Juan de nova: Oil and GasY (bad) story
Juan de nova: Oil and GasY (bad) story
Mercredi, 09 Octobre 2013
(...Suite)
Par Patrick Rakotomalala
(Lalatiana Pitchboule)
Bien évidemment, une revendication pour le rétablissement de la pleine souveraineté de Madagascar sur ces îles et son abandon de facto par la France pourraient être légitimement envisagée. Les instances internationales d’arbitrage pourraient même trancher en faveur la République Malgache. Les arguments juridiques et historiques ne manquent pas qui iraient dans ce sens… Mais à quel délai ? La France, membre du Conseil de sécurité de l’Onu a largement le pouvoir de faire traîner pendant des dizaines d’années procédures et applications des décisions… Le renvoi systématique de session en session de l’examen de cette question à l’Onu le prouve.
Sur Juan de Nova, une délimitation des Zones Economiques Exclusives respectives semble donc indispensable pour qu’on puisse envisager une mise en exploitation des potentiels de la zone. Mais, on le voit à l’exemple de la situation guyano-brésilienne, une simple négociation des ZEEs s’avère douteuse et inefficace à moyen terme ou même long terme.
De toute façon, la négociation multipartite qui mettrait, de manière nécessaire, simultanément en jeu tous les acteurs de la région sur un projet de délimitation des ZEEs respectives, à savoir la France (Mayotte, Les Iles Eparses), les Comores, Madagascar, le Mozambique et Maurice s’avèrerait longue et périlleuse à établir. Des accords bilatéraux négociés respectivement avec chacun des interlocuteurs de la zone seraient ainsi bien mieux venus. La solution est bien évidemment là, dans des accords de cogestion (préconisés par la Commission de l’Océan Indien en décembre 1999) qui, portant sur un partage de la gestion des ZEE et non pas sur les territoires contestés, ne remettraient pas en cause les souverainetés, sujet politiquement sensible à manier face aux opinions publiques nationales.
A la lecture de ces enjeux et de la chronologie des évènements, l’hypothèse et le scénario d’un complot, impliquant une « françafrique »stupidement convaincue de la nécessité d’une intervention qui mettrait en place un pouvoir favorable à un compromis, n’acquièrent-ils pas toute leur vraisemblance ?
Une chronologie troublante … scénario pour un complot …
2003 : le premier dépôt d'une demande d'autorisation de prospection préalable, sur Juan de Nova, est effectué par un pool constitué du norvégien TGS Nopec associé au cabinet franco-américains Rusk Bertagne.
2006 : L’activisme des chinois sur le domaine pétrolier malgache s’affirme avec l’implantation de Sunpec qui obtient ses premiers blocs de prospection.
Avril 2006 : l’OMNIS lance un appel d’offres pour l’attribution de blocs pétrolier sur le bassin de Monrondava. Les premiers permis sont attribués à des opérateurs US, britanniques, suisses, chinois, malais … d’opérateurs français, point.
Avril 2006 : la Sté US Marex Petroleum de Robert Bertagne – vieux briscard de la prospection pétrolière sur la zone –grille la politesse à son partenaire TGS Nopec en demandant au gouvernement français un nouveau permis de prospection sur Juan de Nova en « zone française », et sollicite simultanément auprès de l’OMNIS malgache l’octroi du permis Belo Profond en « zone malgache ». Les potentiels s’affirment.
Juin 2007 : Total approche Madagascar Oil pour prendre pied sur le permis de Bemolanga .
Juin 2007 : examen au Sénat des décisions de la Commission de l’Océan Indien (COI) sur les accords de cogestion des îles éparses.
Septembre 2007 : Le Sénat français examine une série d’amendements à la loi de finance rectificative pour financer les détachements militaires sur les Iles Eparses. La présence de ces détachements, qui peuvent paraître symboliques, ne répond pas tant à un besoin d’affirmation belliqueuse, qu’à l’exigence d’une présence humaine pour qu’une terre émergée puisse légitimer une ZEE. La série de documentaires publiés par TF1 en Avril 2012 affirme bien cette présence pour attester la souveraineté française et défendre la légitimité de sa ZEE.
Novembre 2007 : opportunément présenté à une opposition à la recherche d’un champion qu’elle adoubera, Andry Rajoelina se présente aux municipales de Tananarive. Il les emporte en décembre 2007. Des esprits chagrins décortiqueront ici la potentialité d’une chaine d’amitiés et d’intérêts Andry Rajoelina -Norbert Ratsirahonana-Jean François Mancel-Nicolas Sarkozy. Cette chaine s’est elle avérée ?
... à suivre
La Gazette