Conte: Barikiny, ou le Pauvre

Publié le par Alain GYRE

 

Barikiny, ou le Pauvre

 

Ce Barikiny, à ce qu’on dit, était le fils d’un homme très pauvre. Et pourtant, malgré sa pauvreté, il était charitable : si par hasard il trouvait un homme dans la misère, et qu’il pouvait faire quelque chose pour lui, il l’aidait. Et s’il trouvait un cadavre qu’il fallait enterrer, il n’hésitait pas…, même s’il n’avait qu’un bout de bois pour creuser, il l’enterrait.

Un jour, il partit. Et il rencontra un soldat. Le soldat lui demanda :

- Où vas-tu ?

- Ah, dit-il, je vais, tout simplement, au hasard.

- Toi, dit le soldat, tu peux nous aider, nous assister à la guerre ?

- Ça, mon ami, c’est une chose que je n’ai jamais faite !

- Si c’est comme ça lui dit le chef des soldats, va, tu peux partir.

            Il partit encore. Le voilà parti.

- Toi, lui dit le chef des soldats, un grand gars comme toi, même une petite arme tu n’en as pas !

- Non ! Cela je ne l’ai jamais eu, car je suis un fils de pauvre.

- Prends ce poignard, lui dit le chef des soldats, il pourra te sauver plus tard. Et maintenant, où est-ce que tu vas ?

- Je suis fils de gens pauvres, personne ne m’a aimé, ni mon père, ni ma mère. Aussi je vais au hasard, je voyage à l’aventure.

            Il partit… Il arriva dans une grande forêt profonde…   Il y était entré dans la matinée, mais à la nuit il n’en avait toujours pas trouvé la sortie. Il y avait là un grand arbre, sur lequel il monta, à ce qu’on dit, et il dormit au sommet de l’arbre. Alors qu’il dormait déjà, il voit venir de loin une bête, une bête énorme !

            Et la bête aussi le voit. Elle lui dit :

- Descends !

- Je ne descendrai pas.

- Je vais monter te dénicher, lui dit la bête !

- Monte alors, si tu es de force avec moi.

            La bête a grimpé, à ce qu’on dit. Et le garçon avait un poignard. Comme la bête en grimpant était arrivée jusqu’à lui, il lui a donné un grand coup de poignard. Morte ! La bête dégringole, et il lasse là.

- Je vais dormir ici. Que celui qui veut venir vienne !

            Et, le lendemain matin, il descend. Il écorche bien soigneusement la bête, il l’écorche. Après l’avoir bien écorchée, il prend la peau, et il s’en habille.

            Il part alors, continuant son voyage. Il trouve un village, avec tout près du village un embarcadère. Il s’arrête là. Passent des femmes qui vont puiser de l’eau. Elles le voient, et elles prennent la fuite, elles s’en retournent.

- Oh ! Il y a ici une sorte de bête étrange, inconnue !

            Le roi, le maître du village, quitte sa résidence pour venir voir :

- Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce qu’on vient mettre le trouble dans mon royaume ? Qu’est-ce que c’est que cette bête ? Moi, j’ai mes soldats.

            Arrivé là, le roi est bien étonné de le voir :

- Ne le tuez. C’est une espèce de bête que nous n’avons encore jamais vue ! Alors, il ne faut pas la tuer. Et on dirait qu’elle parle, qu’elle dit : Ne me tuez pas ! Ne me tuez pas ! Alors, il ne faut pas la tuer.

            On lui faisait des avances :

- Si tu n’es pas venu dans l’intention de mettre le trouble dans mon royaume, tu peux monter au village.

            Il est monté, à ce qu’on dit, il est monté, avec sa peau de bête. En le voyant monter au village on ne pouvait pas savoir que c’était un homme. Et une fois qu’il a été au village, on a réuni tous les habitants.

- Oh ! Voilà une bête comme on n’en a jamais vu ! On dirait un fils de roi ! Cependant, ajouta le roi, en vertu mon pouvoir absolu de roi et de souverain, je peux tout faire : je sais qu’ici il y a beaucoup de jeunes filles, dit-il, mais je n’en donne pas à cette bête, je sais qu’ici il y a beaucoup de maisons libres, mais je n’y laisse pas entrer cette bête. J’ai trois filles, je leur demande de choisir si elles veulent abriter cette bête dans leurs chambres.

            On appelle l’ainée.

- Quel est ton avis, Première-Née, on fait coucher cette bête chez toi ?

