Morondava: Des pirogues modernes en fibre de verre

Publié le par Alain GYRE

Morondava: Des pirogues modernes en fibre de verre       

Vendredi, 30 Août 2013

Le lycée technique et professionnel en charpente maritime de Morondava, en collaboration avec WWF,  réalise des pirogues modernes en fibre de verre qui ont le mérite d'épargner le bois.

 

Plus rapporte Communications Officer WWF MWIOPO, c’est une petite révolution pour les pêcheurs du Menabe : des pirogues fabriquées avec de la fibre de verre. Des petits bijoux réalisés par les élèves du lycée technique de Morondava et qui ont le mérite de remplacer l’usage du bois « farafatsy », le Givotia madagascariensis, espèce rare de la région et aujourd’hui en voie de déclin.

 

Le proviseur du lycée technique de Morondava, Roger, et le chef de travaux de ce lycée, Théodore Tsitohery ont présenté hier soir, durant un atelier thématique de la Rencontre professionnelle de la pêche du Menabe, les prototypes de cette fameuse pirogue en fibre de verre.

 

 

 

 Le verre sauve le bois

 

Le département de construction navale en bois de ce lycée de Morondava est l’un des premiers initiateurs de cette formation à Madagascar, grâce à un partenariat avec WWF. « Ces pirogues en fibre de verre représentent une alternative appréciable, au regard de la déforestation. Les pêcheurs utilisent habituellement le « farafatsy » pour construire leurs pirogues, mais ce bois disparait à vue d’œil aujourd’hui, victime de cette coupe collective » explique le proviseur du lycée.

 

En effet, les pêcheurs de Morondava et de Belo sur Tsiribihina ne sont pas les seuls à utiliser ce bois : les commandes affluent d’Andavadaoka à Ihorombe, rendant la pression sur le « farafatsy » particulièrement importante, à un tel point qu’il est maintenant difficile de trouver un Givotia madagascariensis de taille adulte dans le Menabe. « Pourtant, ces pirogues de bois ne sont pas résistants. Leur durée de vie moyenne est de deux à trois ans tandis que les pirogues en fibres de verre peuvent s’utiliser pendant une quinzaine d’années » souligne Théodore Tsitohery.

 

Il faut quatre jours pour fabriquer une pirogue de modèle « molanga » qui mesure 7,5 à 8m et deux semaines, pour construire la grande barque à balancier baptisée « lakana fiara ». « Huit matériaux différents sont utilisés pour la fabrication, du moulage jusqu’au produit fini. Deux boitiers étanches sont disposés de part et d’autre de la pirogue, ils renferment des bouteilles hermétiquement fermées qui permettent à la pirogue de ne pas prendre l’eau, en cas de grosses vagues. Bref, nous avons pris le meilleur de la pirogue traditionnelle et nous l’avons amélioré pour obtenir ce nouveau modèle, moderne et écologique », selon toujours le chef de travaux du lycée technique de Morondava.

 

Les prototypes n’ont pas laissé les pêcheurs indifférents, conscients des impacts de la coupe sélective de bois pour la construction des bateaux et soucieux d’améliorer leurs équipements. « Nous souhaitons introduire ce nouveau modèle de pirogues dans notre association. Mais nous apprécions aussi le fait que nous serons de moins en moins dépendants des ressources de la forêt pour notre travail de tous les jours» estime Christian, membre du groupement des pêcheurs professionnels du Menabe.

 

 

 

Une nouvelle ère

 

Ce projet de construction de pirogues en fibre de verre est le fruit de la coopération du lycée technique de Morondava et de WWF. « Nous avons déjà travaillé sur ce projet en 1997-2000, à travers le financement d’une autre organisation. Depuis 2013, notre département de construction navale a pu reprendre la formation en partenariat avec WWF. Depuis février 2013, nos élèves, encadrés par leurs professeurs, ont pu s’atteler à la construction de dix pirogues en fibre de verres et un gros bateau à balanciers » commente Roger, proviseur du lycée moderne de Morondava. 80 des 150 lycéens sont inscrits à ce département de construction navale, ils se spécialisent dans la construction de bateaux, vedettes, pirogues et boutres.

 

Le seul hic serait le prix de ces nouveaux modèles, étant donné la cherté de la matière première qu’est la fibre de verre : une pirogue en fibre de verre du modèle « molanga » est estimé à 1 600 000 Ariary, contre 400 000 Ariary, pour une pirogue de bois, « mais la durée de vie des pirogues en fibre de verre les rendent plus rentables », selon Christian, le pêcheur professionnel. La rencontre professionnelle de la pêche qui se tient jusqu’au 30 septembre 2013 à Morondava a été pensée pour permettre aux acteurs de la filière d’établir les premiers contacts et faire fructifier les collaborations. Ainsi, les pêcheurs pourront bénéficier d’appuis financiers pour améliorer leurs équipements, notamment à travers la micro-finance. « Nous sommes conscients que nous sommes dans une nouvelle ère, que nous devons améliorer notre activité, voilà pourquoi, nous sommes particulièrement intéressés par le système de micro-finance, notamment pour acquérir de nouveaux équipements plus efficaces et moins dépendants de nos ressources forestières », ajoute Théodore Tovagna, pêcheur originaire de Belo sur Tsiribihina.

 

En attendant, le lycée technique de Morondava et quelques associations de pêcheurs ont déjà entamé leurs collaborations : « Les encadreurs du lycée peuvent former les pêcheurs eux-mêmes à la fabrication de ces pirogues modernes. Ils pourront construire leurs propres pirogues en fibre de verre au sein de leurs associations » nous dit le proviseur du lycée technique. Une première formation a déjà été faite à Anosikely, avec succès.

La Gazette

 

Publié dans Revue de presse

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