ENSEIGNEMENT : Les maîtres FRAM en bouche-trous
ENSEIGNEMENT : Les maîtres FRAM en bouche-trous
Hoch-René Herimpitiavanjanahary Lovamanjaka souhaite que les enseignants FRAM soient intégrés comme fonctionnaires
Des paysans qui ont le CEPE, enseignent dans les établissements publics. Ils interpellent l'État pour avoir un statut.
La qualité de l'enseignement tend à se dégrader au plus profond. À 35 kilomètres de la capitale, dans la zone administrative et pédagogique de Betoho, dans la circonscription scolaire de Manjakandriana, les enseignants FRAM (à la charge des parents d’élèves) de l'école primaire publique (EPP) ont le certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) ou le Brevet d’études du premier cycle (BEPC).
Dans le cadre de la Journée mondiale de l'enseignant, ils ont répondu, hier à l'appel du Centre de presse à Antsakaviro, pour témoigner de leur quotidien à la fois d'enseignant et de paysan. Hoch-René Herimpitiavanjanahary Lovamanjaka en fait partie. À 32 ans, ce père de deux enfants enseigne dans le cours moyen 2e année, à l'EPP d’Anerinerina depuis cinq ans. Il travaille à l'école pendant une demi-journée et dans l'autre demi-journée, il s'occupe de ses cultures de riz, de manioc et de maïs.
« On travaille 27 heures et demie par semaine. Pour le reste du temps, on va aux champs afin de combler les besoins, d'autant que notre “salaire” mensuel de 60 000 ariary est payé par les parents en trois ou quatre tranches. Certains de nos collègues reçoivent même trois charrettes de riz par an, à la place de ce salaire », révèle-t-il.
Aucune loi
Le cahier de préparation des cours du lendemain se fait le soir. Faute d’électricité, les enseignants font leur préparation à la lueur d’une bougie ou d’une lampe à pétrole. Parfois, quand la journée est chargée, ils ne font même pas de préparation pour la journée de demain. À l'EPP d’Anerinerina, les cours préparatoires est enseignés en langue malgache. Le français est utilisé à partir du cours élémentaire. Les élèves basculent ainsi dans un autre mode d'enseignement où ils ne comprennent rien.
La formation médiocre des enseignants est un gros handicap. Selon toujours Hoch-René, les enseignants FRAM reçoivent au total une formation de neuf jours par an, pendant les journées pédagogiques. « Il n'y a aucune formation pour les nouveaux enseignants FRAM, ils sont seulement assistés par le(a) directeur(rice) d'école. Ceux qui sont anciens se contentent des journées pédagogiques, mais il n'y a pas non plus de recyclage pour les anciens », conclut-il.
Les enseignants FRAM représentent plus de 64% des enseignants, dont plus de la moitié ne sont pas subventionnés par l'État. Ils réclament de ce dernier un statut parce qu'ils ne sont régis par aucune loi.
Michella Raharisoa
Mercredi 09 octobre 2013
L’Express