2013-08-29 Un revirement dans la politique coloniale de Flacourt

Publié le par Alain GYRE

Un revirement dans la politique coloniale de Flacourt

 

Au début des années 1650, Etienne de Flacourt, « Commandant général et gouverneur » de la Colonie de Fort-Dauphin, ne pense qu’à soumettre par la force ses voisins autochtones. Soumissions qui ne se font pas de gaieté de cœur et qui laissent Flacourt non sans inquiétude.

Face au dénuement de la colonie abandonnée par les administrateurs de la Compagnie d’Orient, il décide en 1653 de rentrer en France pour leur exposer la situation. Le

23 décembre, il s’embarque sur une barque de 40 tonneaux, construite vaille que vaille au Fort. Mais au bout de vingt jours, il revient à son point de départ, son embarcation étant incapable de résister au mauvais temps

« À partir de ce moment, apparaît un changement net dans la politique de Flacourt », commente Raymond Decary qui ajoute : « Le dénuement de la Colonie qui s’affaiblit de plus en plus, les difficultés qu’il éprouve à maintenir dans le devoir des hommes qui souffrent de toutes sortes de privations, lui font comprendre que les conceptions de force auxquelles il s’est conformé depuis son arrivée en 1648 et n’ont entraîné que des soumissions dues à la seule contrainte, doivent être abandonnées, et que la bienveillance sera apte à lui donner des résultats positifs et à lui permettre de tenir par ses seuls moyens. »

Désormais, il se montre plus accommodant, opère des restitutions de bétail saisi, offre des présents à des chefs dont il recherche sincèrement l’amitié. « Andrian-Mananghe du Masikoro et Andrian-Menasotrone de l’Onilahy se rallient à lui. »

Le 12 août 1654 enfin, deux navires français, sur l’un desquels se trouve Pronis, sont signalés à Sainte-Luce. Mais ils n’apportent aucun secours et les lettres qu’ils apportent, ne donnent aucune indication sur la situation de la Compagnie, dont le privilège doit être expiré depuis deux ans. En fait, le duc de la Melleraye aurait repris à son compte, seul, l’entreprise.

Devant cette indifférence, les plaintes des colons deviennent plus violentes et ils s’en prennent au gouverneur dont la position est inextricable.

Flacourt décide de retourner en France après avoir obtenu des commandants des deux navires des munitions et quelques marchandises pour ravitailler l’établissement qu’il est de son devoir de maintenir à tout prix. « Il en confie la direction provisoire à Pronis, dont il sait bien des défauts, mais qui possède une bonne connaissance du pays. » Colonie qu’il laisse faible mais bien approvisionnée et en bons termes avec ses voisins lorsqu’il la quitte le 12 février 1655. Il ne devra plus jamais la revoir.

Il s’embarque de nouveau pour Madagascar le 20 mai 1660, mais le navire est attaqué à hauteur de Lisbonne par des corsaires turcs et coulé avec ses passagers… Sa mort est « une perte irréparable pour Fort-Dauphin », car Flacourt a appris à connaître le Malgache.

« Il retournait dans la Grande île avec des principes qui s’étaient élaborés progressivement durant son premier séjour. Il avait compris que la force seule ne crée rien de durable si elle n’est accompagnée de sentiments d’estime réciproque et le nouveau mode d’administration qu’il se proposait de mettre en œuvre était de nature à concilier tous les intérêts en cause. »

Effectivement, dans la seconde édition de son livre- après sa mort- il montre la facilité de la vie pour l’Européen, l’intérêt politique que présentent les unions avec les filles du pays.

Notamment, « les habitants voyant de bonnes habitations fondées et de la façon que l’on vit dans l’Europe, dans la politique et dans l’ordre qu’il y a dans les villes, en la diversité des artisans et en l’utilité du commerce et du trafic, prendraient aussitôt goût à ce genre de vivre et tâcheraient à imiter les chrétiens et même, par une certaine émulation, à la surpasser en cela. »

 

Pela Ravalitera

 

Jeudi 29 août 2013

Publié dans Notes du passé

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