Mécanisation rizicole: 0,2% des exploitants utilisent un tracteur
Mécanisation rizicole: 0,2% des exploitants utilisent un tracteur |
Mercredi, 30 Janvier 2013 | ||||||||||||||||||||||||
L’atelier de validation du document de stratégie nationale sur la mécanisation rizicole a eu lieu hier au centre de formation MDLC Anosy sous l’initiative du ministère de l’Agriculture en collaboration avec la coopération japonaise (JICA) et la Coalition for african rice development (CARD). D’après David Rakotoson du Centre de formation et d’application du machinisme agricole d’Antsirabe (CFAMA), le pays a une petite longueur d’avance en Afrique : «Nous sommes les seuls à disposer d’un tel centre où l’on forme des conducteurs d’engins agricoles, de mécaniciens et de techniciens du secteur». Malgré tout, le niveau d’équipement des riziculteurs malagasy demeure très faible. Seuls 0,2% des exploitants utilisent un tracteur avec accessoires, contre 0,1% pour le motoculteur avec accessoires. La majorité, soit 97,3% ont recours à des matériels comme « l’angady », la pelle et la pioche, alors que 92% utilisent de la faucille et un coupe-coupe. La stratégie nationale est donc une nécessité dans le sens où la riziculture tient une place importante dans l’économie agricole et la sécurité alimentaire. Les Malagasy sont parmi les plus gros consommateurs mondiaux de riz avec 138 kg/habitant/an en milieu rural et 118 kg en brousse. La riziculture occupe 1 283 560 ha de superficie, soit 60% des terres cultivées pour une production de 3 914 175 tonnes en 2008. De plus, environ 2 millions de ménages pratiquent la riziculture irriguée. La filière contribue à hauteur de 12% au PIB et de 43% au PIB agricole. Mais le rendement reste faible car n’atteint pas encore une moyenne de 3 t/ha. Dans ce cas, mettre l’accent sur la mécanisation rizicole contribuera à développer la filière riz, et par la même occasion l’économie rurale et faire reculer la pauvreté rurale. Rappelons qu’en tout temps, la pauvreté affecte plus les ruraux que les citadins. Selon la dernière Enquête périodique auprès des ménages (EPM 2010), elle concerne plus de 82% des ruraux, contre 54% pour la population urbaine. Pour les 3 prochaines années, la stratégie sur la mécanisation rizicole vise à promouvoir la production de matériels motorisés de petite et de moyenne puissance, soit entre 25 et 50 CV. Elle entend aussi répondre aux demandes des zones ayant besoin de matériels de grande puissance (à partir de 100 CV). Plusieurs études menées à travers le monde ont démontré le rôle de la technologie sur le rendement. Au Mali par exemple, la stratégie de mécanisation a permis d’afficher un rendement de 6 t/ha, contre 4 t/ha sans motoculteur. A Madagascar, quelles sont les activités à mettre en œuvre pour atteindre un tel objectif ? La stratégie définit deux axes clairs, soit les outils politiques et techniques. Les premiers outils concernent les incitations fiscales pour améliorer l’accès aux matériels mécanisés, l’appui financier pour l’installation d’infrastructures, la normalisation et la certification des matériels… Quant aux 2èmes outils, ils portent sur les facilités pour mettre sur pied des fonderies, l’équipement des unités de production locale de matériels rizicoles. Concernant le financement de la mise en œuvre de la stratégie, le pays compte sur les bailleurs de fonds. En février prochain, la CARD tiendra son assemblée générale au Sénégal, alors que la grande rencontre de partenariat entre le Japon et les pays africains (TICAD) se tiendra en juin ; Le pays profitera de ces assemblées pour formuler des requêtes de financement. Fanjanarivo Le niveau d’équipement des riziculteurs :
Pour la sécurité alimentaire: La stabilité des prix du riz est un enjeu majeur Le riz occupe une place stratégique à Madagascar tant pour les revenus qu’il procure (43 % du Produit intérieur brut (PIB) agricole et 12 % du PIB national, cf. FAO/UPDR, 2000) que pour sa place dans la consommation des ménages (environ 115 kg/tête/an, cf. Carimentrand, 2011). Compte tenu du niveau de pauvreté de la population, la stabilité des prix du riz est un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire. C’est de l’expérience malheureuse de la gestion de la crise de 2004 que va émerger un dispositif original de gouvernance des politiques de stabilisation. Cette année-là, le marché intérieur connaît une flambée des prix d’une ampleur exceptionnelle (+ 90 % entre janvier et décembre), due à une dépréciation brutale de la monnaie nationale, à une hausse du prix international du riz et aux dégâts causés par le passage de deux violents cyclones. L’État intervient en négociant 100 000 t de riz avec le gouvernement thaïlandais, en accordant des facilités à un pool d’importateurs chargés de l’opération, en