Conte: Le Coq et le Chat sauvage

Le Coq et le Chat sauvage.
Jadis, un chat sauvage
Rencontra
Près d’un petit village
Un coq de bonne mine en habit d’apparat.
L’hypocrite aussitôt se dit : « Pour une guerre
Ou pour un grand combat ce coq a dû s’armer :
Le provoquer serait peut être téméraire !
De sa force réelle il vaut mieux m’informer. »
Puis abordant l’oiseau : « o toi dont l’attitude
Est si fière, dit-il, tes ailes sont si rudes,
Tes ergots longs et durs me semblent si pointus,
Ton bec a l’air si redoutable,
Que tous ceux qui se sont battus
Avec toi
Ont dû sortir méconnaissables
De ce diabolique tournoi !
- Par ma foi,
Répond le vaniteux en secouant ses plumes,
Il est peu de gens assez sots
Pour risquer de voir mes ergots
Transformer en haillons leur Des ânes
Ont exposé naïvement
Leurs crânes
Aux coups secs
De mon bec !
Ils s’en sont mal trouvés ! D’un seul battement d’aile
D’ailleurs, j’excelle
A priver pour toujours mes malheureux rivaux
De l’espoir d’assister à des matins nouveaux. »
Le chat, fort peu troublé par tant de vantardise,
Se reprocha sa couardise.
Une chose pourtant l’inquiétait encore.
Il reprit : « cette crête
Ardente qui pare la tête,
Ne brûle-t-elle pas l’imprudent qui la mord ? »
Le coq, très amusé, répondit : « Les parures,
Pauvre innocent ! jamais ne causent de brûlures ! »
Rassuré, cette fois, le chat n’hésita plus,
Et l’oiseau fanfaron fut bien vite abattu :
Happé avec vigueur par surprise, sans lutte,
Sa tête fut broyée en moins d’une minute !
Fourbes, coquins, fripons, de mon chat ont les traits.
Ils nous sondent d’abord, et nous roulent après.
Contes malgaches
Autour du dzire
Texte de J. Landeroin
Librairie Delagrave 1925