2013-10-26 Notes du passé: Couvrir l’île en ciment de qualité grâce à Amboanio
Couvrir l’île en ciment de qualité grâce à Amboanio
Un des objectifs de la jeune République malgache est d’élever le niveau de vie de sa population, et l’une de ses préoccupations est de faire face à ses problèmes économiques. Son ministre des Finances et des affaires économiques, Paul Longuet, écrit en 1959 : « Bien que Madagascar qui s’est librement associée à la France au sein de la Communauté, soit assurée de recevoir de cette dernière une assistance fraternelle pour résoudre ses difficultés, elle n’entend pas vivre en parasite et a le ferme dessein de faire tout son possible pour trouver en elle-même le maximum de ressources propres à développer son économie. »
C’est dans cette optique qu’est prise en compte la production de ciment. Les importations de ce matériau représentent en 1958 environ 25% du tonnage global des importations, qui grèvent le déficit de la balance commerciale de quelque 10%, alors que l’exploitation locale de calcaire, matière première du ciment, pourrait les supprimer totalement.
L. Janssens van der Maelen, administrateur-secrétaire général de la Compagnie des ciments malgache, explique : « Madagascar dispose à Amboanio, dans le district de Mahajanga, d’un banc de calcaire dont la composition chimique permet d’atteindre une qualité de ciment en tous points comparables à celle des meilleurs ciments d’importation. L’importance de ce gisement suffit à couvrir tous les besoins en ciment de l’île pour une durée indéterminée, aboutissant ainsi à une autonomie complète en ce domaine, avantage d’autant plus précieux en cas de coupure avec l’extérieur. »
La cimenterie d’Amboanio est construite en 1932, face au banc de calcaire. Toutefois, la concurrence des ciments d’importation notamment paralyse son essor et elle est mise à l’arrêt en 1950.
Mais conscient de l’intérêt majeur qu’elle représente pour l’économie de la Grande île, le Territoire en fait aussitôt l’acquisition et se soucie d’y intéresser un nouveau groupe cimentier.
Ses démarches aboutissent, en 1956, à l’intervention de la Compagnie des ciments belges, société anonyme née de la fusion de quatre entreprises cimentières très anciennes. La Compagnie des ciments malgaches est constituée le 3 juin 1956, au capital de 250 millions CFA, souscrit en majorité par le groupe de la Compagnie des ciments belges. Le Territoire lui cède la cimenterie d’Amboanio et, en rémunération de ses apports, devient actionnaire de la nouvelle société.
Mises à part l’autonomie et l’amélioration de la balance commerciale, d’une part, l’industrie cimentière locale engendre, directement et indirectement, une augmentation du revenu national par l’élargissement de l’assiette des impôts et taxes.
D’autre part, elle rejoint le besoin impérieux d’industrialisation dont souffre Madagascar également sur le plan social, « face au nouvel essor démographique qui doit doubler sa population en moins de vingt ans ».
Certes, l’agriculture constitue par vocation et par tradition la plus grande ressource du pays, mais « elle ne saurait offrir un débouché suffisant aux moins de 15 ans, qui constituent actuellement les 2/5 de la population malgache » (inspecteur du travail Roy).
Malgré des surfaces cultivées doublées, la faible productivité agricole nécessitera un effort de modernisation des méthodes et, pour des superficies accrues, il faudra moins de main-d’œuvre.
Et si l’agriculture et l’industrie devraient compter chacune un tiers de la population active, la réalité fait que 75% de celle-ci se trouve dans l’agriculture contre 4% seulement dans l’industrie.
Janssens van der Maelen renforce ainsi que l’industrie cimentière de Madagascar contribue au redressement qui s’impose. En formant une main-d’œuvre spécialisée, elle participe également au souci de qualification humaine par l’élévation du niveau de vie. Et « allant à l’encontre du chômage des intellectuels », elle recrutera aussi des jeunes gens sortis de l’enseignement technique, secondaire ou supérieur, de diverses spécialités, mécanique, électricité, chimie, etc.
Pela Ravalitera
Samedi 26 octobre 2013
L’Express