Le chien sauvage et le corbeau

Publié le par Alain GYRE

Le chien sauvage et le corbeau (1)
(Antambahoaka).

 

Un jour un corbeau trouva un morceau de viande. Il l'emporta sur un arbre.         

Un chien sauvage le regardait s'installer parmi les branches.

Dès que le corbeau se fut commodément assis, le chien vint au pied de l'arbre et se mit à vanter le corbeau, en disant :

« Tes plumes sont vraiment merveilleusement belles. Je suis sûr de n'en avoir pas encore vu dépareilles, depuis que je les ai bien examinées. De ma vie, je n'ai vu un oiseau ayant si belles couleurs. Si ta voix ressemble à ton plumage, je n'aurai jamais vu d'oiseau aussi bien doué que toi. »

Le corbeau en entendant ces flatteuses paroles fut pénétré d'une douce joie, sans s'apercevoir du motif pour lequel le chien demandait à entendre sa voix.

« Quand il entendra ma voix, se dit-il en lui-même, le chien va être dans l'admiration».

Et le corbeau se mit à chanter.

Mais au même instant, le morceau de viande tomba de sa bouche.

Le chien s'en saisit immédiatement.

La viande avait été seule le motif des flatteries qu'il avait adressées à son propriétaire.

Le chien s'en alla ensuite en riant, de la facilité avec laquelle il s'était joué du corbeau(2).

 



(1) Le texte de ce conte m'a été dicté par un Antambahoaka de Mananjary.

 

(2) La ressemblance frappante de ce conte avec celui du Renard et du Corbeau de la Fontaine m'avait inspiré des doutes sur son authenticité. Aussi, comme je l'ai mentionné dans ma préface, ne l'ai-je publié qu'après m'être assuré qu'il appartenait vraiment au folklore malgache.

Contes populaires malgaches

 

Recueillis, traduits et annotés par

 

Gabriel FERRAND

 

Editeur : E. Leroux (Paris) 1893

 

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