2014-02-28 Un conseil de l’Éducation mis sur pied
Un conseil de l’Éducation mis sur pied
28.02.2014
Notes du passé
Après le Congrès national des manifestants du « Mai chaud », se tient une période transitoire courte et mouvementée, allant de la rentrée scolaire du 23 octobre au 22 décembre 1972, qui sert à « dérouiller les cerveaux » après plusieurs mois d’inactivité intellectuelle. Il faut aussi tenir compte de la période de manifestations estudiantines àToamasina dues à des malentendus sur la malgachisation de l’Enseignement, et suivies d’affrontements tribaux.
Après tout cela, « Madagascar doit aborder et organiser sa première année de rénovation culturelle » (Georges Ramamonjisoa, Bulletin de Madagascar, mars-avril 1973). Un arrêté du ministre de l’Éducation nationale et des affaires culturelles, le Dr Justin Manambelona, fixe au 1er février l’ouverture de la première année scolaire. « Celle-ci devant aboutir à l’instauration définitive d’une École nouvelle, démocratique et malgachisée. »
Pour inaugurer cette première année qui constitue « une étape importante de la véritable révolution voulue par le peuple, par le général Gabriel Ramanantsoa et par son gouvernement », le ministre Manambelona et ses proches collaborateurs donnent des interviews radiotélévisées pour apporter les précisions nécessaires concernant la nouvelle voie à suivre.
Dans son discours-programme du 27 juillet 1972 et dans sa déclaration du 13 décembre de la même année, le chef du gouvernement annonce la création prochaine d’un Conseil national de l’éducation et de la jeunesse. Il « comprendra en son sein des représentants de toutes les parties prenantes et se penchera sur toutes les structures de tous les programmes et de la physionomie définitive de l’École nouvelle ».
Le Conseil voit le jour, le 24 janvier 1973, chargé de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’éducation et de jeunesse. C’est un véritable « Parlement de l’enseignement qui sera consulté sur toutes les questions d’intérêt national relevant du département ministériel et donnera son avis sur tout projet soumis à son examen. Il peut formuler des recommandations et des suggestions à l’attention du ministre, à propos de toutes questions touchant au domaine de l’éducation et de la jeunesse ».
L’institution est composée de 85 membres titulaires : 24 représenteront les élèves de l’Enseignement secondaire, 18 les parents d’élèves, 18 autres les enseignants des cycles primaire et secondaire, 10 seront choisis en raison de leur compétence particulière, 6 représenteront les étudiants de l’Enseignement supérieur, 4 les enseignants de l’Université, 3 les organisations ouvrières et 2 les chefs d’entreprises.
Georges Ramamonjisoa apporte différentes précisions. Ainsi, les représentants des parents d’élèves seront choisis à raison d’un par préfecture sur une liste de trois noms établie par le préfet.
Ceux des élèves de l’enseignement secondaire se répartiront en deux groupes : ceux qui viennent des établissements secondaires, publics et privés, des six chefs-lieux de province, et ceux des écoles de chaque autre préfecture. La nomination des représentants des enseignants des cycles primaire et secondaire tiendra compte de l’équilibre entre enseignants du cycle primaire et du cycle secondaire, entre ceux d’Antananarivo et des provinces, et de la représentativité géographique des candidats proposés.
Le Conseil sera une véritable institution consultative du ministère et représentative de toute l’île. « Tous ceux qui sont concernés par le problème de l’enseignement à travers Madagascar seront représentés. Toutes les ethnies, tous les enseignants, les parents d’élèves, tous ceux qui ont déjà pris la peine de se pencher sur la rénovation de notre enseignement et, en particulier, les travailleurs et les employeurs afin d’assurer la liaison entre formation et emploi, seront invités. »
À l’instar du général Ramanantsoa qui dit que « l’entreprise était immense et l’itinéraire parsemé d’embûches », le ministre Manambelona et ses collaborateurs mettent l’accent sur la nécessité de « se hâter doucement afin d’agir lentement mais sûrement » en matière de réforme de l’enseignement.
« Le paradoxe de la situation transitoire est qu’elle nous oblige à aller vite, tout en restant prudents dans la recherche de solutions aux problèmes nombreux et difficiles que sont la malgachisation et la démocratisation de notre enseignement ; situation délicate par laquelle il faut passer lorsqu’on veut se défaire de soixante-dix ans de colonisation. »
Pela Ravalitera
Notes du Passé
L’Express