Rabearivelo reste insaisissable
Rabearivelo reste insaisissable
22 juin 1937, Jean-Joseph Rabearivelo s'est donné la mort. Hier, la Havatsa-Upem a organisé une cérémonie d'hommage à l'écrivain au ministère des Affaires étrangères. Connu ailleurs et pourtant méconnu de la plupart de ses compatriotes, Jean-Joseph Rabearivelo s'avère être le chantre de l'identité malgache. Henri Rahaingoson parle d'un écrivain de l'espoir et du précurseur du dialogue culturel.
Les membres de sa famille ont été invités à la cérémonie. Sa fille Noro Rabearivelo, l'une de ses cinq enfants, parle d'un père attentionné. Les sorties à Ampefy et à Amboatany marquent son enfance. Pourtant, elle avait à peine quatre ans quand son père a décidé de quitter cette terre pour un univers certes meilleur.
« Il se nommait à la naissance Casimir Rabe. Il s'est attribué le nom de Jean-Joseph Rabearivelo. À l'âge de 13 ans, il a quitté l'école. Il s'est fait renvoyer de l'école Saint-Michel, étant surpris en train de lire La fleur du mal de Beaudelaire », raconte Noro Rabearivelo.
De sa passion pour la littérature, sa fille se souvient de ses innombrables courriers et de la manière dont il a apprivoisé le français. Autodidacte et grand dévoreur de livres, Rabearivelo est entré en contact avec de nombreux hommes de
lettres du monde entier.
Fin mystérieuse
« Il reçoit trente courriers par jour. Il en a même reçu de Paul Valéry, car il a traduit quelques-unes de ses œuvres. C'est en donnant des cours à sa future épouse, Marguerite Rabako, qu'il a appris à maîtriser le français, sur le conseil du père Razafintsalama et du Docteur Daviou », confie la fille de l'écrivain.
Le mystère de sa mort précoce reste entier, même pour ses proches. Noro Rabearivelo affirme avoir décelé un brin suicidaire depuis 1929, dans ses écrits sombres et ayant trait à la mort. Noro et Velomboahangy Rabearivelo sont les deux filles de l'écrivain qui sont encore parmi nous.
Domoina Ratsara
Samedi 23 juin 2012
L’Express