2013-03-22 De grands progrès dans l’architecture
De grands progrès dans l’architecture
Ranavalona 1ère tourne le dos en 1861 et son fils, le prince Rakoto devenu Radama II, lui succède. Tout comme son père, il est acquis au « modernisme ». « Il est foncièrement bon et son désir de progrès semble devoir ouvrir une ère de développement rapide » (Revue de Madagascar spéciale, « Tananarive », MCMLII). Ainsi, l’un de ses premiers actes consiste à ouvrir le pays tout grand aux étrangers désireux d’y travailler. Les Missions, catholiques et protestantes, vont s’y fixer définitivement.
Le retour des Européens à Antananarivo après 1861, permettra la reprise des activités avec une intensité d’autant plus grande que des éléments laïcs se joindront aux instructeurs missionnaires. Développement et progrès dans la capitale dépendront de l’afflux des architectes, ingénieurs et ouvriers qualifiés que l’Europe enverra en même temps qu’un certain nombre de consuls accrédités auprès de Radama II et de ses successeurs.
Les missionnaires sont les premiers à se remettre au travail. Ils entendent doter la ville d’édifices cultuels définitifs et c’est donc dans le domaine de l’architecture, en particulier dans la construction d’églises et de temples, que les plus grands progrès seront réalisés. Ces constructions, les premières, sont autant d’ateliers-écoles pour les ouvriers malgaches.
Voici ce qu’écrit l’architecte Sibree : « J’ignorais la langue, la population et sa méthode de travail. Il était difficile d’obtenir des renseignements précis sur les meilleurs moyens de se procurer le bois, la chaux, les tuiles…, mais le plus grand obstacle consistait dans le nombre très limité des ouvriers, dont il valait la peine de se procurer les services et, plus encore, dans l’impossibilité de les garder longtemps. La maçonnerie n’était pas une chose absolument nouvelle pour les Malgaches… Mais un grand édifice exigeant un travail scientifique et soigné, était quelque chose d’inaccoutumé… ». À l’inexpérience de la main-d’œuvre correspond cependant « une très grande habileté qui s’employait à merveille à bâcler la besogne au moyen de malfaçons et en ayant recours à toutes les ficelles du métier » (Revue de Madagascar spéciale).
Enfin les Européens doivent payer de leur personne car les femmes des maçons empêchent leurs maris de monter sur les échafaudages des clochers en construction. C’est ainsi que le frère Laborde trouve la mort au cours de l’exécution des travaux de la cathédrale Immaculée Conception à Andohalo.
Avec le temps, les ouvriers gagnent en habileté technique. À preuve, les nombreuses constructions civiles : la résidence du représentant de France (actuel Palais d’État d’Ambohitsorohitra) élevé en 1891-1892 par les soins de l’architecte français Jully est le mieux achevé de tous les bâtiments vus dans la capitale au XIXe siècle. Parallèlement, les missionnaires Cameron et Pool contribuent à doter la capitale d’un grand nombre de maisons confortables bâties de 1868 à 1880. C’est Cameron qui établit le plan de la maison à six pièces édifiées à Faravohitra par le missionnaire Pearse, « modèle qui, reproduit depuis lors dans des centaines sinon des milliers de demeures, constitue encore (dans la première moitié du XXe siècle) un des types les plus courants de logement ». La maison type à quatre pièces, colonnes de briques sur façade et véranda, classique à Antananarivo, en est le modèle réduit.
Ces habitations marquent un grand progrès par rapport à celles qui existaient autrefois : les tuiles remplacent le bois qui a supplanté le chaume ou les roseaux ; les parquets de bois surélevés remplacent la terre battue ; les fenêtres pourvues de vitres font leur apparition. « La capitale de roseau et de bois périssables était devenue de pierre et de briques durables » (Sibree).
Tous ces nouveaux modèles de maison et d’édifices cultuels
se répandent rapidement, d’abord dans tous les villages de l’Imerina, puis dans toute l’île, parce que les évangélistes qui partent pour fonder de nouvelles missions emmènent avec eux des ouvriers et des maçons d’Antananarivo.
Pela Ravalitera
Vendredi 22 mars 2013
Notes du passé
L’Express