Ranoro

Publié le par Alain GYRE

Ranoro.

 

         Cette histoire est très ancienne : elle se passe au temps des Vazimba, les ancêtres des Malgaches, et des Zazavindrano, les Filles de l’Eau, qu’on rencontrait encore sur les rivières.

         Andriambodilova se reposait au bord de la Mamba. Tout à coup, au milieu de la rivière, il aperçoit une jeune fille, assise sur un rocher. Elle est tellement belle qu’il reste sans voix ; il la regarde sans oser bouger ni parler : ses cheveux sont si longs qu’ils trempent dans l’eau ; elle rêve, et ses grands yeux regardent vers la Forêt Bleue, où se trouve aujourd’hui Tananarive.

         Andriambodilova veut lui montrer son admiration : il se met à chanter avec une jolie voix très douce, et son chant monte vers le ciel bleu. La Belle aux longs cheveux l’écoute un moment, puis elle plonge, dans la rivière. Andriambodivola est tout triste et l’appelle longtemps, les yeux fixés sur le rocher..Mais elle ne revient pas.

         Pendant plusieurs jours, le jeune homme revient à la même place, à la même heure : la Fille des Eaux est là, fidèle à ce rendez-vous. Mais toujours, quand il l’appelle, elle disparaît.

         Alors, il imagine une ruse : un matin, il la voit dormir sur le rocher. Sans bruit, il nage entre deux eaux pour aller jusqu’à elle, et saisit une de ses longues mèches qui flotte sur l’eau comme une algue souple.

         Elle ouvre de grands yeux étonnés et veut plonger ; mais Andriambodilova ne lâche pas la mèche, et elle ne peut plus bouger. Il monte alors sur la roche, à côté d’elle.

         -Je ne me sauverai pas, dit-elle, et sa voix est aussi douce que son regard. Mais ne tire plus sur mes cheveux, tu me fais mal. Que veux-tu ?

         -Dis-moi quel est ton nom. Je ne peux pas vivre sans toi. Veux-tu être ma femme ?

-Je m’appelle Ranoro. Mon père est Andriantsira, le Seigneur-du-Sel. J’habite au fond de la rivière avec le peuple des Eaux, dans les grottes où l’eau n’entre pas. C’est le plus beau pays du monde. Mais moi  aussi je t’aime, et je veux bien rester sur la terre. Si j’ai plongé plusieurs fois, c’était pour voir si tu allais revenir. Car on est malheureux lorsque l’amour n’est pas partagé. Emmène-moi dans ta case. Je serai ta femme, mais pour cela, tu dois me promettre une chose.

         -Parle, dit le jeune homme.

         -Jamais tu ne diras le mot sel devant moi.

         Andriambodilova promet. Tout heureux, il emmène sa fiancée dans sa belle case à la sortie du village. En marchant, Ranoro relève ses cheveux pour qu’ils ne traînent pas dans la poussière.

         Les années passent. Ranoro et Andriambodilova sont heureux ; ils ont beaucoup d’enfants… Malheureusement, mon histoire n’est pas finie !

         Un matin, Andriambodilova décide d’aller travailler dans son champ toute la journée. Avant de partir, il dit à Ranoro :

         -N’oublie pas d’attacher le veau, sinon il ira vers sa mère, et nous n’aurons plus de lait ce soir.

         Ranoro est très étourdie : elle attache le veau par la queue, puis elle rentre à la maison pour faire son ménage. Le veau se débat, réussit à se détacher, et court vers sa mère boire tout son lait.

         Quand Andriambodilova revient du champ, il aperçoit de loin le veau qui joue auprès de la vache. Il se met dans une grande colère :

-Tu n’es bonne à rien, crie-t-il à sa femme. Tu seras toujours une Fille-du-Sel !

         A ce mot, Ranoro, sans même embrasser ses enfants, court vers la rivière et plonge.

         Andriambodilova va l’appeler au bord de l’eau, mais elle ne revient pas. Sa peine est trop grande ; il rentre chez lui et pleure sans arrêt. Ses enfants, qui ne voient plus leur mère, se mettent aussi à pleurer. A la fin, leur père se met en colère et leur crie :

         -Mais taisez-vous donc, Enfants-du-Sel !

         Cela n’arrange pas les choses, car Ranoro ne reviendra jamais plus sur terre.

 

         On raconte pourtant qu’Andriambodilova et ses enfants la voyaient souvent en rêve : elle leur donnait des conseils. Les gens du pays la voyaient parfois aussi et elle leur disait :

         -Si vous ne m’oubliez pas, je continuerai à vous protéger ; et si vous venez à la Maison de pierre où je me suis cachée, je vous aiderai.

         L’endroit où Ranoro s’est jetée dans la rivière est devenu sacré. Sa Maison de pierre se trouve au village dAndranoro, près de Tananarive. C’est une grotte pleine d’eau, près d’un grand rocher où elle a posé son lamba avant de disparaître. Beaucoup de gens passent par là, et lui demandent son aide. On dit qu’elle les conseille toujours.

 

Répondons aux questions :

Qui étaient les Zazavindrano ?

Qu’y avait-il autrefois à la place de Tananarive ?

Que fait Andriambodilova pour plaire à Ranoro ?

Pourquoi la Fille des Eaux plonge-t-elle quand Andriambodilova l’appelle ?

Décrivez le pays de Ranoro : où vit-elle ?

Quelle promesse Andriambodilova doit-il faire à Ranoro ?

Reanoro est étourdie : qu’a-telle fait ?

Pourquoi disparaît-elle ?

Comment s’appelle l’endroit sacré  où Ranorp s’est cachée ?

Que vont y faire les gens aujourd’hui ?

 

 

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