Littérature : Il y a cent ans, naquit Flavien Ranaivo
Littérature : Il y a cent ans, naquit Flavien Ranaivo
sept 16th, 2014
Flavien Ranaivo est né le 13 mai 1914 à Arivonimamo et a rejoint le monde des Ancêtres le 22 décembre 1999 à Troyes (France). Aujourd’ hui, le poète Flavien Ranaivo aurait cent ans.
Cet immense poète malgache est mondialement connu, grâce à la célébrissime anthologie manifeste de la Négritude de Léopold Sédar Senghor intitulée Anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française, – préface Orphée noir par Jean-Paul Sartre – (PUF, Paris, 1948). Avec Jean-Joseph Rabearivelo et Jacques Rabemananjara, Flavien Ranaivo fait partie des trois auteurs retenus par Senghor pour représenter la Négritude côté Madagascar. Les autres auteurs retenus par Senghor pour représenter la Négritude étaient originaires de Guyane, de Martinique, de Guadeloupe, d’Haïti, et du Sénégal. Chacun de ces poètes apportait ses particularités régionales au sein d’un nouveau mouvement littéraire parisien de Renaissance et de fierté Négre et malgache en langue française. Ces auteurs étaient liés soit de manière verticale (la lignée africaine) soit au niveau horizontal (leur condition de colonisé). Le but de ces auteurs était de revaloriser l’Homme Négre et malgache et sa culture. C’est ainsi que cette littérature est de facto anti-assimilation voire anticoloniale mais dans la fraternité avec la France et la langue française à laquelle ils font des bâtards lumineux.
Thierry Sinda
Midi Madagasikara
Vulgaire chanson d'amant
Ne m'aimez pas, ma parente,
comme votre ombre
car l'ombre au soir s'évanouit
et je dois vous garder
jusqu'au chant du coq;
ni comme le piment
qui donne chaud au ventre
car je ne pourrais alors
en prendre à ma faim;
ni comme l'oreiller,
car on serait ensemble aux heures du sommeil
mais on ne se verrait guère le jour;
ni comme le riz,
car sitôt avalé vous n'y penseriez plus;
ni comme les douces paroles
car elles s'évaporent;
ni comme le miel,
bien doux mais trop commun.
Aimez-moi comme un beau rêve,
votre vie la nuit,
mon espoir le jour,
comme une pièce d'argent,
sur terre ne m'en sépare,
et pour le grand voyage
fidèle compagne;
comme la calebasse,
intacte sert à puiser l'eau,
en morceaux, chevalets pour valiha.