2013-04-09 Antananarivo, une capitale cosmopolite
Antananarivo, une capitale cosmopolite
Les Créoles des Mascareignes, qu’ils soient de pure race blanche ou de sang mêlé, ont joué un rôle dans la colonisation de Madagascar. C’est du moins ce que laisse entendre l’ouvrage de Charles Robequain, « Tananarive, une capitale montagnarde en pays tropical », publié en 1949. Créoles nés à La Réunion, ou à Maurice, ou à Madagascar même, de parents réunionnais ou mauriciens.
Au début des années 50, le peuple d’Antananarivo est très complexe, « complexité qui témoigne de son rôle éminent et de la variété de ses fonctions en tant que capitale ». La très forte majorité est malgache, pour la plupart des Merina. Il y a cependant un fait très significatif : le pourcentage élevé des étrangers (12% au total).
La catégorie de ces Vazaha est elle-même très complexe et il est difficile d’en analyser exactement la composition. Néanmoins, leur classement officiel, celui des statistiques, se fonde sur le statut juridique bien plus que l’appartenance ethnique. Et les statistiques distinguent parmi eux trois groupes : les Français, les étrangers de race blanche et les Asiatiques étrangers.
Les Français sont de beaucoup les Vazaha les plus nombreux, près de 20 000 en tout, soit 10% de la population de la capitale et près de 50% de la communauté française de la Grande île. Toutefois, les personnes nées en France ne constituent qu’une minorité, à peine un tiers, de métropolitains originaires de divers départements.
Ceux nés dans un Territoire d’Outre-mer de l’Union française forment les autres deux tiers, enfants de Français nés à Madagascar, mais le plus souvent des Créoles.
Ce groupe de Français comporte aussi quelques milliers d’autochtones et d’étrangers blancs ou asiatiques naturalisés français. On y trouve enfin un certain nombre de métis reconnus, presque tous de mère malgache et de père français.
Les étrangers de race blanche sont beaucoup moins nombreux que les Français de France. En nombre décroissant, ce sont les Anglais, puis les Grecs, ensuite les Norvégiens, enfin les Belges, les Suisses, les Américains et les Italiens.
Quant aux Asiatiques étrangers, ils comprennent des Indiens, dont la plupart viennent du nord-ouest de leur pays et sont ismaéliens proches de l’Aga Khan; et des Chinois qui, déjà à cette époque presque aussi nombreux que les Indiens, tendent par leur immigration à s’accroître davantage.
Ces Chinois sont presque tous originaires des environs de Canton et de familles paysannes. Ils sont introduits à la fin du XIXe siècle comme coolies sur les chantiers des travaux publics.
Plus tard, devenus en grande majorité commerçants, ils font venir des femmes et des parents pour les seconder, tout en restant en relation avec Canton et avec les colonies chinoises des îles voisines de Madagascar. Chinois et Indiens sont organisés en congrégations dont les chefs sont en rapport avec les autorités administratives.
La population locale apparaît naturellement comme une masse moins hétérogène que les Vazaha. « Elle aussi s’est accrue davantage par l’immigration que par l’excédent de naissances, encore que cet excédent indique maintenant une augmentation de 5 000 âmes par an ».
Après les Merina, les Betsileo sont les plus nombreux des autochtones dans la capitale
(2 000 environ). La plupart des autres groupes ethniques de l’île y sont aussi représentés mais par de « faibles contingents » : Sakalava, quelques Antandroy, Betsimisaraka et Sihanaka.
Quant aux Comoriens, musulmans et pour la plupart soldats, ils se fondent difficilement dans la masse.
« À la vérité, si l’on rencontre à Tananarive tous les types ethniques, noirs, blanc et jaunes, c’est le groupe merina des Plateaux dans lequel dominent tous les types clairs à cheveux lisses, qui l’emporte ». Néanmoins, ces habitants ne font pas de discriminations raciales dans leurs relations.
« D’ailleurs, les plus beaux spécimens d’humanité à Tananarive sont bien souvent représentés par des métis, hommes ou femmes dont seul un œil averti serait capable, parfois, de distinguer les souches raciales ».
Pela Ravalitera
Mardi 09 avril 2013
L’Express