Commerce équitable et solidaire: 500 millions Ar pour l'exportation

Publié le par Alain GYRE

Commerce équitable et solidaire: 500 millions Ar pour l’exportation

     

 

Jeudi, 18 Octobre 2012

La 2ème édition de la foire Tsiry aura lieu du 8 au 10 novembre prochain à la gare de Soarano. Hier au café de la gare, les organisateurs, l’Association nationale du commerce équitable et solidaire de Madagascar (ANCESM) et l’ONG internationale Reggio terzo mondo (RTM) ont expliqué que cette foire serait un espace pour appuyer le développement du Commerce équitable et solidaire (CES) et l’agriculture biologique à Madagascar. Cette promotion est d’autant plus importante car rien que pour l’association qui compte 61 membres, cette filière concerne 2 000 producteurs regroupés dans 41 groupements. La foire est aussi un outil pour la sensibilisation, l’information et l’éducation du grand public sur l’importance du CES et l’agriculture biologique pour le développement durable du pays. Elle se veut aussi une plateforme d’échanges pour les différents acteurs de la filière. Si en Afrique, en Asie et en Amérique latine, ce type de commerce compte 1,5 million de producteurs, Madagascar est encore loin d’exploiter tout son potentiel. Le président de l’ANCESM, Haingo Randrianarivony rapporte qu’en 2011, les exportations de produits artisanaux certifiés équitables et solidaires sont de 386 millions Ar, contre 80 millions Ar pour les épices, 57 millions Ar pour les produits agroalimentaires et 8 millions Ar pour les huiles essentielles.

En tout, les exportations de Madagascar dépassent à peine les 500 millions Ar par an, alors que le marché mondial du CES est de 4,9 milliards de dollars. Madagascar a donc une part de marché à saisir d’après le président de l’association. D’ailleurs, 70 pays dont l’Italie, la France, la Suisse, les USA, l’Afrique du sud, l’Australie et le Japon sont des grands consommateurs de produits issus du CES. A Madagascar, la filière commence à se structurer. D’om la mise en place de cette association et du comité interministériel d’appui au développement du CES qui marque la volonté de l’Etat de l’avant dans le développement de cette filière. Le représentant de RTM à Madagascar, Annalisa Mansutti estime qu’il faut chercher de nouveaux débouchés, communiquer plus sur le CES et multiplier les producteurs. Voilà pourquoi cette ONG continue son appui pour l’ANCESM présente dans 12 régions. C’est ce qui explique aussi la tenue de la foire dont la 1ère édition a connu un vif succès. Celle-ci a enregistré 50 exposants et 12 480 visiteurs. Pour la 2ème édition, il y aura 60 exposants issus des secteurs de l’artisanat, de l’agroalimentaire et de l’exportation. 15 000 visiteurs sont attendus à la foire. Notons que l’entrée sera gratuite.

Sinon, des conférences-débats seront organisés autour du CES et de l’agriculture biologique. Rappelons que ce genre de commerce n’est pas toujours plus payant que le commerce conventionnel. Par contre, il offre une rémunération juste et équitable à tous les acteurs de la filière. Il retrace d’une manière transparente les différents coûts et bénéfices. Et il ne faut pas oublier le respect des droits de l’homme, l’interdiction de faire travailler des enfants…

Fanjanarivo

Agriculture biologique : 5 000 producteurs certifiés

1 euro par kg de produit à certifier. C’est le coût de la certification groupée selon Ecocert, un organisme international de certification. Il revient donc moins cher que la certification individuelle. Hier lors de la présentation de la foire Tsiry à Soarano, cet organisme a expliqué que la certification pour un petit tonnage pouvait varier entre 800 000 et 1 million Ar si l’on procède à une certification groupée. En revanche, le tarif est compris dans une fourchette de 30 à 40 millions Ar pour un gros tonnage. L’approche groupée consiste à certifier sous le label agriculture biologique ou commerce équitable et solidaire les produits des membres d’un groupement, d’une association ou d’une coopérative. A Madagascar, Ecocert a déjà procédé à ce type de certification pour le compte d’une organisation regroupant 1 000 producteurs. Concrètement, la certification groupée consiste à effectuer des contrôles par sondage. Les contrôles internes exercés par les propres membres du groupement sont également indispensables. Actuellement, la demande de certification concerne notamment la vanille. Le pays compte 5 000 producteurs certifiés, alors que 6 000 suivent les techniques de base.

Madagascar a des atouts pour développer l’agriculture biologique étant donné que l’utilisation d’engrais chimiques est négligeable. Elle est de 3 à 7 kg/ha avec des fortes variations régionales. Ces données du ministère de l’Agriculture montrent aussi que 5 à 6% des terrains cultivés seulement bénéficient d’un apport en engrais minéraux. Il faut savoir que les engrais chimiques sont sources de gaz à effet de serre aussi bien dans leur processus de production que dans leur composition principalement constituée d’oxyde nitreux. Ils contribuent ainsi au changement climatique et donc aux désastres socioéconomiques et écologiques qui en découlent. D’ailleurs, leurs prix ne cessent pas d’augmenter avec la hausse du coût de l’énergie. Bref, ces engrais ne sont pas à la portée des paysans dont plus de 82% sont pauvres à Madagascar. Le revenu quotidien de ces ménages est inférieur ou égal au prix de 1 kg d’engrais chimique. Dans ce cas, la promotion de l’agriculture biologique et du commerce équitable et solidaire devrait être une priorité dans le secteur agricole. Elle devrait déboucher sur des résultats positifs à la fois multidimensionnels et multisectoriels.

Conscient de ces enjeux, l’Etat a mis en place le Comité interministériel d’appui au développement du commerce équitable et solidaire. Un projet de texte est en cours d’élaboration, d’après Joséphine Razanaseta, président de ce comité. Il a pour objet de combler le vide juridique dans ce domaine, car ce type de commerce n’est mentionné nulle part dans la législation malagasy. Le prochain texte devrait donc réglementer la filière, à savoir toutes les activités qui y sont liées, allant de la production à l’exportation. Il devrait aussi régir la sélection des acteurs désireux d’intégrer les principes du commerce équitable et solidaire, les contrôles à effectuer et le cas échéant les sanctions à appliquer. Le comité travaille avec l’ONG Reggio terzo mondo pour l’élaboration de ce texte. Les différents acteurs de la filière aussi seront sollicités pour en discuter.

Fanjanarivo

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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