La chasse aux petits gibiers au bord de l’eau
La chasse aux petits gibiers au bord de l’eau
Même le lac Anosy desservi par un petit port, dit-on, attirait le petit gibier
14.06.2014
Notes du passé
Puisque nous sommes à la rubrique culinaire, parlons gibier, plus exactement de la chasse telle qu’elle est présentée dans la Revue de Madagascar, Spécial Tananarive, juillet 1952, le gros gibier n’existant pas dans la Grande île. Dans l’ordre des gallinacés, on rencontre des hémipodes qui ont l’aspect des cailles, mais sont de plus petite taille. Leurs mœurs et leurs habitudes les rapprochent plus des râles. Les Malgaches les appellent « kibo » et les Européens « petites cailles ». Ils ont les ailes courtes et arrondies et trois doigts aux pattes.
Les perdrix sont très voisines de celles d’Europe. Leur bec est plus fort et court, leur vol rapide. Autrefois abondantes dans les environs d’Antananarivo, elles fréquentent les collines herbeuses- tanety- et « leur chasse au chien d’arrêt est attrayante et fructueuse ». Elle n’est pas « difficile à tuer », malgré son vol de départ rapide. Ces oiseaux vont par couple ou par compagnies de cinq ou six, rarement plus au début d’avril. « La chair est comparable à celle de la perdrix de France. » Oiseau granivore, vivant près des cultures et des rizières, elle porte le nom malgache de « trotro ».
Une vraie caille appelée par les Malgaches « papelika » est assez répandue, mais plus rare que l’hémipode. Ce gibier qui se chasse comme la caille de France, se raréfie.
La pintade mitrée (akanga) vit par troupes de cinq à vingt individus en moyenne. Le chasseur européen la poursuit au fusil et au chien d’arrêt comme la perdrix.
Parmi l’ordre des Colombins, on signale la tourterelle peinte appelée « pigeon » par les Européens et « domoina » par les Malgaches. Elle est commune partout dans l’île, mais reste farouche.
Dans l’ordre des Echassiers, les oiseaux de chasse sont très nombreux, mais la plupart ne constituent que des gibiers de hasard, « sans grande valeur alimentaire », à l’exception toutefois des scolopacidés qui comprennent les courlis, les chevaliers, les bécasseaux et surtout les bécassines.
Les chevaliers fréquentent en troupes nombreuses les plages arénacées des bords de rivières et de lacs. Leur livrée est généralement grise.
Les Malgaches les nomment de plusieurs appellations : « toy-toy », « kiboranto », « kidondrano ». Les bécasseaux, voisins des chevaliers, ont un bec plus long. Les bécassines sont communes dans les marais des Plateaux, malgré un intense braconnage. Cet excellent gibier a les habitudes des bécasses d’Europe, quoique de petite taille. On peut, en certains endroits, faire de très beaux tableaux sur l’Itasy, à Anjozorobe, etc. « On chasse soit au rabat, soit au chien d’arrêt. »
Appartenant à une famille voisine, les Rostratulidés, se trouve une autre bécassine de plus faible volume, la rynchée du Cap appelée localement « bécassine royale » ou « sourde ». Ce dernier nom est erroné car « la véritable bécassine sourde n’existe pas ici ». La royale de Madagascar est un bel oiseau localisé, sans être rare, dans certains marais.
Dans le sous-ordre des Pressirostres, échassiers à bec fort et court, il faut citer les pluviers, « viky-viky » pour les Malgaches qui se réfèrent à l’onomatopée du cri.
Plus encore que l’ordre précédent, celui des Palmipèdes donne à la faune cynégétique locale un cachet particulier. « Les canards de Madagascar, si abondamment répartis en nombreux types, constituent le fond de la sauvagine de chasse. » Gibier de prédilection des chasseurs, leur valeur culinaire varie avec les espèces, mais reste en général très supérieure à celle des autres oiseaux. « Leur chasse est attrayante, pratiquée en pirogue sur les lacs, soit au marais, au chien ou au rabat, soit encore, ce qui est un splendide exercice de tir, à la passée du soir. »
Les canards de Madagascar se rapportent à dix espèces différentes : « angaka » ou canard de Meller ou col vert ; «andrano », sarcelle ou canard de Bernier ; « sadakely », canard à bec rouge ; « sadalaka », sarcelle hottentote ou à bec bleu ; « arosy », canard à bosse ; « angongo » ou « tatatsiriry», canard à casquette ; « sisoily » ou « hongo », oie pygmée, sarcelle naine ; « maheriloha», canard à dos blanc ; « adaladala » ou « tsiriry », canard maragnon ; « onzy » et « tahira », sarcelle et grosse sarcelle.
Pela Ravalitera
L’Express