2013-03-13 Les premiers pas de la ville vers la modernisation
Les premiers pas de la ville vers la modernisation
C’est sous Radama 1er, dans les dernières années de son règne, qu’un passage est ouvert à la mine, pour permettre de descendre de Marivolanitra à Antsampanimahazo. Ce quartier prend de ce fait, le nom « À la roche brisée », Ambatovinaky. À Ambatovinaky succède Antsampanimahazo. D’après E. Baudin et J.J. Rabearivelo (« Tananarive, ses rues et ses quartiers »), ce nom signifie exactement « où les branches se rejoignent », c’est-à-dire le carrefour appelé plus tard « des Quatre chemins » et enfin, des « Cinq chemins ». Dans le « Tantara ny Andriana eto Madagascar » du RP Callet, c’est le point de jonction de trois routes, l’une menant à Analakely, l’autre à Anjohy et la troisième à Mahamasina. On en déduit ainsi que l’actuelle rue Ratsimilaho n’a pas encore existé. Elle ne se forme qu’à partir de 1862 avec les premières boutiques européennes.
À Antsampanimahazo, se trouve un des quatre temples protestants qui commémorent la mort des chrétiens persécutés. Il est inauguré le 22 janvier 1867. Son architecture est due à Cameron, on l’appelle aujourd’hui le temple d’Ambatonakanga. À l’origine, une petite maison située sur l’emplacement du temple actuel, a servi de lieu de réunion aux chrétiens. Ranavalona 1ère en fait une prison et le prince Ramboasalama, neveu et fils adoptif de la même reine, une écurie.
Après Antsampanimahazo, vient Ambatonakanga où, écrit le « Tantara ny Andriana », se trouvent des champs de manioc et de patates. Le mot Ambatonakanga veut dire « la pierre de la pintade » ou « des pintades ». « Existait-il des pintades là et dans les environs immédiats de Tananarive à cette époque Cela est parfaitement possible : les chasseurs savent que ces volatiles recherchent les champs de manioc » En continuant en direction d’Isotry, c’est le quartier d’Antaninarenina (à la terre nivelée). C’est là, après Andohalo et Ankadimbahoaka où a été l’ancien marché de la capitale, le premier marché du vendredi, le Zoma. Et au XXe siècle, les vieux Tananariviens appellent encore Antaninarenina, Anjoma-taloha (l’ancien Zoma). À Anjoma, se tient le marché aux esclaves. Plus tard, c’est autour de l’actuelle Place de l’Indépendance, l’un des principaux centres de la ville, qu’il est transféré.
En allant vers l’Ouest, c’est le quartier d’Ambatonilita, « à la pierre de Lita ». Il s’agit d’un homme qui mendie en chantant, assis sur une pierre, disent les anciens. À côté d’Ambatonilita et avant d’arriver à Isotry, se trouve le quartier d’Isoraka, plateau qui domine le lac Anosy. D’après les
« Tantara ny Andriana », c’est là que se seraient « essoufflés » (isokaka), le roi détrôné Razakatsitakatrandriana (1670-1675) et ses partisans. Ce prince est le successeur d’Andrianjaka.
Immédiatement, c’est Ampasandrainiharo, « au tombeau de Rainiharo », Premier ministre et époux de Ranavalona 1ère. Voici ce qu’on lit dans l’ « Histoire du Royaume hova » du RP Malzac :
« Rainiharo mourut le 10 février 1852. La reine fit rendre les plus grands honneurs à l’illustre défunt. Elle lui fit élever à Isotry, un tombeau qui surpasse tous les autres en magnificence et voulut que ses funérailles fussent des plus pompeuses. Lorsque son corps fut transporté à sa dernière demeure, on lui fit franchir un grand nombre de bœufs abattus et immolés à la louange du riche potentat. Sur tout le parcours du convoi funèbre, des décharges de mousqueterie publiaient, à chaque instant, la grandeur du personnage qu’on pleurait, et trois salves de tous les canons de la ville annoncèrent aux environs, l’estime que Sa Majesté faisait de son glorieux époux. Bien plus, pour perpétuer à jamais sa mémoire, la reine décréta qu’on tirerait dans la suite cinq coups de canon chaque fois que le tombeau de Rainiharo s’ouvrait, mais uniquement pour recevoir le corps d’une grande personne de sa famille ».
Il faut rectifier que c’est en 1835 que Jean Laborde entreprend la construction du monument
« qui n’est pas sans analogie avec le haut fourneau de Mantasoa. Son architecture d’inspiration hindoue s’explique par le séjour de trois ans fait par son auteur à Bombay, de 1828 à 1831 » (Revue de Madagascar spéciale, « Tananarive », MCMLII).
Pela Ravalitera
Mercredi 13 mars 2013
Notes du passé
L’Express