Le rat trafiqueur.

Publié le par Alain GYRE

Le rat trafiqueur.
Recueillià Mandritsara

Un rat, dit-on, allait au pays lointain pour chercher des richesses.

Lorsqu'il eut gagné deux bœufs, il se mit en route pour les ramener chez lui.

Quelques jours après il rencontra un chat sauvage qui semblait nourrir des desseins hostiles à son égard.

Pour éviter un grand danger, le rat dit au chat :

« Mon aîné chat, mon aîné chat »

« Quoi, répondit le chat sauvage ? »

« Le roi m'a récompensé en donnant ces bœufs pour moi et pour toi et m'a dit de les
emmener. »

« Tu mens, reprit le chat sauvage. »

Ils firent le chemin ensemble en conduisant les bœufs, mais le rat ne pensait qu'à se débarrasser du chat sauvage.

Il cherchait à imaginer une bonne ruse.

Tout à coup, il dit au chat :

« Je suis malade, Randriankary, allez me chercher des fanafody (1), si je mourrais,
vous n'auriez pas ces bœufs car ils seraient dérobés par d'autres. »

« Quel fanafody désirez-vous, demanda le chat? »

« Une poule qui couve sous un lit, répondit le rat. »

Le chat sauvage partit pour chercher la poule.

En arrivant au village, il vit une poule qui couvait sous le lit d'une vieille femme,
il l'attrapa.

Alors la vieille de se mettre à crier :

« C'est un chat sauvage, voleur de poules assommez-le. »

En entendant tout ce bruit le rat demanda

« Qu'est-ce qui arrive ? »

« C'est un chat sauvage qui a volé la poule de la vieille femme, répondit-on. »

« Qu'il meure, car il est~ voleur, dit-il. »

Puis il continua sa route.

Un autre jour, un chien vint vers lui, le rat un peu effrayé se cacha dans les broussailles et dit au chien:

« C'est moi le rat, votre cadet, qui conduit deux bœufs. Notre roi m'a dit :  Ces bœufs sont pour vous et Randrianalika, votre aîné nous allons les posséder en commun, mon cher ami. »

« Tu mens, reprit le chien, et je vais te tuer. »

« Quand je serai mort, vous ne serez pas plus riche car les bœufs seront pris par d'autres. »

« C'est bien, dit le chien, en route, partons. »

Lorsqu'ils arrivèrent au prochain village, le rat fit semblant d'être malade, comme il
avait fait auparavant.

« Je suis malade, mon cher ami, va me chercher un fanafody, si je meurs, nos bœufs
seront pris par d'antres. »

« De quel fanafody as-tu besoin, demanda le chien ? »

« Des œufs dans une sobika pendue au mur devant le lit. »

Le chien entra dans une maison et prit des œufs placés comme on le lui avait indiqué.

Mais le propriétaire des œufs cria

«  C'est un chien voleur d'œufs, assommez-le, assommez-le! »

Le rat demanda :

« Qu'arrive-t-il ? »

« C'est un chien voleur d'œufs, répétait-on. »

« Qu'il meure, c'est un voleur, dit le rat. »

 Puis il partit seul et content et arriva rapidement dans son village.

Ses parents le félicitèrent et le prièrent de raconter les aventures de son voyage, mais le rat était fatigué, il préféra se reposer sur le dos d'un bœuf pendant quelque temps.

Tout à coup, il fut enlevé subitement par un aigle et ses parents demeurèrent stupéfaits.

En l'air, le rat criait :

«  Saisissez-moi par ma queue, saisissez-moi par ma queue. »

Personne ne pouvait l'attraper.

Alors le rat fit une suprême recommandation :

«  Ne quittez jamais les broussailles, ni les trous. »

C'est pourquoi depuis ce jour les rats demeurent dans les endroits cachés.

 

(1)   Remède, médicament.

Contes de Madagascar

Charles RENEL (1866 – 1925)

Librairie Ernest LEROUX

PARIS

 

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