Production agricole : Le pays se prépare au pire

Publié le par Alain GYRE

Production agricole :  Le pays se prépare au pire

 

La production totale de riz a affiché une baisse de 21% cette année. Madagascar risque de connaitre une période de soudure plus rude que les années précédentes. Une cellule de crise est mise en place pour anticiper le danger.

1 riziere2

Le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) craignent le développement de l’insécurité alimentaire dans la Grande Île. Le pays n’a pas été épargné cette année par l’invasion de criquets et la météo. Un grand déficit de sa production agricole a été constaté. La période de soudure (ndlr : du mois d’octobre jusqu’au mois de mars) risque ainsi d’être très rude.

 D’après ces deux organisations internationales, l'insécurité alimentaire risque de toucher 9,6 millions personnes supplémentaires (déjà 4 millions de personnes sont déjà touchées dans 20 régions sur les 22). Et pour cause, « la production rizicole a fléchi de 21% cette année, ce qui entraînera un déficit national de riz de 240 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2013/14. Quant à la production de maïs de 2013, elle ne saura satisfaire les besoins intérieurs et on estime à 28 000 tonnes les besoins d'importation pour combler le déficit », rapportent les deux organisations.

 L’heure est donc grave car le riz est l’aliment de base des Malgaches. Le risque de spéculation est grand. La flambée du prix est à craindre alors que la majorité des consommateurs a déjà du mal à accéder aux produits au tarif actuel (entre 0,50$ et 1 $ le kilo). Face à tout cela, le gouvernement a décidé de mettre en place une task force regroupant les ministères les plus concernés par cette filière ainsi que les acteurs privés. Il s’agit d’une cellule de crise alimentaire.

« La Task force a comme priorité de mener une enquête pour déterminer que les gaps annoncés par la FAO et le PAM sont réels. Si tel est le cas, il étudiera les mesures à prendre *», explique Julien Andriamahazo, chef de service de sécurité alimentaire auprès du ministère de l’Agriculture. C’est la première fois que Madagascar instaure une cellule de ce genre étant donné l’ampleur de la menace.

 

Encadrés :

 

 

Importations de riz en hausse

 

Actuellement, le pays importe en moyenne 200000 tonnes de riz par an. Les importateurs de riz se sont engagés à augmenter le volume d’importation depuis deux ans. Ils pourraient encore sauver la mise cette année.

 Suite aux invasions acridiennes qui ont ravagé une bonne moitié du pays durant la saison sèche, la productivité à l’hectare, déjà relativement faible avec 2 tonnes à l’hectare, a chuté. A tel point que les importations de riz ont augmenté de 59000 tonnes en glissement annuel sur les 6 premiers mois de l’année atteignant le chiffre record de 220 800 tonnes.

 

l’Etat mis à l’index

 La Banque mondiale a décidé d’allouer 10 millions de dollars à Madagascar pour la lutte contre l’invasion acridienne contre un million de dollars de l’Etat malgache. Haleh Bridi, le country director pour Madagascar de la Banque Mondiale juge cette somme insuffisante.

« La réponse de l’Etat malgache a été d’affecter un million de dollar ce qui est une somme moindre par rapport à une crise de cette ampleur. Mais nous ne pouvons pas non plus décider à sa place », rapporte Haleh Bridi.

La FAO estime le coût total de la campagne à 41,6 millions US$ dont  22 millions devaient être obtenus avant le mois de juin dernier. La somme est encore loin d’être réunie. En attendant, le bilan officiel au 30 juin estime la surface infectée à 206 026 hectares depuis le mois d’octobre 2012. Les essaims ont été localisés dans 16 régions de la Grande Île. Seuls 47,7% de la superficie totale ont cependant été traités. Actuellement, 70% de la population est menacée d’insécurité alimentaire à cause de cette catastrophe naturelle.

Publié dans Revue de presse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Il est malheureux que certains pays dépendent encore du secteur primaire pour leur survie !
Répondre