subventionnant le transport et en fixant les marges de distribution. Mais cette opération n’a pas permis d’éviter la pénurie : elle est intervenue très tardivement, de façon désorganisée, tout en décourageant les opérateurs, plongés dans une grande incertitude, d’importer par ailleurs (Dabat et al., 2006). Du fait de la mauvaise estimation des déficits et des besoins, du manque de transparence des actions du gouvernement et de la mauvaise coordination avec le secteur privé, les interventions de l’État ont finalement aggravé la situation. C’est dans ce contexte que deux nouveaux outils d’aide à la décision sont mis en place en 2005, avec l’objectif d’instaurer une nouvelle forme de gouvernance favorisant la circulation de l’information et impliquant les opérateurs privés. L’Observatoire du riz L’Observatoire du Riz (OdR) produit et diffuse de l’information de marché à la fois auprès des opérateurs privés et des décideurs publics. Il publie un bulletin hebdomadaire sur les prix, des dossiers d’information technique et économique sur le marché de riz (plusieurs fois par an) et des notes de conjoncture (souvent à la demande des décideurs). La Plateforme de concertation et de pilotage de la filière riz (PCP Riz) est composée de huit collèges représentant les différents types d’acteurs de la filière. Elle a pour mission : (i) de favoriser les rencontres, le dialogue et les échanges d’information entre eux et avec l’État, et (ii) de faire des propositions au gouvernement concernant la politique rizicole en général et les politiques de stabilisation du prix du riz en particulier. La Plate-forme s’appuie notamment sur les informations fournies par l’OdR. Cinq années d’expérience de ces deux dispositifs permettent d’en dégager l’intérêt et les limites dans l’élaboration des politiques publiques. Le marché du riz a depuis lors été confronté à trois épisodes de crise. De février à avril 2007, des cyclones provoquent dans certaines régions des dégâts importants sur les infrastructures de transport et la production. Le suivi rapproché du marché et la concertation entre l’État, les agences d’aide, et l’OdR ont permis la mise en place de mesures adaptées (levée des entraves au commerce, aide d’urgence ciblée). Finalement, la hausse des prix est restée limitée dans l’espace et le temps. Lors de la flambée des prix internationaux de 2007-2008, le dispositif a permis une meilleure estimation des besoins et une plus grande transparence des interventions publiques (négociation avec l’Inde de 50 000 t de riz à prix préférentiel, exonération de TVA, subvention des semences et engrais pour la production de contre-saison). En défaveur des producteurs De ce fait, les importateurs ont anticipé la hausse : ils ont passé commande précocement et il n’y a pas eu d’activité spéculative autour d’un éventuel déficit d’offre. La flambée des prix internationaux n’a ainsi pas été ressentie sur les marchés intérieurs. Enfin, en 2009, dans le contexte de la crise politique que traversait le pays, le gouvernement a mis en place des distributions de riz subventionné à 50 %, alors que la récolte battait son plein. La PCP est intervenue pour demander l’arrêt de cette opération, ce qui a permis de réduire la durée des distributions et leur effet dépressif sur les prix du riz local. Au total, depuis 2005, le marché n’a pas connu de perturbation majeure, malgré un contexte international et national fortement perturbé. Si l’OdR a indéniablement amélioré le niveau d’information des décideurs sur la situation du marché national, le poids réel de la PCP dans la décision publique est plus difficile à établir de façon précise, même s’il est certain qu’elle a permis d’amorcer un changement de pratiques dans l’élaboration des politiques. La principale limite du dispositif concerne son rôle uniquement consultatif : en période de crise, les enjeux politiques de court terme prennent facilement le dessus sur les avis de la PCP. Une autre limite concerne les inégalités de pouvoir et de compétence entre les opérateurs qui participent à la PCP, celles-ci jouant notamment en défaveur des producteurs. Source : Gérer l’instabilité des prix alimentaires dans les pays en développement. Une analyse critique des stratégies et des instruments. Franck GALTIER CIRAD <!-- var prefix = 'ma' + 'il' + 'to'; var path = 'hr' + 'ef' + '='; var addy27438 = 'franck.galtier' + '@'; addy27438 = addy27438 + 'cirad' + '.' + 'fr'; document.write( '<a ' + path + '\'' + prefix + ':' + addy27438 + '\'>' ); document.write( addy27438 ); document.write( '<\/a>' ); //-->\n franck.galtier@cirad.fr avec la collaboration de Bruno VINDEL Agence Française de Développement, AFD vindelb@afd.fr . Préface de Peter TIMMER Harvard University |
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