Conte: La fuite insensée

La fuite insensée.
Un couple avait deux enfants dont l’un était paralysé et l’autre aveugle. Comme il n’avait plus de quoi nourrir ces deux bouches inutiles, le père emmena les enfants dans la forêt et les y laissa. Le perclus était sage, l’aveugle était prudent. L’un dit à l’autre : « Ne restons pas ici, nous allons chercher de quoi manger ». L’aveugle porta le paralytique sur son dos. Il demanda : « N’aperçois-tu rien ? ». « Si, j’aperçois, là-bas, un village ».
La marche était pénible. L’aveugle sentit tout à coup quelque chose sous ses pieds. « C’est da l’argent », dit son pèse. « Ramasse-le », répondit l’aveugle, « Nous en aurons besoin ». puis plus loin, l’aveugle foula du pied une corne de bœuf, un van et une barre de fer. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il. « C’est une corne de bœuf, un van et une barre de fer », répondit le paralytique., »Ramasse-les », dit l’aveugle, nous en aurons besoin.
Ils marchèrent toujours.,L’aveugle était fatigué, le paralytique avait faim.
« N’aperçois-tu rien ? » dit l’aveugle. – Si, je vois là-bas, un village ». Ils marchaient toujours.
Le village était la demeure du grand Fanany, l’ogre réputé, terreur du voisinage. Une vieille femme était assise près de la porte. Elle aperçut les deux aventuriers. « Ah ! mes enfants, fuyez vite, déclara-t-elle, le grand Fanany va venir ; il va vous manger ». le perclus et l’aveugle forcèrent la vieille à ouvrir la porte et ils s’enfermèrent tous les trois dans la maison du grand Fanany.
L’ogre arriva et frappa à la porte. Le paralytique l’aperçut et l’annonça à l’aveugle.
Le grand Fanany dit : « Qui est chez moi ? » L’aveugle répondit : « C’est moi ». – « Sortez, ou je vous tuerai », dit l’ogre.
- Ho ! ho ! ho ! répliqua l’aveugle.
- Mais tu te moques de moi ? dit l’ogre. Tu vas me voir.
- Eh ! Je te verrai bien, dit l’aveugle.
- Montre-toi donc un peu, dit l’ogre.
- Voici mon oreille, dit l’aveugle, et il, montra le van que le paralytique lui avait furtivement remis. Voici ma dent, ajouta-t-il , et il montra la corne. Voici ma main, et il montra la barre de fer qu’il avait fait rougir au feu.
L’ogre eut peur ; il dit : « Ma sagesse me recommande de m’en aller ». et sans bruit, tel un rat (1), il s’éclipsa pour ne plus revenir. Guidés par la vieille, les deux enfants rejoignirent leur village et revirent leurs parents. Ils furent bien reçus, car ils apportaient tout l’argent du grand Fanany.
(1) Tel un rat : Katseky hotry valavo, disent les Tsimihety.
Contes et légendes de Madagascar
RABEARISON
Administrateur Civil