Famadihana: une pratique malgache de plus en plus délaissée

Publié le par Alain GYRE

Famadihana: Une pratique malgache de plus en plus délaissée !

     

 

Mercredi, 01 Août 2012

Le « Famadihana », la première forme de l’identité malgache et l’une des pratiques culturelles les plus communes aux 18 ethnies de Madagascar, notamment à celles des Hautes Terres, tend actuellement à être délaissé.

A part la crise financière des ménages malgaches et la multiplication des groupes sectaires qui tendent à effacer notre identité culturelle et religieuse, les dépenses qui devront être prises en charge par les pratiquants sont aussi un facteur de blocage pour la constitution du « Famadihana ». D’une manière générale, se pratiquant tous les 5 à 7 ans, cette pratique consiste en effet à remballer le défunt, par les membres de sa famille encore vivants, dans de nouveaux linceuls faites de soie grège dits « lambamena » avant d’être reinhumé. L’évènement est non seulement conçu pour célébrer la mémoire de la personne défunte mais surtout pour réunir la grande famille et ainsi revivifier la fierté et l’appartenance familiale, sociale et ethnique. Ainsi, il doit être présent lors de cette cérémonie funéraire au moins 100 personnes, sans compter les représentants des villages environnants qui devront être invités à assister à la fête et généralement une troupe de « Hiragasy » véhiculant des chants « traditionnels » pour l’embellir. Alors que, passant du « lambamena » aux nourritures jusqu’aux frais de déplacement, notamment pour les pratiquants résidant loin de leur tombeau ancestral, les dépenses sont énormes.

En effet, selon une enquête menée auprès des ménages malgaches, constituer un « Famadihana » peut coûter 600.000Ar à 1.400.000Ar, de la façon la plus simple à la célébration la mieux organisée. Du coté de la nourriture, par exemple, la viande de porc est la plus privilégiée des malgaches lors des célébrations festives tel que le « Famadihana ». Notons que lors de ce grand évènement, les Malgaches n’achètent pas des tranches de viandes de porc depuis un charcutier comme pour la consommation journalière mais préfèrent assommer l’animal encore vivant. Le sang qui y est versé signifie beaucoup pour les pratiquants : du sacrifice pour la valorisation du rite. Ainsi, pour constituer un « Famadihana » de la façon la plus simple, il faut au moins disposer des moyens de se procurer d’un porc encore vivant qui peut peser au moins 50kg et aussi d’un sac de riz de 100kg, sans oublier les assaisonnements qui vont avec et bien sûr le rhum. Le kilo de viande de porc (depuis un porc vivant) s’étale actuellement à 6.000Ar si pour le riz il est à 1.400Ar.

Ainsi, nous analysons depuis ces chiffres l’énorme coût du « Famadihana ». Pas étonnant si les traits culturels des malgaches, symbolisés par de telles pratiques, les us et coutumes, et les rites traditionnels tendent à s’effacer, si la pratique du « Famadihana », aussi coûteuse qu’elle est actuellement, tend à être délaissée.

Niony H.

La Gazette

Publié dans Coutumes

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