Koike: Salama l'artiste

Publié le par Alain GYRE

Koike : Salama l’artiste

Après avoir été l'ambassadeur du style sud-af au début des années 2000, le groupe de l’Androy revient avec Salam, un album acoustique où la plainte du beko n’est jamais éloignée d’interrogations environnementales très actuelles. Album de la maturité ?

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Koike. Littéralement « hurler » en antandroy du Cap Sainte- Marie, région dont est originaire le groupe. Cela en raison du registre particulièrement puissant de son leader et unique membre permanent, Joselito Rafalimanana. De splendides poussées dans les aigus, capables d’envoyer dans les étoiles le bon vieux beko de l’Androy. Moderne et décoiffant, à l’image d’une formation qui s’est d’abord fait connaître il y a dix ans par son gros son sud-af tout droit sorti des ghettos de Soweto ! Une musique « punchy », limite survoltée, qui vaut au groupe de se faire immédiatement connaître en 2002 avec la chanson Horake, tirée du premier album. « Un tube considérable, plusieurs milliers d’exemplaires vendus à travers tout le pays, et même en Europe », se souvient Joselito.

Mais Koike va avoir du mal à gérer son succès. Trop de pression de la part des producteurs. Trop de coups fourrés aussi dans le monkey business… Un deuxième album est enregistré en 2007, il ne sera même pas distribué : à sa place, c’est une version pirate qui circule ! Désenchanté, Joselito remballe son sud-af. « Le public nous demandait des choses qu’on n’avait plus envie de jouer, il ne voyait pas qu’on avait changé. » Ce changement, c’est en fait un retour aux sources, un intérêt de plus en plus marqué pour les purs rythmes de l’Androy. Une évolution qui le conduit à intégrer en 2006 le collectif Varake aux côtés de quatre chanteuses et danseuses : Tsinjoe, Lazae, Ninah et Lara. Finie la musique gonflée artificiellement aux synthés. Place à l’acoustique, aux instruments typiques : le marovany (instrument à corde), le langoro (tambour), le korintsana (un hochet composé de planche et de graines). « J’ai compris que c’était vraiment la musique que je voulais faire et qu’il fallait réorienter Koike dans cette direction. » C’est chose faite aujourd’hui avec l’album Salama (Salut), tout frais sorti des studios d’enregistrement. « Je suis en attente d’un producteur pour le distribuer, mais tout sera prêt pour la grande tournée prévue en mars 2013. C’est l’album de la liberté retrouvée et un hommage aux gens qui n’ont cessé de croire en moi, ma façon de les saluer », explique-t-il. Un album à son image, qui fait la part belle à l’acoustique avec guitares, harmonica, sifflets, percussions…

« Ce que j’ai réussi à faire pour la musique commerciale il y a dix ans, je veux le faire passer dans Salama qui se veut beaucoup plus adulte et militant ». Déforestation, trafic d’animaux, pillage des ressources naturelles de l’Androy… le propos est souvent incisif. Comme avec cet étonnant Vous partez quand ? Quasiment sans paroles, mais avec des bruits de fond faisant entendre la plainte du Grand Sud épineux. « Je demande aux gens qui détruisent tout quand ils vont s’en aller, s’ils ont eu ce qu’ils voulaient et s’ils vont en subir les conséquences avec nous… » Un artiste attachant qu’on aura également plaisir à retrouver, les 23 et 24 novembre, en tant qu’organisateur du Mihiratse, un événement axé sur la culture, l’éducation et la santé dans le Menabe.

 

Contact : Koike 034 43 786 67

Aina Zo Raberanto

(article publié dans no comment magazine n°34 - Novembre 2012 ©no comment éditions)

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Publié dans Revue de presse

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