- Qu’est-ce que j’ai à faire de cette bête horrible ? Je ferais chambre commune avec ça ! Non ! si c’est ça, je ne vous suis pas. Plutôt me faire tuer, me faire couper le cou !

- Et toi, la Puînée ?

- Hé ! Moi, je suis du même avis que ma grande sœur.

- Et toi, Petite-Benjamine ?

- Bah ! Vous pouvez la mettre dans ma chambre.

            On a mis entrer chez elle le garçon, qui n’était autre que la bête. Une fois dans la chambre de Benjamine, il a ôté sa peau de bête. Alors, c’était un jeune homme, de toute beauté. Et elle lui a demandé :

- Mais alors, tu n’es pas une bête ?

- Non, je ne suis pas une bête, je suis un homme, et un homme des plus malheureux ! Mais, tout le bien que j’ai fait, dit-il, j’en serai récompensé un jour…

- Mais toi, lui dit Benjamine, la manière dont tu te présentes, ça me fait peur !

            Alors, la nuit, il a dormi. Et il y avait des esprits qui lui ont inspiré un rêve. Les esprits lui ont dit dans son rêve :

- Demain, dès le matin, au réveil, au chant du coq, tu iras à tel endroit, tu iras tout à fait au bout du village.

            Il est allé au bout du village. En arrivant là, il a des beaux habits alignés là, et des bijoux de femme en or. Il les a tous pris. Et puis il s’est couvert de son vêtement de peau de bête. En le voyant, les gens s’enfuyaient. Il a emporté le tout dans la maison de Benjamine.

- Toi alors, lui dit Benjamine, tu te prétends tellement pauvre, et tu as toutes ces belles choses ?

- Mais si ! C’est ce que j’avais dit qui m’arrive ! « Qui fait le bien à autrui, jamais ne se perdra. » J’ai fait le bien à beaucoup de gens, et cela n’a jamais causé ma perte. Jusqu’à présent, tel que tu me vois, je n’ai point connu ma perte. Qui sait si ce n’est pas l’effet de quelque bénédiction ?

- Si c’est comme ça, dit Benjamine, eh bien, je crois que je vais te garder ici. Mais surtout, ne te montre pas ! Si tu veux sortir, cache-toi toujours dans ta peau de bête.

- Oui.

            Et le roi l’appelait toujours « la bête ».

- Eh toi, la bête !

- Oui ?

- Fais-moi donc telle chose.

            Par exemple, il lui ordonnait de retourner sa rizière :

- Voilà ton travail ! Parce que tu n’es pas encore mon gendre, parce que tu es simplement un homme que j’ai recueilli, un homme comme ça, ton travail est de me retourner ma rizière. Mes serviteurs, je ne les laisse pas faire ce travail.

            Le garçon se met à pleurer.

- Et j’ai combien de temps pour finir ce travail ?

- Tu as jusqu’à après-demain.

            Une fois couché, la nuit, il pleure… Arrivent les esprits qui lui inspiraient ses êves :

- Qu’est-ce qui te rends si triste ?

- C’est la rizière qui est au nord du village, dit-il, la moitié de cette rizière, le roi veut que je la laboure, parce qu’il dit que je suis une bête. Mais moi, mon ami, je sais bien que je n’y réussirai jamais.

- Ne t’attriste pas pour ça, lui disent les esprits, les esprits qui lui inspiraient ses rêves. Demain matin, au  premier chant du coq, tu viendras ici. Il vaut même mieux pour toi, lui dit l’esprit, que tu y ailles dès minuit.

            Dès minuit, il ne dormait plus, le voilà parti. Il est resté là un bon moment, en faisant semblant de labourer un peu, et puis, quand le jour s’est levé, voilà des gens qui passent, et qui l’aperçoivent :

- Qu’est-ce qu’elle fait ici, cette bête ?

- Oh bien, elle nettoie cette grande rizière.

            Et voilà : tout est fini…

            Et pourtant… il n’avait rien fait, que de rester là. C’étaient les esprits, ceux qui lui inspiraient ses rêves, qui avaient tout fait. Ils lui ont déclaré :

- Tu seras heureux. Autrefois tu étais pauvre. Et pourtant tu nous a respectés, tu as été charitable envers nous. Maintenant c’est à notre tour d’être charitables avec toi. Mais ce roi, il voudrait bien te tuer, lui.

            Le temps passe, et voilà que la fille est enceinte. En la voyant enceinte, le roi est bien surpris. Il réunit l’assemblée de tous, tous les habitants du village.

