Les lémuriens de Madagascar risquent de disparaître

Publié le par Alain GYRE

 

Les lémuriens de Madagascar risquent de disparaître

 

le 16-08

 

Par Rédacteur

Sciences et Avenir
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La quasi-totalité des lémuriens pourraient disparaître d’ici 20 ans si la destruction de la forêt continue.  

 

La quasi-totalité des lémuriens pourraient disparaître d’ici 20 ans si l'on ne fait rien contre la pauvreté à Madagascar, qui pousse les hommes à détruire la forêt, affirment des experts, qui chiffrent à près de 6 millions d'euros le plan de sauvegarde à adopter d'urgence. (c) Afp

 

La Grande Ile est le seul endroit au monde où l’on peut voir en liberté des lémuriens, petits primates ayant évolué séparément des singes africains depuis des millions d'années. Mais leurs jours sont comptés.

 

La forêt par en fumée

 

Chaque année, 200.000 ha de forêt, leur seul habitat, partent en fumée à cause de la culture sur brûlis et des feux de brousse. Il ne reste déjà plus que 10 à 13% de la forêt malgache originale, soit 50.000 km2, qui pourraient disparaître en une génération si des mesures d’urgence de conservation ne sont pas prises.

 

PAUVRETE. "Si on continue ce rythme de déforestation, on peut dire que d'ici 20 à 25 ans environ, il n'y aura plus de forêt, et donc plus de lémuriens", prédit Jonah Ratsimbazafy, célèbre primatologue malgache, notant que 93 des 105 espèces de lémuriens recensées sont considérées comme menacées. "Tant que la pauvreté existera, on ne peut pas croire que l’on pourra empêcher la disparition de ces lémuriens".

 

Le commerce juteux du bois et de l'or

 

Car aujourd’hui, il est devenu plus rentable de piller la forêt de son bois précieux, de ses ressources minières et de ses lémuriens que de la préserver, à cause de la crise politique et socio-économique qui sévit depuis quatre ans. "Il y a beaucoup de chercheurs d’or dans le parc. On peut gagner jusqu'à 100.000 ariary par gramme d’or (35 euros). Ils viennent souvent d’autres villes car ils sont pauvres. Pour les trouver, c’est loin, il faut bivouaquer", raconte un guide du Parc National de Ranomafana (sud-est) ayant requis l’anonymat. De plus en plus de Malgaches pauvres se lancent dans la coupe sauvage de bois précieux pour survivre.

 

REPAS. "Les petits coupeurs de bois de rose dans le nord-est sont obligés de manger des lémuriens durant leurs longues expéditions dans la forêt où souvent ils n’emmènent pas suffisamment à manger et couper du bois c'est dur, alors ils mangent de la viande de lémuriens car c’est plus facile à attraper que les oiseaux", explique le primatologue Tovonanahary Rasolofoharivelo.

 

Des fonds nécessaires en urgence

 

La forêt est également grignotée année après année: "Dans les pays tropicaux comme Madagascar, les sols sont très très pauvres" explique Jonah Ratsimbazafy: "Voilà ce que font les paysans : cette année on cultive là, l’année prochaine on bouge, on bouge, on bouge et après, c’est la déforestation, le désert".

 

SAUVETAGE. Dans ce contexte d’urgence, plusieurs ONG environnementales ont lancé un appel pour financer un plan de sauvetage sur trois ans de 5,7 millions d'euros. Sachant que l'Etat malgache, déjà incapable de financer des élections, ne mettra pas la main à la poche pour les lémuriens. "Nous allons faire des recherches de financement ailleurs avec des fondations privées", assure Benjamin Andriamihaja, représentant à Madagascar d'ICTE (Institut pour la Conservation des Environnement Tropicaux), conscient que trois ans ne seront pas suffisants pour stopper totalement la déforestation.

 

Quelques projets déjà actifs

 

Pour éviter le pire, des projets communautaires ont déjà été mis en place depuis plusieurs années, tel que l’éco-tourisme et le développement de l’agriculture intensive qui nécessitent une forte implication des populations locales. « On essaie de financer des activités génératrices de revenus, par exemple, planter des haricots, élever des porcs, des poulets, développer la pisciculture, pour que les paysans arrêtent de détruire la forêt mais il est très difficile de suppléer au manque à gagner des paysans qui ne pensent pas à long terme», explique M. Andriamihaja.

 

PARC. Afin de mettre en place des stratégies claires et précises de lutte pour la conservation, un congrès international sur les lémuriens a été organisé début août à Ranomafana (sud-est) près d’un parc national de plus de 40.000 ha. A l’entrée du parc, des guides et des pisteurs attendent les touristes pendant des heures. Il y en a beaucoup moins que l’an dernier. Se reconvertir en petit trafiquant est devenu plus rentable.

 

J.I. avec AFP 16/08/2013

Publié dans Revue de presse

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