Comment Mahaka se procura des boeufs pour les funérailles de sa mère.

Comment Mahaka se procura des bœufs pour les funérailles de sa mère.
Mahaka était très embarrassé après la mort de sa mère, car il ne possédait pas de bœufs et ne pouvait, par conséquent, pas en faire tuer, ainsi que la coutume le veut.
Une idée, lui vint : il appuya sa mère contre la porte, assise sur son séant, et lui mit entre les mains du coton et un rouet, pour faire croire qu’elle était vivante et filait.
Il rejoignit ensuite Kotofetsy, et tous deux se mirent à attendre des voyageurs.
Arrivèrent des hommes conduisant des bœufs qu’ils allaient vendre. C’était le moment de déjeuner, et les hommes étaient à la recherche d’une case pour y faire cuire leur riz. Mahaka leur offrit sa maison et leur montrant la porte :
« Poussez-la pour entrer, elle n’est pas fermée. »
Les bouviers acceptèrent l’offre de Mahaka, ignorant le piège qu’on leur tendait.
En arrivant à la porte, ils la poussèrent pour entrer et firent tomber le cadavre de la vieille qui était derrière.
Mahaka prit tout le village à témoin que ces étrangers venaient de tuer sa mère. « Cette femme, disait-il, était vivante et en bonne santé quand Kotofetsy et moi nous avons quitté la case. Du reste, la preuve en est dans ce coton qu’elle filait, comme elle avait l’habitude de le faire chaque jour. Puisqu’elle a été tuée, que ces étrangers meurent aussi ; vie pour vie.
Les bouviers, tremblants de peur, insinuèrent que la vieille était peut être déjà morte quand ils essayèrent d’entrer dans la case : « Vous mentez, reprit Mahaka. Ma mère allait probablement sortir quand vous entriez. Mais comme vous avez poussé violemment la porte, elle est tombée à la renverse et vous l’avez assassinée. La meilleure preuve qu’elle était vivante avant votre arrivée, c’est qu’elle a encore entre les mains le rouet et le coton qu’elle filait. Puisque vous avez tué, vous devez mourir.
On peut cependant vous laisser vivre, à condition que vous m’abandonnerez vos bœufs, qui serviront à accomplir les cérémonies des funérailles.
Les notables du village applaudirent à ces paroles et demandèrent aux bouviers de se prononcer entre la perte de la vie et l’abandon de leurs bœufs qui deviendraient la propriété de Mahaka. Les bouviers acceptèrent la dernière condition ; car la vie est douce et on y regarde à deux fois avant de la quitter.
Mahaka fit tuer les bœufs pour le repas des funérailles de sa mère.
Les gens du village qui avaient été témoin de la façon dont il se les était procurés, disaient : « Vraiment, la vieille qui est morte avait donné le jour à un homme habile ! »
Contes populaires malgaches
Recueillis, traduits et annotés par
Gabriel FERRAND 1893
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