de compagnies commerciales ou industrielles peuvent donner une foule énorme de travaux utiles et de trouvailles d’espèces nouvelles animales, végétales, fossiles, etc.
Au début du même siècle, Aubert Dupetit-Thouars (1758-1831), issu d’une famille de marins célèbres, est à la fois un voyageur et un botaniste.
Plusieurs de ses travaux sont publiés dans le Bulletin de la Société phillomatique de Paris, de 1801 à 1808. On a encore de lui deux ouvrages sur les orchidées des îles de France (Maurice), Bourbon (Réunion,) et Madagascar. Les œuvres de ce naturaliste sont devenues pour la plupart fort rares.
Juan Nicolas Bréon (1785-1864), entré à 24 ans comme jardinier au Muséum, est l’ami d’Adrien de Jussieu. Botaniste de la Marine en 1815, il se rend à Bourbon en 1816, fait plusieurs voyages dans la Grande île en 1824, au pays d’Anosy.
Il introduit à La Réunion plus de 800 espèces de plantes rares, parmi lesquelles la canne à sucre de Batavia, le tek et près de 60 espèces d’arbres fruitiers. Un très bel arbre de la forêt de l’Est malgache porte même le nom de Breonia, le « molopangady ».
L’infortuné Louis Armand Chapelier- venu à Madagascar à 16 ans et y mourant à 28 ans à cause de l’insalubrité- laisse aussi un herbier au Muséum et des manuscrits étudiés et publiés par l’Académie malgache.
Une autre figure très originale, Goudot, est tour à tour naturaliste, commerçant, et a une existence assez mouvementée.
Les autochtones de Toamasina le surnomment Bibikely, allusion à sa manie de récolter des insectes. Il a des difficultés avec le gouvernement hova et se retire dans le Nord. C’est un excellent collecteur et ses Notes et Lettres sont des plus instructives et curieuses. En 1834, il ramasse des œufs d’Aepyornis.
Mais la grande et sublime figure d’explorateur et de savant qui domine ce siècle est celle d’Alfred Grandidier. Il ramène en France de très nombreuses collections de haute valeur d’animaux, de roches, de plantes.
Avec son ami Alphonse Milne Edwards et les savants du Muséum, il entreprend cette œuvre gigantesque que sera l’ « Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar ».
« Jusqu’au début du XXe siècle ce magnifique monument comprend 26 beaux volumes de textes et d’atlas divers, dont les planches sont d’une facture irréprochable ».
Pela Ravalitera
Mardi 05 fevrier 2013
L’Express
Notes du passé