Tsikoloto.

Publié le par Alain GYRE

 

Tsikoloto.

Une vieille femme à court de tabac à mâcher alla en chercher dans un village, de l’autre côté de la rivière.

Elle avait commencé la traversée quand un caïman, alerté par le clapotis de l’eau, la flagella de sa queue. La vieille femme s’évanouit et le reptile l’emporta dans sa tanière.

Lorsqu’elle revint à elle, la vieille comprit où elle était. La tanière du caïman était un abri souterrain creusé sous la rive. Il ne fallait pas songer à s’enfuir : une seule issue donnait sur le lit de la rivière –une issue qui servait d’entrée et de sortie – mais l’eau était profonde à cet endroit. Au demeurant, la rivière était infestée de reptiles.

Le caïman était absent. La vieille femme se dit qu’il était parti aviser ses proches du festin qu’il donnerait bientôt chez lui. « Pauvre de moi ! », gémit-elle.

Au même instant, des cris se firent entendre là-haut sur la rive : ‘Ou ! Ou ! », « Ou ! Ou ! ». La prisonnière crut que c’étaient les siens qui la cherchaient, et poussaient le retentissant « hazolava ! ». elle s’agita tant et si bien que sa tête vint à heurter le toit de la tanière, qui s’écroula.

Le trou fit entrer la lumière. Après une petite escalade, voilà la vieille femme sur la rive, saine et sauve !

Mais, en retrouvant le jour, la rescapée s’aperçut que la rive était déserte. Personne ne la cherchait, personne ! il n’y avait rien qu’un grand tamarinier au feuillage touffu.des cris retentissaient dans le feuillage. La vieille femme s’avança vers l’arbre au fruit acide. Au pied du tronc, elle leva la tête, promena son regard à travers les branches et, oh !, découvrit un tsikoloto qui poussait d’interminables « Ou ! Ou ! », le cri habituel de cet oiseau.

-          Ma profonde reconnaissance, oiseau sauveur, oiseau au cri libérateur !

La vielle femme rentra chez elle.

Au village, elle réunit ses descendants et raconta son histoire. Et elle maudit celui de ses enfants qui tuerait un tsikoloto.

C’est pourquoi les Tandroy ne tuent jamais de tsikoloto. C’est pourquoi ils vénèrent cet oiseau et le considère comme une grand-mère.

Contes et légendes Tandroy

SAMBO adaptation Olivier BLEYS

L’Harmattan

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