Le français Mayeur dans l'Andrantsay
Le Français Mayeur dans l’Andrantsay
En juillet 1777, le voyageur français, Mayeur, visite l’Andrantsay, au Sud de l’Ankova. Il part du pays des Antambahoaka et met douze jours pour rejoindre Ambohidranandriana, village à l’Est de la Manandona, sa première étape dans toute la région du Vakinankaratra actuel.
La forteresse est entourée sur 700 à 800 mètres de circonférence d’un fossé de 2 à 3 mètres de large et profond de 30 mètres à certains endroits. Autour du fossé, « règne, à l’intérieur, une terrasse en gazon de 5 pieds de haut sur 4 de large fermant une espèce de parapet semblable à celui dont sont revêtus intérieurement nos ouvrages de fortifications. La terrasse et le fossé cernent le village dans toute sa circonférence et on n’y entre que par un petit pont formé de troncs d’arbres ou de madriers qu’on enlève au besoin. Ces ouvrages peuvent faire donner au village le nom de place-forte et s’il était bien défendu, il ne serait pas aisé de s’en emparer ».
L’explorateur français n’y reste que du 12 au 16 juillet, puis gagne Ankisisy, à quelques kilomètres de là. Mais dès le 17 juillet, le chef de la contrée vient le voir pour lui annoncer l’usage du pays. Tout étranger qui arrive dans le pays doit s’arrêter chez lui pour y attendre les ordres du roi (Andrianony de l’Andrantsay) à qui il va dépêcher des émissaires pour le prévenir de son arrivée. Comme il faudra cinq jours pour avoir la réponse royale, Mayeur accepte l’invitation du chef.
En attendant le retour des émissaires, Mayeur sillonne la campagne. « Je ne vis partout qu’un sol aride, le bois y manque ». Il s’étonne que le chef s’établisse dans un lieu aussi peu accueillant alors que les environs le sont beaucoup plus. « Ces misérables n’avaient pas de bois pour se bâtir, pour se chauffer même. Ils étaient obligés de cuire à manger avec de la paille de riz ou de la bouse de vache ».
Le chef lui explique alors que jadis, son peuple a habité sur les bords de Ranomainty, mais ses proches voisins lui ont fait une guerre à outrance, le massacrant, réduisant les survivants en esclavage. Aussi a-t-il décidé de se retirer au loin. Il précise également qu’il ne s’agit pas des Antambahoaka que Mayeur vient de quitter, mais d’un peuple de la forêt environnante qui vit de rapines et de brigandages. « Il me dit que j’étais heureux d’avoir évité leur rencontre parce que j’aurais été pillé et peut-être massacré, qu’ils étaient connus dans le pays sous le nom d’Antanety ».
Les ordres du roi sont finalement arrivés et tout au long de son chemin, Mayeur trouve des vivres et des logements préparés pour son escorte et lui. Ils font halte le 21 juillet au village d’Antanety assez bien défendu. Puis le paysage s’embellit et « jusqu’au 2 août, je ne fis plus route qu’à travers des campagnes cultivées et couvertes des plus beaux riz du monde ».
Le même jour, en début d’après-midi, il atteint Fandana, capitale de la province Andrantsay et résidence du roi Andrianony qui le reçoit avec faste. Il est entouré de ses femmes vêtues de leur plus beaux « sembo », avec une multitude de gens debout à une distance respectueuse. « Son accueil fut celui d’un bon prince, ami des étrangers, qui n’oublie point ceux qu’il a connus et se montre jaloux de leur prouver qu’il en a conservé un agréable souvenir ». Car ce n’est pas la première fois que Mayeur rencontre Andrianony, son premier voyage dans le pays remonte à 1771.
Profitant de l’accueil du roi, du 14 au 21 août, il parcourt le pays pour récolter des informations. C’est ainsi qu’il apprend que l’Andrantsay produit beaucoup de grains nourriciers, le riz étant la culture principale. Le sol est très fertile, la vigne y croît sans peine mais la culture est mal entretenue. Les campagnes sont à découvert, portant des arbres et des arbrisseaux plantés par les habitants. Leur industrie ne va pas loin car elle se borne à l’ambrevate qu’ils cultivent en plein champ et sur les feuilles duquel ils élèvent leurs vers à soie. Outre la soie, on y voit aussi le coton et l’indigo pour teindre les tissus.
Le pays abonde aussi en mines de fer que les autochtones exploitent. Ils le fondent et travaillent eux-mêmes les outils nécessaires à la construction, à la culture, leurs couteaux, leurs fléaux de balance, leurs sagaies et même jusqu’à des balles de fusil en fer. « Ils se font des soufflets à pompe comme on en fait à la côte ».
Pela Ravalitera
Mercredi 11 juillet 2012
L’Express