Conte: Le serpent et le ver de terre

Publié le par Alain GYRE

 

Le serpent et le Ver de terre 

Alors que les serpents, privés de la lumière ;

Enviaient le regard du frêle ver de terre,

Bibelave, serré dans son habit de cour,

Vint un soir chez Kakane et lui tint ce discours :

« Prête-moi tes beaux yeux pour aller en soirée,

Mon bon ami. Malgré sa splendide livrée,

Le monde est si méchant qu’on va rire de moi

Si je ne vois pas clair et ne marche pas droit !

Je te rendrai demain ces vrais joyaux de roi. »

Kakane eut confiance en l’élégante bête

(Sous un manteau de prix l’escroc paraît honnête),

Il ne sut refuser, et le soir, à la fête,

Bibelave brilla

Comme un « trente carats »,

Mais dès le lendemain, plein d’indélicatesse,

Le serpent déloyal ne tint pas sa promesse ;

Le ver de terre, désolé,

Dut aller chez l’ingrat pour la lui rappeler,

La satanique créature

Avec désinvolture

Répondit : « Mon ami, ta parure

Fait de moi le plus beau

De tous les animaux ;

Si je te la rendais, je ne serais qu’un sot

Apprends que dans la vie

Il faut savoir compter avec la perfidie,

Quiconque veut garder son bien

Ne prête rien. »

 

Depuis, Bibelave fascine

Avec ses diamants

Poules et rats que, sans cuisine,

Il mange goulûment.

L’autre au sein de la terre

Cache sa honte et sa misère,

Et ne sort de son trou

Qu’à l’heure du hibou. 

Contes malgaches

Texte de J. Landeroin

Librairie Delagrave 1925 

La légende malgache dit qu’à l’origine les serpents étaient aveugles et que les vers de terre avaient des yeux.

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