2013-03-08 La vieille cité culmine au sommet d’Analamanga

Publié le par Alain GYRE

La vieille cité culmine au sommet d’Analamanga

 «Andrianampoinimerina peut rassembler sous son autorité les terres d’Ankova sans être, à aucun moment, troublé par l’intervention des Européens. Il n’entretiendra avec les Occidentaux qui demeurent sur la côte que de lointains rapports commerciaux. Il vend par l’intermédiaire des esclaves, leur commande quelques fusils, mais leur prohibe l’accès de Tananarive. Cette interdiction, absolue sous son règne et qui ne souffrira plus tard qu’un très petit nombre d’exceptions, devait durer cinquante ans après sa mort » (Revue de Madagascar spéciale, « Tananarive », MCMLII).
À la mort d’Andrianampoini­merina, en 1810, Antananarivo compterait une quinzaine de milliers d’habitants. Les plus belles maisons sont en bois débité à l’herminette car on ignore l’usage de la scie. Les toits sont couverts de joncs (herana), les portes n’ont ni gonds, ni charnières et, bien entendu, les fenêtres n’ont pas de vitres. Les murs sont tapissés intérieurement d’un enduit où la glaise est mélangée à de la bouse animale.
Des nattes constituent l’ameublement. Sur les portes, un rudiment de sculpture revêtant la forme d’un sein féminin, symbolise la vie domestique et l’hospitalité. Au faîtage, sur les toits suraigus, deux bras en croix signalent les habitations nobles.
Les principales sont à étage. La demeure du roi ne diffère guère des autres. Quant aux maisons pauvres, elles sont faites de pisé enduit sur des claies qui dressent des piquets plantés à même le sol. « On y vit en commun avec les animaux domestiques ».
Riz, manioc et patates cultivés autour de la case fournissent une nourriture suffisante car l’édit royal, très vigilant, pourchasse les oisifs. Ce n’est qu’à l’occasion des fêtes que bœufs et poulets sont tués. Le Français Mayeur constate en 1777 : « Il n’y a pas d’arbres, les montagnes sont nues et arides ; les bois les plus voisins sont à deux journées de marche… Les bananiers sont petits et donnent peu de fruits ; on en cultive cependant beaucoup parce que les fibres de leur écorce servent à faire des pagnes ».
La cité n’occupe qu’une surface très restreinte sur le sommet de la colline où se trouve le Rova. Toutefois, déjà les hauts dignitaires et les chefs de l’aristocratie terrienne font construire des cases proches du Rova et s’y installent avec « leur clientèle de parents, de familiers et d’esclaves ».
Les emplacements de leurs demeures se superposent à l’image de la hiérarchie qui subordonne les Merina les uns aux autres.
« Les castes sont cantonnées chacune en son quartier. Les maisons se pressent tout autour d’une place, sorte d’agora ou de forum malgache qui porte le nom d’Andohalo » (Revue de Madagascar « Tananarive »).
Andohalo est le centre de l’enceinte fortifiée, dont l’accès n’est possible que par sept portes étroites auxquelles conduisent des sentiers, car il n’y a que des sentiers, même à l’intérieur de la cité « où l’on n’a jamais vu encore de chevaux ni de charrettes ».
« Vaste cuvette ovale à l’herbe rare, Andohalo est le lieu des grandes réunions, les Kabary. Tous les jours, un petit marché s’y tient. Les rois et souveraines s’y feront sacrer. C’est là qu’ils prononceront leurs kabary que la traduction royale enregistrera, promulgueront leurs édits. C’est de là qu’ils partiront en voyage ou en guerre et c’est par là qu’ils devront passer à leur retour, pour y accueillir l’hommage de leur peuple. Une dalle ronde d’un mètre environ est la pierre sacrée qui fut sanctifiée, comme le veut l’antique usage, par des perles, des piastres et le sang d’un taureau répandu ».
Les portes de la cité ont pour fermeture des madriers ou de grands disques de granit dépassant souvent deux mètres de haut et qui coulissent entre des montants de pierre ou de bois.
Comme on ignore la taille des pierres, ces disques sont obtenus par le refroidissement brusque d’un rocher fortement chauffé au feu de bois. « Seul subsiste aujourd’hui (1952) la porte d’Ambava­hadimitafo par laquelle aurait jadis passé Andrianampoinimerina ; plus tard, c’est la porte officielle des étrangers ».

Pela Ravalitera

Vendredi 08 mars 2013

Notes du passé

L’Express

Publié dans Notes du passé

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article