Antananarivo – Guerre de l’eau dans la capitale
Antananarivo – Guerre de l’eau dans la capitale
Une femme en train de puiser de l’eau boueuse pour subvenir à ses besoins à Ambohibao.
02.10.2014
L’eau potable, comme chaque année, fait défaut dans plusieurs communes autour de la capitale. Aucune solution n’a été avancée par les responsables pour résoudre ce problème.
De l’eau à tout prix! Une cinquantaine de bidons d’eau s’entassent autour d’une borne fontaine, depuis 6h du matin dans le chef lieu de commune d’Anjomakely, district d’Atsimondrano, hier. À quelques kilomètres de cette borne fontaine, à Ambohibao-Amboanjobe, commune de Bongatsara, cinq bidons attendent désespérément le retour de l’eau potable. L’arrivée d’une personne devant cette borne fontaine à Ambohibao suscite ainsi la curiosité des habitants. « L’eau est-elle revenue », lance une vendeuse de légumes à Ambohibao-Amboanjobe.
Cette demande est justifiée selon Josephine Rajoeliarisoa, gestionnaire de la borne fontaine. « L’eau du robinet a été coupée depuis dimanche vers 18h30. Elle n’est pas encore revenue jusqu’à aujourd’hui. La quête d’eau devient ainsi un véritable casse-tête pour bon nombre de familles dans ce fokontany », explique-t-elle. Tous les moyens deviennent alors bons pour trouver de l’eau à boire, pour cuire de la nourriture ou pour se laver. « Certains ménages récupèrent de l’eau depuis les bornes fontaines d’Iavoloha et même jusqu’à Andoharanofotsy. Il faut payer Ar 300 pour deux bidons dans le taxi-be aux heures de pointe. C’est une grande première pour beaucoup de familles dans ce fokontany », a ajouté Josephine Rajoeliarisoa.
Sans solution
Les ménages qui n’ont pas le moyen de payer pour récupérer de l’eau potable à Iavoloha, deviennent par contre des mendiants. « Quelques ménages ont des puits dans ce fokontany. Nous les supplions parfois de nous donner de l’eau. Certains d’entre eux ne veulent pourtant pas nous en donner à cause de la sécheresse qui perdure », se plaint Sezoria Razafihanitra, mère de famille à Ambohibao-Amboanjobe. La seule source d’eau du fokontany est ainsi prise d’assaut par une cinquantaine de familles dans ce fokontany depuis trois jours. « Si vous n’arrivez pas avant 7h du matin devant la source d’eau, vous n’aurez plus que de l’eau boueuse contaminée par de la poudre de savon. Cette source constitue aussi un bassin de lavoir », a ajouté Julien Randria.
« Cette pénurie d’eau est la conséquence de la coupure fréquente de l’électricité à Antananarivo. Les châteaux d’eau notamment ceux qui doivent approvi- sionner les communes se trouvant à la périphérie de la capitale ne sont pas remplis à temps. L’électricité pour faire fonctionner les sur- presseurs d’eau fait défaut », a expliqué Feno Randrianarisoa, responsable de la communication au sein de la Jirama. Mais il n’y a pas que les clients de la Jirama qui souffrent de cette pénurie d’eau. « Le niveau d’eau n’arrive plus à satisfaire les besoins des habitants. La pluie se fait attendre », a ajouté Léontine Fanevanjanahary, mère de famille à Anjomakely.
Cette perturbation d’approvisionnement en eau, du moins celui effectué par la Jirama, risque pourtant de perdurer. « Le niveau de l’eau va commencer à s’abaisser à la veille de la saison pluvieuse. L’eau nécessaire pour faire tourner les centraux hydroélectriques fera ainsi défaut. Le cycle de perturbation pourrait encore continuer », a prévenu Feno Randrianarisoa.
Vonjy Radasimalala
L’Express