Antananarivo : La ville à l'histoire hyper-séculaire

Publié le par Alain GYRE

Antananarivo : La ville à l'histoire hyper-séculaire

Antananarivo, une histoire qui tiendrait surement sur mille pages de mille livres. Mais il nous suffit de considérer sa genèse, de survoler la royauté et caresser l'occidentalisation pour affirmer que la capitale de Madagascar est une perle rare. Truffée d'histoires et d'une imaginaire digne des grandes cités du monde. Une exposition sur la Ville des Mille se tient actuellement à l'IFM à Analakely, avec la signature de plusieurs chercheurs de renom. La vivacité de Jean Pierre Dominichini, l'élégance intellectuelle de Josélyne Ramamonjisoa et la tempérament de Sahondra Sylvie Andriamihamina ont été le moteur d'une visite guidée.

Les rois unificateurs
Merinisation adoptive

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La répartition du territoire acquis par les rois Merina a eu pour ossature celle d'Andrianjaka. Celui-ci a, par exemple, octroyé des terrains aux grands rois Vazimba. Les Andriambodilova ont été placés à Anosisoa Ambohimanarina, les Andriantsimandafika à Ambohitriniarivo, et enfin les Zanamahazomby à Ambohitsirohitra. Des découvertes de sépultures ont été enregistrées sur ce site lors de la l'édification du palais par Anthony Jully, au début des années 1890. Durant son règne, Andrianampoinimerina (1787-1810) n'a fait que confirmer cette répartition.


Par ailleurs, le roi réunificateur a récompensé les Voromahery. Les fidèles, qui l’ont soutenu durant la pacification. Les Voromahery ont dès lors eu pour rôle de garder la porte sud de l'Imerina. Allant de Fiadanana, Ambatoroka et Ankadimbahoaka. Une répartition parallèle s'est faite avec les Tsimahafotsy et les Tsimiamboholahy. Plus proche du palais royal comme à Ambatomitsangana, Andoharano et Ambodin'Antsahatsiroa. Andrianampoinimerina a octroyé Ambatovinaky, Faravohitra et Mananjara atsimon'Ambohijanahary aux Mandiavato. Andohan'i Mandroseza à Andriamasinavalona. Isoraka à Andrianasolo, Amparibe aux Tandapa et enfin Ambaniarivo et Ambanidia aux Mainty.


Du temps d'Ankova
Les préliminaires d'une naissance


Noms de cité, nom de ville, nom de lieu, les appellations ont souvent servi de cadre à l'histoire. Quand cette dernière est empruntée pour représenter la Ville des Mille, cela devient un enchantement de découverte et de voyage dans le temps. Longtemps, avant l'époque de la dynastie merina, « Anjalamanga » était le nom donné par les Vazimba qui occupaient Ambohimitsingina, actuellement Ambohimitsimbina. Puis vint Andrianjaka (1610 à 1630) ayant droit sur les Vazimbas. Du temps de ce monarque, le choix s'est tourné vers « Antaninarivo ». Il faut bien observer le « i » qui compose le mot. Nuance à remarquer. La notion de « multitude » était déjà présente. « Antananarivondahy », c'est de cette manière que la cité royale s'est prénommée pendant le règne d'Andriamasinavalona (1675-1710). Un nom qui semble vénérer la puissance. Ce n'est plus les mille mais les « mille hommes ». Durant le XIXème siècle, Radama convertit la cité en « Antananarivo ». Deuxième remarque, le « i » instauré du temps d'Andrianjaka a été remplacé par le « a ». Ce dernier nom est resté. Quatre noms donc et quatre époques.

Les cités interdites
L'eau et son lit


Dans la catégorie de l'occidentalisation urbaine la plus récente, les remblais du Betsimitatatra avec l'édification des cités comme les 67 ha et Ampefiloha. Le dicton disait que « l'eau descend ». La question était donc, où vont aller les eaux des hauteurs lors de la saison pluvieuse La solution était d'occuper les collines environnantes, l'idée d'étendre la ville sans toucher au Betsimitatatra était la plus concevable. Actuellement, le Betsimitatatra est intouchable. Une certaine gabegie initiée il y a une trentaine d'années a rendu la ville sous pression. Par exemple, les constructions dans les quartiers populaires sont pauvres en canaux d'évacuation des eaux usées et eaux de pluie. En été, ces cités vivent constamment dans l'humidité constante.

Ville merina
L'appel de l'Occident

La sagesse Merina voulait que l'habitat se situe sur les versants et les cultures dans les bas fonds. L'avènement de la conception urbaine occidentale allait tout chambouler étant donné que les rizières servaient de bassins de réception. La restitution des terres sous Andrianampoinimerina a été aussi en conséquence fondue lors de la colonisation. Les plans urbanistiques se sont succédé au gré de la puissance occupante, plan élaboré par Cassaigne, par Scet et Pelletier. L'avenue de l'indépendance naissait, les arcades, les tunnels Garbit et Cayla.

Le XIXème siècle
Bois, brique et dur

Le XIXème siècle, c'est du moins l'époque charnière d'Antananarivo, celle du règne de Radama. Comme un symbole, la tradition veut que chaque souverain, qu'il soit Merina ou Vazimba, soit relié à un lac sacré. Andriamasinavalona avait le sien à Antsahatsiroa. Bousculade démographique aidant, le lieu a été de plus en plus souillé. Un fait social sans appel, il a fini par être baptisé Andranomatsatso. Il a construit un autre emplacement à Ambodin'Andohalo que durant la période coloniale l'église catholique a comblé. C'est Radama qui a fait sien le lac Anosy actuel. Le souverain a voulu suivre la tradition en créant cette étendue aquatique, mais le site a aussi servi de poudrière. Du règne de Radama, les maisons de style « maison de missionnaire », les briques cuites et les signes architecturaux du passage de James Cameron sont à retenir. Signe de l'ouverture, signe d'une évolution urbanistique tournée vers l'Occident.

La Rédaction

Samedi 16 mars 2013

L’Express

Publié dans Revue de presse

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