Conte: Les canards et les pigeons

Publié le par Alain GYRE

 

Les canards et les pigeons (1).
(Antambahoaka)

 

Une troupe de pigeons (2) blancs voletaient au-dessus d'un étang.

Des canards (3) barbotaient au-dessous d'eux dans l'eau boueuse.

Les canards vexés enviaient les pigeons qui volaient sur leur tête.

Ils les insultèrent en disant :

« On ne peut pas domestiquer les pigeons, ce sont des oiseaux trop orgueilleux. Ils passent, sans s'arrêter, dans les villages où se trouvent leurs parents. Ah! ceux-là, ils ont
peur de s'approcher de l'étang. »

Les canards continuèrent à bavarder de la sorte ; et les lazzis allaient leur train.

Les pigeons ne répondaient cependant pas. Tout à coup l'un d'eux s'écria :

« D'où les canards sont-ils nos parents, comme ils ont l'air de le prétendre? Les dytiques (4) et les gyrins (5) nageurs sont de la même couleur; mais leur nature est absolument différente. Vous canards, ajouta-t-il, vous barbotez avec joie dans l'eau boueuse; nous, il nous faut l'air pur et le ciel bleu. Vous ne pouvez pas vous élever très haut comme nous ; chacun a son destin. »

Les canards ne répondirent rien à ces paroles. Ils se tinrent cois et honteux.


(1) J'ai recueilli ce conte à Mananjary où il m'a été dicté par un Antambahoaka de ce village.
(2) En malgache veromahailala, probablement une altération de voromahailalana, l'oiseau qui connaît sa route, qui revient à son point de départ sans s'égarer.

(3) En malgache voromba\aha, l'oiseau étranger, non aborigène. Ce mot désigne spécialement le canard domestique.Les espèces malgaches portent chacune un nom spécial..

(4) Insecte aquatique {Hydrophiles hydrocautares).

(5) Insecte aquatique.

Contes populaires malgaches

Recueillis, traduits et annotés par

Gabriel FERRAND

Editeur : E. Leroux (Paris) 1893

 

 

Une troupe de pigeons (2) blancs voletaient au-dessus d'un étang.

Des canards (3) barbotaient au-dessous d'eux dans l'eau boueuse.

Les canards vexés enviaient les pigeons qui volaient sur leur tête.

Ils les insultèrent en disant :

« On ne peut pas domestiquer les pigeons, ce sont des oiseaux trop orgueilleux. Ils passent, sans s'arrêter, dans les villages où se trouvent leurs parents. Ah! ceux-là, ils ont peur de s'approcher de l'étang. »

Les canards continuèrent à bavarder de la sorte ; et les lazzis allaient leur train.

Les pigeons ne répondaient cependant pas. Tout à coup l'un d'eux s'écria :

« D'où les canards sont-ils nos parents, comme ils ont l'air de le prétendre? Les dytiques (4) et les gyrins (5) nageurs sont de la même couleur; mais leur nature est absolument différente. Vous canards, ajouta-t-il, vous barbotez avec joie dans l'eau boueuse; nous, il nous faut l'air pur et le ciel bleu. Vous ne pouvez pas vous élever très haut comme nous ; chacun a son destin. »

Les canards ne répondirent rien à ces paroles. Ils se tinrent cois et honteux.

(1) J'ai recueilli ce conte à Mananjary où il m'a été dicté par un Antambahoaka de ce village. (2) En malgache veromahailala, probablement une altération de voromahailalana, l'oiseau qui connaît sa route, qui revient à son point de départ sans s'égarer.

(3) En malgache voromba\aha, l'oiseau étranger, non aborigène. Ce mot désigne spécialement le canard domestique.Les espèces malgaches portent chacune un nom spécial..

(4) Insecte aquatique {Hydrophiles hydrocautares).

(5) Insecte aquatique.

Contes populaires malgaches

Recueillis, traduits et annotés par

Gabriel FERRAND

Editeur : E. Leroux (Paris) 1893

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