L’amour d’un père pour ses filles

Publié le par Alain GYRE

L’amour d’un père pour ses filles                      

Lundi, 16 Juin 2014 07:17

 

Si un jour vous me verrez vieux, et si je me sali quand je mange et que je ne réussis pas à m’habiller, souvenez-vous du temps que j’ai passé à vous apprendre : à être propre en mangeant, à bien se tenir à table et à avoir du goût dans la façon de vous habiller.

 

Les ravages du temps ont fait que c’est mon tour de vous demander d’être compréhensives  sur mes insuffisances.

 

Quand je parle avec vous et que je répète toujours les mêmes choses, ne m’interrompez pas, écoutez- moi car je radote comme tous les vieux de mon âge de peur qu’on ne nous écoute plus parce que nous avons fait notre temps, et quand par moment je n’arrive pas à me souvenir ou que je perds le fil de la conversation, donnez-moi le temps nécessaire pour retrouver la mémoire et si je n’y arrive pas, ne vous énervez pas sur moi, la chose la plus importante n’est plus ce que je dis, mais ce besoin d’être avec vous, de vous voir, de vous écouter, et de vivre à travers vous.

 

Quand je ne veux pas me raser ou me changer parce que depuis quelques temps tout me fatigue et que je n'ai plus les beaux habits d'antan, ne me sermonnez pas d’avoir perdu de ma superbe et de ma jeunesse devant autrui jusqu’à me faire honte, et souvenez-vous du temps que je passais avec amour à contrôler vos tenues avant de sortir pour que vous soyez plus que présentables et que je devais vous expliquer mille fois le pourquoi du fait que vous devez être belles à tout moment pour votre futur métier et aussi pour ce que vous représentez pour votre pays. Je vous en prie, faites-en autant pour moi.

 

Quand dans une discussion nous n’avons plus ni la même idée ni la même position sur un problème, surtout ne m'apostrophez pas en public car nous ne faisons plus partie ni du même monde, ni de la même époque et encore moins nous n’avons le même intérêt si bien que nos vues divergent nécessairement. Souvenez-vous du temps que je prenais pour vous expliquer les tenants et aboutissants de toutes choses ainsi que les causes à effets de ces dernières et de vous citer à tout moment GALILEE sur la maxime : «La compréhension du monde ne doit pas se limiter aux données de la perception brute». Alors je ne vous demande qu'un peu d’amour et de respect pour le vieil homme un peu sénile  que je suis devenu.

 

Quand vous voyez mon ignorance devant les nouvelles technologies, donnez-moi le temps nécessaire pour apprendre car j'ai peur de faire de fausses manœuvres et d’abimer l'appareil qui m'a coûté tant et tant de sueurs et d’années à baver sur les courts de tennis du monde, je vous demande de ne pas me regarder avec ce sourire ironique plein de suffisance, souvenez-vous que j’ai eu tant de patience à vous apprendre les différents coups de tennis.

 

Quand mes jambes fatiguées n’arrivent plus à tenir la cadence d'un enseignement qui ne m'est plus drôle vu mon âge, ne me considérez pas comme un vieux cheval fou qui a fait son temps, venez vers moi et offrez-moi plutôt la force de vos bras comme je l’ai fait lorsque vous avez fait vos premiers pas.

 

Depuis  quelques années, il m’arrive très souvent de pleurer, ne pensez surtout pas que ce sont des larmes de crocodile, loin s’en faut car il se trouve que le robinet de mes émois s’est ouvert découvrant un vieil homme  qui s’est caché pendant fort longtemps derrière une armure de fer sur laquelle on ne peut avoir d’emprise, mais le temps m’a rattrapé et a gagné son duel contre moi, la rouille a fini par envahir mon cœur lâché par les chaines d’un personnage que je me suis forgé. Maintenant un pied dans la tombe, les pensées du passé, du présent et même du futur me font verser des pleurs.

 

Quand je dis que j’aimerais mourir, ne vous fâchez pas car il faut comprendre qu’à mon âge on ne vit plus, on survit. Oui j’ai survécu à mon combat, à mes batailles et à ma guerre, vous étiez mon armée mais je m’en suis sorti estropier dans mon cœur et mon âme qui sont fatigués par ces luttes infinies.

 

Un jour vous découvrirez que tout ce que j'ai semé sur la route de ma vie était de vous donner le meilleur de moi-même qui était l'étendue de mon savoir et que j'ai essayé par toutes mes forces et de toute mon âme, de vous diriger sur la route de la réussite...

 

Donnez-moi un peu de votre temps, donnez-moi un peu de votre patience, donnez-moi des épaules sur lesquelles poser ma tête de la même façon que je l’ai fait pour vous.

 

Aidez-moi à avancer, aidez-moi à finir mes jours avec amour et compréhension, en échange je ’aurais plus que mon sourire et l’immense amour que j’ai toujours eu pour vous. Je vous aime mes filles.

 

Inspiré  par : «Lettre d’une mère à sa fille» (auteur inconnu) et revisité par Max Randriantefy

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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