- Je vous ai réunis, leur dit-il, pour une seule et unique raison : ma fille que voici est enceinte. Je ne vois pas quel est l’homme qui vient chez elle. Et d’après moi, c’est cette bête qui serait son amant. Et moi, sur cette affaire, je voudrais vous en faire à tous la démonstration.

- C’est bien, dirent les gens.

            L’enfant naît, et bientôt il marche. Le roi réunit les gens du village :

- L’enfant marche déjà, dit le roi ! Alors, je vais prononcer une incantation sur cet enfant. Et quand j’aurai prononcé sur lui l’incantation, il faudra qu’il se dirige vers celui qui est son père. Et si c’est quelqu’un d’entre vous, hommes de ce village, qui l’a rendue enceinte sans se faire connaître de moi, il aura la gorge tranchée, certainement !

            Alors, tout l monde est sorti, tout le monde se tient là pour attendre l’épreuve. Mais la bête, elle, elle n’est pas sortie.

            Alors, le roi a prononcé son incantation sur l’enfant. Mais l’enfant ne se décidait pas à marcher. Le roi a répété son incantation une fois, deux fois… L’enfant ne voulait toujours pas marcher. Finalement, on voit la bête avancer tout doucement, elle passe, et elle se tient là sur le bord, sans se mêler à l’assemblée.

            Tout le monde l’a vue :

- Fuyez cette bête, les amis, que personne ne se tienne auprès de lui.

            Et tout le monde s’écartait.

            Et la mère de l’enfant restait assise calmement. Elle se gardait bien de dire : Mais c’est un homme qui se cache dans cette peau de bête…

            Le roi a repris encore ses incantations. Et cette fois, l’enfant s’est mis à marcher. Il s’est mis à marcher vers la bête…, qui a rejeté sa peau de bête, et qui est apparu en beau, en très beau jeune homme ! Et ses habits étaient fort propres. Le roi était bien surpris. Et dès ce moment, les sœurs de Benjamine ont commencé à la jalouser à cause de cet enfant.

- Toi, Benjamine, avec ta figure si ordinaire, tu as pu avoir un si joli garçon, et tu as pu faire un enfant aussi beau ?

- Mais justement, il me semble qu’on vous l’avait proposé, ce garçon, et c’est vous qui n’en avez pas voulu ! Vous disiez que vous ne l’aimiez pas. Alors, moi, je l’ai pris. Ah bon, maintenant vous vous apercevez que vous l’aimez aussi !

- Eh bien, se disent les sœurs, il faut faire quelque chose. Il faut que nous trouvions un moyen de la tuer.

            Alors.., ils demeuraient là, lui et le roi. Et le jeune homme était devenu extrêmement riche, et il était le pilier du royaume, tandis que le roi commençait à vieillir.

            Finalement, comme le jeune homme dormait, les esprits qui lui inspiraient ses rêves se sont manifestés encore une fois :

- Vous devez aller habiter un autre village. Et quand vous irez habiter un autre village, partez sans en informer le roi. Vous partirez tous les trois, ou bien vous laisserez votre enfant ici.

- Je laisserai plutôt l’enfant ici.

- Laissez-le ici.

            Le lendemain, de grand matin, ils sont partis, sans rien dire à personne. Ils ont marché, marché… Et quand ils sont arrivés on peu plus loin, voilà qu’une autre bête les a vus, et elle s’est emparée de la fille du roi. Comme la fille du roi venait de lui être enlevée par cette bête, le jeune homme est revenu chez le roi.

            Et il lui dit :

- Ta fille a été enlevé par une bête.

- Toi, reprit le roi, quand tu es parti, tu ne m’as rien dit, et c’est maintenant que ma fille est perdue que tu viens me déclarer qu’elle a été enlevée par une bête ? Je ne suis pas d’accord, je t’enlève la direction de mon royaume. Sache que je suis encore en vie. A compter d’aujourd’hui, tu reviendras à tes tâches d’autrefois, et à ta pauvreté, et pour ce qui est de mon pouvoir royal, je te l’enlève, ainsi que mes richesses.

- Oh, ça ne fait rien, dit le jeune homme.

- Et à partir d’aujourd’hui, je rassemblerai moi-même des hommes pour aller à la recherche de ma fille.

            On a rassemblé tous les gens du village pour laême des hommes pour aller à la recherche de ma fille.

