Filière Tilapia : La production menacée
Filière Tilapia : La production menacée
Mardi, 21 Janvier 2014
Le pourcentage des pertes après capture dans la filière Tilapia à Madagascar se situe en moyenne à 2,1% au niveau des pêcheurs et atteint jusqu’à 20,7% au niveau des collecteurs, selon les experts de la FAO.
Face à cette situation, un atelier national sur l’évaluation des pertes dans la filière Tilapia après la capture, a été organisé hier au siège du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH).
Le programme « SmartFish » vise à gérer le Tilapia. Ce dernier joue un rôle dans le secteur des pêches et dans l’économie nationale. Une gestion durable sera intéressante à suivre avec des stratégies à mettre en place et à appliquer dans les régions concernées. Plus de 100.000 pêcheurs professionnels sont enregistrés selon les informations recueillies, majoritairement des pêcheurs traditionnels.
A titre d’information, la vulgarisation de la pisciculture à Madagascar s'est développée suite aux introductions, vers les années 1950, du Tilapia et de la carpe (Cyprinus carpio), corrigeant ainsi partiellement la pauvreté de la faune ichtyologique naturelle du pays dont aucune espèce ne se prête vraiment à l'élevage piscicole.
Déversées simultanément dans les plans d'eaux principaux, ces espèces exogènes constituent aujourd'hui plus de 90% de la production piscicole. Ces mêmes espèces ont fait l'objet de vulgarisation en riziculture, sous l'impulsion de la division Pêche et Pisciculture. Toutefois, un impact plus sensible de cette vulgarisation n'a été possible que tout récemment, grâce à la maîtrise des technologies de la reproduction artificielle de la carpe commune.
L'ensemble des plans d'eaux continentaux malgaches couvre 550.000 Ha dont 300.000 Ha de mangroves, 150.000 Ha de lacs et lagunes et 100.000 Ha de rivières et marais. Les mangroves ainsi qu'une grande partie des lagunes font partie du domaine des eaux saumâtres, pour la plupart propices à l'aquaculture.
Les rivières du pays, particulièrement celles des hauts plateaux et du versant Ouest, à très haute turbidité, ne constituent pas à proprement parler un milieu piscicole favorable mais, elles sont pratiquement toutes utilisées pour l'irrigation des vallées rizicoles. A ce stade, les eaux deviennent plus intéressantes pour la pisciculture. On peut dire en effet qu’à Madagascar, la caractéristique agricole principale est celle de la colonisation de toutes les vallées par la culture du riz irrigué. Les paysans ont acquis dans cette technique agricole une assez bonne maîtrise de l'eau et, sur les hauts plateaux notamment, bon nombre d'entre eux pratiquent simultanément la pisciculture en rizières. On estime que les rizières irriguées couvrent actuellement quelque 900.000 Ha sur lesquels au moins 100.000 Ha conviennent à la pisciculture. Cette dernière ne concerne jusqu'à présent qu'un millier d'Ha.
Du fait de l'occupation totale des vallées par le riz, on ne mène pas ici de politique particulière de création d'étangs piscicoles collectifs ou familiaux (individuels), on s’accommode plutôt sur l'aménagement technique et physique des rizières pour les utiliser en bassins rizi-piscicoles familiaux. Cette option piscicole demande chaque année un nombre considérable d'alevins. La densité de peuplement ou de mise en charge en rizière étant de 2.500 alevins à l'Ha, 100.000 Ha de rizières irriguées et aménagées exigent 250.000.000 de jeunes poissons par an.
Bref, le contrôle ou plutôt la gestion durable du Tilapia est important, pour la pérennisation de ces espèces et surtout pour pouvoir gérer les marchés et mener une économie stable et pérenne pour les pêcheurs.
R.V
La Gazette