Sambatra
Sambatra
Cérémonie de circoncision
recueillis par Robert Andriantsoa (malagasy58@gmail.com)
L’origine et l’importance de la circoncision
Selon la tradition orale, la circoncision serait une coutume héritée des immigrants arabes ayant contribué au peuplement de Madagascar. On retrouve cette coutume dans toutes les régions et dans tous les groupes ethniques. Elle est par exemple appelée « Sambatra », ce qui signifie « félicité », par le peuple Antambahoaka, habitant le sud-ouest de Madagascar. Sur les Hautes Terres Centrales, dans l’Imerina, la cérémonie est appelée « hasoavana », ce qui signifie « heureux évènement » ou tout simplement « famorana », la circoncision. Même si la tradition orale ne précise plus les raisons originelles de la circoncision rituelle, sa signification demeure inchangée. C’est celle de marquer au sein de la famille, du village ou du clan le caractère masculin des petits garçons. C’est donc par cette cérémonie que les garçonnets, souvent âgés de près de quatre ans, intègrent la communauté des hommes, au sein de la société traditionnelle malgache.
La cérémonie de la circoncision
Afin de prévenir les infections ou autres complications de la plaie, l’hiver austral est choisi pour l’opération : de mai à septembre. La date de la cérémonie est déterminée par le « mpanandro », devin astrologue. Pour les Antambahoaka, le « sambatra » est pratiqué tous les sept ans, de par son caractère clanique et communautaire. Pour d’autres, la circoncision est un événement familial peut se faire chaque année. La veille de la cérémonie, il est d’usage que des jeunes hommes forts aillent puiser le « ranomahery », eau pure et puissante, servant à bénir les garçonnets. Les chants et les danses commencent, et le garçonnet est porté par les hommes pour faire sept fois le tour de sa maison. L’opération proprement dite est pratiquée par le chirurgien traditionnel, « rain-jaza ». Seuls les hommes peuvent y assister. La cérémonie se termine quand le garçon circoncis est revêtu du « malabary », longue chemise spécialement confectionnée.
L’ethnie des Antambahoaka , gens du peuple qui vivent dans la région de Mananjary ont conservé certaines traditions musulmanes : tous les 7 ans, ils célèbrent les fêtes rituelles de la Sambatra, circoncision collective des jeunes garçons.
La fête, préparatifs compris, dure 4 semaines, tout le mois d’octobre ; au cours du mois les travaux suivants sont réalisés :
- la maison du roi est rénovée
- les pères ornent les faîtages des toitures de 3 colombes sculptées symbolisant l’arche de Noé, placent un arbre sacré qui est censé porter l’âme des jeunes garçons circoncis.
- Les mères préparent les tenues rouges des enfants (bonnets et robe) et les nattes sur lesquelles ils seront opérés.
- Les bambous récupérés dans la forêt serviront à transporter le betsa betsa jusqu’au fleuve, pendant la procession qui aura lieu vendredi
Tous ces préparatifs se déroulent dans une ambiance festive : aux chants cadencés des femmes répondent les tambours.
Le jeudi, à partir de minuit, les jeunes sont allés chercher l’eau sacrée à l’embouchure du fleuve ; cette eau servira à laver les plaies des enfants après l’opération
Les femmes passent la journée précédant l’opération à prier.
Le vendredi matin, dès 5 heures, le zébu est amené devant la maison du roi et les hommes le préparent pour le sacrifice pendant que les femmes dansent au rythme des tambours.
La circoncision est une coutume pratiquée dans tout Madagascar. Même si les noms de la cérémonie et des rituels varient d’une région à l’autre, il s’agit toujours d’un rituel très important marquant l’entrée d’un garçonnet en tant qu’homme au sein de la société traditionnelle.
Enfin le sacrifice a lieu, après la prière du roi : moment émouvant et cruel !!!
Le zébu est ensuite découpé et à 11 heures les morceaux sont distribués aux membres des différentes maisons.
Les femmes continuent les préparatifs et tissent les nattes devant ( ou dans) la maison du Roi
A 12 heures, les enfants vêtus de leurs vêtements rouges arrivent devant la maison du roi
On place autour de leur taille un grigri contenant quelques grains de riz symbolisant la nourriture dont ils auront besoin pour aller vers le fleuve.
Vers 13h 30 le cortège part : les enfants sont portés sur les épaules d’un homme (en principe leur oncle) vers l’embouchure du fleuve, accompagnés des femmes ; le long cortège va aller ainsi pendant plus d’une heure, en chantant.
Les bambous remplis de betsa betsa sont transportés et bus pendant le trajet.
Un homme porte sur la tète l’eau préalablement bénie par le roi qui sera versée dans le fleuve.
De l’autre coté du fleuve, l’autre village a organisé la même cérémonie et marche aussi vers l’embouchure à la rencontre des habitants de Mananjary.
Les deux groupes se rencontreront de chaque coté du fleuve, lanceront les bambous qui symbolisent la possibilité de franchir le fleuve pour se côtoyer, pour que le frère et la sœur séparés il y a bien longtemps se retrouvent enfin.
En effet, la légende raconte que deux enfants, un frère et une sœur, vivaient à Mananjary : un jour de mauvais temps la sœur a traversé le fleuve et n’a pu revenir ; elle a poursuivi sa route jusqu’à Manakara, Fort Dauphin , créant ainsi les différentes ethnies alors que le frère, très triste est resté à Mananjary .
Tous les 7 ans, c’est donc la rencontre entre le frère et la sœur, entre les différentes ethnies de la cote est.
Les enfants circoncis seront enfin des hommes après la cérémonie et se distingueront du sexe opposé.
Des centaines d’enfants se font circoncire jusqu’à l’age de 10 ans ou simplement bénir si la circoncision a déjà eu lieu avant
Des milliers de personnes venues de toute la région sont réunies et ce n’est que musique, chansons, danses, aux quatre coins de la ville.