La première organisation des corps de troupes sous Radama

Publié le par Alain GYRE

La première organisation des corps de troupes sous Radama

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Revue militaire au temps de Radama 1er

 

06.06.2014

Notes du passé

 

L’anniversaire de l’Armée malgache coïncide avec celui du recouvrement de l’Indépen­dance, le 26 juin. Quelle institution inamovible effectivement, peut-elle le mieux symboliser la souveraineté nationale   L’Armée, Tafika, est passée par une histoire coïncidant avec la royauté merina.

Le terme « Miaramila »- qui ont des besoins communs, traduit Régis Rajemisa-Raolison- sert à désigner les soldats ou hommes de troupes. Sous Andrianampoinimerina, l’idée de faire des soldats un corps organisé est à peine ébauchée et c’est tout juste s’ils ont un nom, les « Lahindefona » ou hommes à sagaie. Une fois la guerre finie, ils rentrent chez eux.

C’est à ce propos qu’un jour, raconte-t-on, après une brillante victoire, Andrianam­poinimerina demande à ses « Lahindefona » :

« Qu’y a-t-il pour vous de plus doux (mamy)   » Et ceux-ci de répondre : « De faire votre volonté, Seigneur ! »- « Ne me cachez pas la vérité », réplique alors le monarque, devinant sans doute qu’ils ont répondu ainsi pour lui faire plaisir. « Ce qui vous est le plus cher maintenant, c’est de rentrer auprès de vos femmes et de vos enfants, car il est doux de rentrer chez soi. » Comme dit le proverbe : « Mamy ny mody. »

C’est sous son fils et successeur, Radama 1er, que les corps de troupes commencent à connaître une véritable organisation. Et c’est à partir de cette époque qu’ils prennent  le nom de « Soridany », puis celui de « Miaramila ». Le jeune roi commence par recruter, hormis les simples soldats enrôlés comme du temps de son père, cent hommes pris parmi la classe riche. Il les fait instruire sérieusement et pour eux, il crée les grades.

Dix honneurs (hrs) pour un général chef des troupes qui a, sous ses ordres, des officiers supérieurs ayant pour grades les neuf, huit et sept honneurs ; les six honneurs sont chefs d’une centurie et ont chacun sous ses ordres un 5hrs et cinq 3hrs qui, à leur tour, commandent chacun 20 hommes. Ces sept officiers sont appelés « Fito Lahy Zato » (sept hommes commandant cent).

Les 1000 premiers soldats instruits font leurs premières armes à Maharivo où, malgré un assez grand nombre de morts dus à la faim, ils méritent bien de leur roi. Une fois rentré, Radama, encouragé par l’essai, instruit 13 000 nouvelles recrues qu’il prend dans les six territoires de l’Imerina, sauf le Vakinankaratra. Leur instruction se déroule à Isahafa, sous la houlette des Anglais Brady et Carven, et le Français Robin.

En même temps, le souverain fait traduire en malgache les formules de commandement militaire et établit un parallèle entre les grades militaires européens et ceux des soldats merina.

Ainsi, celui de 2e classe équivaut à un honneur ; celui de caporal à 2hrs ; celui de sergent dit « sahazana » à 3hrs ; celui d’adjudant à 4hrs et il est chargé de l’alignement du port du drapeau ; celui de lieutenant à 5hrs ; celui de capitaine à 6hrs ; celui de commandant à 7hrs ; celui de lieutenant-colonel à 8hrs ; celui de colonel à 9hrs ; celui de général de brigade à 10hrs ; celui de général de division à 11hrs ; et celui de maréchal à 12hrs.

Radama, souligne l’historien, aime ses soldats, mais surtout, il compte sur eux.

C’est pourquoi, il les appelle « tandroky ny Fanjakana» (les cornes du royaume) et « tandroka aron’ny vozona » (cornes protectrices du cou). Cette confiance qu’il place en eux,

il veut qu’ils fassent le serment d’en être dignes. Aussi à Isahafa même, durant une cérémonie solennelle, les soldats promettent-ils tous de ne pas reculer et que « celui qui tournerait le dos à l’ennemi, qu’il périsse par le feu » !

On constate par la suite que ce serment ne reste pas lettre morte ni vaine parole. Durant l’expédition chez les Sihanaka, quelques hommes, dont le général Andriankotonavalona lui-même, ayant simulé un recul- qui n’est pas jugé stratégique- devant un ennemi ayant l’avantage du nombre, sont « brûlés vifs ».

Enfin, Radama ne cesse de perfectionner de jour en jour son armée jusqu’aux plus minimes détails extérieurs. C’est ainsi qu’il décide en 1823 de faire couper les cheveux de ses soldats. Ce qui ne va pas sans problème.

L’Express

Publié dans Notes du passé, Histoire

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