Vannerie: Les espèces marécageuses menacées

Publié le par Alain GYRE

Vannerie: Les espèces marécageuses menacées

     

 

Mercredi, 13 Février 2013

Les zones marécageuses fournissent des matières premières végétales potentielles pour l’artisanat à Madagascar, en particulier pour la vannerie.

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Elles abritent non seulement des herbacées mais aussi des arbres. Ces plantes varient d’une région à l’autre mais elles sont plus diversifiées dans la partie est de l’île, zone plus riche en marécages. Selon les résultats des études réalisées et les bases de données de Missouri botanical garden (MBG), les herbacées marécageuses communément exploitées appartiennent à la famille des Cyperaceae comme Lepironia articulata (« penjy », « rambo » ou « mahampy »), Cyperus latifolius (« herana »), C. papyrus (« zozoro »), Eleocharis plantaginea, E. dulcis (« harefo ») et à la famille des Typhaceae dont Typha domingensis (« vondro »). Concernant les arbres de marécage, on peut citer le palmier Raphia farinifera (« rofia ») appartenant à la famille des Arecaceae qui est une espèce de plante naturalisée à Madagascar, l’espèce endémique Ravenala madagascariensis (« ravinala ») appartenant à la famille des Strelitziaceae et les espèces de Pandanus (« vakoana ») de la famille des Pandanaceae.

Ces plantes sont utilisées pour la fabrication d’articles de vannerie allant des objets utilitaires (paniers, sacs, nattes, chapeaux, récipients de toutes tailles, vans à riz, nasses, ..) jusqu’aux objets décoratifs (rideaux, sets de table, cadres, boîtes et étuis…). Les écorces et les feuilles de certaines plantes (Ravenala, Pandanus, Typha) servent également à la construction des toits et murs des cases locales surtout dans la partie orientale de Madagascar. En fait, les plantes des marécages utilisées dans l’artisanat constituent une source d’emplois et de revenus non négligeables pour la population locale. Leurs valorisations doivent être considérées comme un premier pas vers un développement durable. Pourtant, l’exploitation massive et l’utilisation irrationnelle ainsi que la destruction de leur habitat naturel surtout par la transformation des marécages en rizière, menacent la survie des plantes de marécage utilisées dans l’artisanat. Il faut aussi noter que depuis plusieurs années déjà, l’appétit gargantuesque de la Chine pour tous types de matières premières participe à l’exploitation non durable de plusieurs plantes à fibres utilisées dans l’artisanat. Le raphia en fait partie.

Les artisans s’en plaignent car les fournisseurs préfèrent servir les Chinois qui proposent des prix plus intéressants tout en acceptant de gros volumes. Les matières premières sont exportées sur la Chine. Ce phénomène a cours depuis environ une décennie déjà et fait augmenter les prix des matières premières sur le marché local. Des artisans ont déjà lancé des sonnettes d’alarme sur la question mais aucune mesure n’a été prise jusqu’ici, alors que des études ont été déjà menées sur ce domaine. De son côté, MBG avance que des mesures de gestion rationnelle et de conservation durable s’imposent. Ainsi, la domestication, soit la restauration et la culture de ces espèces marécageuses devrait constituer une meilleure conservation de ces plantes et contribuer à l’augmentation de la production. Ce genre de mesures peut s’appliquer au cas de la conservation de Lepironia articulata dans le Sud-Est de Madagascar par des associations des vanneuses.

Recueillis par Fanjanarivo

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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