Les deux époux.

Publié le par Alain GYRE

 

Les deux époux.
ConteAntaimorona.
Recueilli à Mananjary
(province de Mananjary).

Dans une vallée obscure, profondément encaissée, vivaient, dit-on, deux époux.

Ils avaient autour d'eux tout ce qui était nécessaire à leur existence.

Or une nuit, la femme se leva brusquement et réveilla son mari.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda celui-ci. »

« Une voix m'a réveillée. 

Elle me commandait d'aller jusqu'au sommet de la montagne, au Nord de notre demeure. »

A la première lueur du jour, la femme partit et fut bien étonnée au sommet du mont, de voir une région bien éclairée et si différente du creux ils habitaient.

Sautant de joie, elle s'empressa de rejoindre son mari.

« Quittons vite cette demeure humide et obscure, dit-elle. Au delà. de cette montagne se trouve un endroit clair et gai, très différent d'ici et agréable à habiter. Allons-y! »

Le mari consentit et ils gagnèrent les lieux visités par la femme.

Ils y construisirent une case de six brasses de longueur et de quatre brasses de large.

Or un jour le Zanahary, se promenant sur la terre, rencontra les deux époux.

« Que faites-vous ici ? leur demanda-t-il. »

«  C'est ici notre demeure. »

«  D'autres êtres semblables à vous, viennent-ils par ici ? »

«  Non, nous sommes seuls. »

«  Taillez donc des bois, auxquels vous donnerez votre propre forme. Puis couvrez-les de vos vêtements. Ils deviendront des hommes et des femmes comme vous, et vous régnerez sur eux. »

 L'homme observa les recommandations du Zanahary, tailla des images en bois, et les vêtit.

Le lendemain, elles devinrent des êtres humains.

Les deux époux leur dirent.

« C'est nous qui vous avons faits; nous serons donc vos chefs et vos rois. »

Et les nouveaux hommes respectèrent les deux époux.

Longtemps après, ceux-ci eurent trois fils, qui, devenus grands, choisirent chacun douze femmes parmi leurs sujets.

Quand le vieux roi mourut, ses enfants ne s'entendirent pas et se querellèrent au sujet de la royauté.

Voyant la désunion de ses fils, la reine s'attrista tant qu'elle mourut de chagrin.

Le fils aîné surtout, par son orgueil, se rendit insupportable à ses deux frères.

Ceux-ci finirent par quitter le pays, en emmenant chacun ses sujets.

L'un se dirigea vers le Nord et l'autre vers le Sud.

 

C'est, dit-on, le commencement de la migration des peuples.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL (1866 – 1925)

Librairie Ernest LEROUX

PARIS

 

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