Conte: Les Caïmans

Publié le par Alain GYRE

 

Les Caïmans

 

         Tous, nous connaissons les caïmans, ces reptiles énormes et méchants qui font tant de ravages parmi nos bœufs, nos chiens. Nous devons les craindre quand nous traversons les rivières profondes. Les « Zafindravoay » (1) eux, s’abstiennent de les tuer. Voici la raison qu’ils en donnent.

 

         Un riche Tsimihety désirait ardemment avoir un petit fils – mba te ho somain_jafy (2) _ Son unique fille n’avait pas d’enfant. Il avait déjà consulté tous les devins des environs, il avait déjà invoqué tous les esprits puissants qu’il pouvait connaître. De guerre lasse, ne sachant plus où aller, il se résignait à mourir sans descendances nombreuses quand une vieille Betsirebaka vint lui donner un conseil.

         « Tu donneras le nom de Voay à l’enfant dès que la mère l’attendra ». lui dit-elle.

         Le premier né s’appellerait donc Voay ou Caïman. Un enfant naquit sain et sauf. Le grand-père lui donna le nom de Voay. Il grandit vite, se maria tôt et eut une descendance nombreuse. Les petits fils s’appelaient naturellement des « Zafindravoay », c’est-à-dire les petits fils des caïmans.

Et en souvenir de ces événements heureux, les Zafindravoay ne tuent jamais les caïmans.

« Zafindravoay hazom_boay, hazon’ny dadiny » (3).

Sordide croyance de peuples  crédules, il n’y a rien de plus ridicule que cette foi vouée aux dos rocailleux (4).

 

(1)   Zafindravoay : ou petit fils de caïmans rappelle que cette filiation dont fait allusion la légende. Une branche de la tribu Tsimihety se réclame de la descendance véritable des caïmans.

(2)   Mba te ho somain jafy : Il veut aussi être dorlotépar ses petits fils. Les jeunes Tsimihety ont composé une chanson fort poétique « Avelao somain jafy » qui n’a pourtant rien à voir avec la légende.

(3)   « zafindravoay huzom-boay, hazon’ny dadiny » ; Petit fils de caïman attrapé par un caïman repris par sa grand’ mère.

L « h »  de hazon rend la prononciation Tsimihety du mot écrit azom sur les Hauts Plateaux.

(4)   Dos rocailleux : Il est d’usage courant à Madagascar d’appeler le caïman « le dos rocailleux ».

 

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