Peinture : L'impressionnisme au menu
Peinture : L'impressionnisme au menu
Les transporteurs de briques de Raharivony
Ils sont cinq peintres, issus de l'école de celui-qui-s'est-fait-tout-seul, des autodidactes toujours en quête d'un avenir meilleur pour leur art. Exposition au Hall de la gare Soarano.
Puissance confinée avec des diagrammes consistants de pointillés, c'est de cette manière que Raharinarivo présente l'un de ses tableaux, « Transporteurs de briques ». Jusqu'à jeudi, cet artiste et quatre de ses compères, se tenant des forces visuelles et des lignes assurées, exposent au Hall de la Gare à Soarano.
« Nous faisons un peu partie de la nouvelle génération. Et nous sommes tous autodidactes »,
souligne Jeannot, l'un des exposants. Néanmoins, ils connaissent du bout du pinceau les aventures de Gauguin et les ripailles de Rubens, en moins sage cependant. Quarante et un tableaux, ça se visite et ça laisse de beaux espoirs. Nous avons cette œuvre militante de Jeannot, peintre venant de l'Androy, qui pratique le classique entourant ses personnages d'une volupté abstraite.
Le visiteur la retrouvera facilement dans « Fille pensive » qui représente une gamine
malheureuse, délaissée par son père sous le sceau de la polygamie. Le mérite ou la tare, c'est selon, de cet artiste est de ramer à contre-courant. « Dans le sud, c'est devenu une culture. Pourtant, ça était importé par la civilisation arabe. La mentalité malgache est surtout monogame », explique t-il. Il pourrait attirer les fou-dres des « traditionnalistes » de sa région. Jeannot s'en moque.
Source inventive
Ensuite, vient le portraitiste invétéré Dolph. Plus proche des vieux personnages que des jeunes. Rechercher des repères, c'est de cette manière que la peinture lui parle. Tout comme l'ancienneté, un peu le miroir ensorceleur de l'éternité, il préfère capter la sagesse. Des plis de la peau à la manière du port traditionnel du « lamba », il infuse des couleurs en disséminant les contrastes et les gammes de couleur. « C'est à partir d'anciens timbres - poste que je tire mes modèles. C'est petit, mais j'essaie d'atteindre les détails avec mon imagination », clame Dolph. Deux autres peintres attendent encore d'être découverts. Mahenina et Naivo Haja gardent les formules qui gagnent toujours. Scène de vie quotidienne où la mise en scène de l'affection, que ce soit humaine ou paysagiste, se trouve toujours dans le collimateur. Traits fins, simple signe de précision, gestuels persistants frisant l'art primaire, ce sont pourtant des détails qui font encore vivre et résister la peinture malgache des grandes galeries au
marché à ciel ouvert d'Analakely.
Les cinq artistes quitteront le Hall de la Gare jeudi.
Maminirina Rado
Mercredi 30 octobre 2013
L’Express