            On a rassemblé tous les gens du village pour la chercher. On a cherché la fille pendant dix ans, , sans que personne la trouve, dans les profondeurs de la forêt.

            Et le garçon restait là…, se plaisant dans la compagnie de certains fils de roi, qui étaient les fils d’un roi du nord, et qui étaient  ses camarades. Et ils passaient leur temps à faire des promenades à cheval. Et finalement, il leur dit :

- Un jour, mes amis, il faudra que nous allions ensemble dans telle région où je suis déjà allé, parce qu’il y a dans cette région une affaire qui bouleverse mes pensées…

- Et de quoi s’agit-il, lui demandent ses amis ?

- Ah ! C’est de rechercher la fille du roi  qui a disparu. Elle était mon épouse, et j’en ai eu un enfant. Mais cet enfant m’a été retiré.

            Alors, ses camarades lui disent :

- S’il en est ainsi, allons-y, nous irons avec toi.

            Ils y sont allés ensemble. En arrivant auprès du lieu où se trouvait Benjamine, ils ont trouvé la bête avec sa langue flamboyante.

- Oui, disent les deux amis, entre donc, toi, si tu veux y aller. Nous, nous n’osons  pas pénétrer dans la grotte où est la bête.

- Moi, dit-il, que j’en meure, ou que j’y survive, je dois entrer ! D’ailleurs, voici le poignard que m’a donné le chef des soldats. J’ai obtenu bien des fois le salut grâce à lui, aussi je le garde toujours avec moi. Laissez-moi entrer.

            Il est entré, et il a trouvé Benjamine, qui était là. Ils se sont  battus ! Un combat terrible, entre la bête et lui : Et à la fin, la bête n’a pas pu résister. Il a vaincu la bête, et il l’a tuée. Et il a repris Benjamine, et l’ayant reprise, il l’a emmenée sur son cheval.

            Or, l’endroit où ils l’avaient laissé était très loin. (Et les deux époux, le long du chemin, chantaient, chantaient, chantaient…) Il restait peut-être encore deux nuits de voyage pour arriver au village, quand ils ont retrouvé les deux gars, les deux camarades. Ils se disaient entre eux :

- Il est donc toujours vivant, les gars, celui qu’on aurait cru mort ? Suivons-le, puisque c’est notre camarade !

            Mais, quand ils ont vu Benjamine emmenée à cheval par leur ami, ils se sont dit :

- Ah ! Ce gars ! Il a sa femme. Tuons-le.

- Non ! Ne le tuons pas, contentons-nous de le ligoter. Il ne sera pas difficile de lui inspirer confiance, puisque nous sommes ses amis, et nous pourrons le ligoter et emmener la femme.

            Ils l’ont ligoté, après l’avoir pris par trahison. Une fois ligoté, ils l’ont attaché sur le dos de son cheval, et ils sont partis.

            Les voilà arrivés chez le roi :

- Nous avons repris ta fille. Cela fait plus de dix ans que ta fille était partie, et c’est nous qui l’avons reprise. Alors, auquel de nous deux la donneras-tu en mariage ?

- Eh bien, dit le roi, j’ai trois filles. S’il est vrai que c’est vous deux qui avez repris ma fille Benjamine, il vous appartient de vous entendre entre vous pour savoir lequel  l’aura. Et à l’autre je laisse le choix : il pourra prendre l’une de mes deux autres filles.

            Chacun des deux hommes afait son choix. L’un a pris Benjamine, et l’autre ais l’une des deux autres filles du roi.

            Et le pauvre garçon était resté là-bas… Mais voilà, qu’un homme, qui faisait métier de chasseur, traversait la forêt. il était grand temps… ! Il a découvert le jeune homme amarré sur le cheval, et déjà parvenu sur la bordure de la forêt, qui gémissait lamentablement, à demi-mort de faim.

            Dès qu’il l’a vu, il lui a demandé :

- Que fais-tu ici, petit ?

- Hélas, je suis bien malheureux ! Quand on est un fils de pauvre, on doit s’attendre à connaître toujours la misère. Après avoir connu un petit moment de bonheur, la misère et le malheur sont de nouveau sur moi !

            Et il lui a raconté tout ce qui lui était arrivé.

- Bon, dit le chasseur, si c’est comme ça, petit, je vais t’amener dans mon village, là il y a un roi, je vais t’y amener, dit l’homme.

            Voilà ce que lui a dit le chasseur. Et il l’a amené avec lui…

            Quand ils sont arrivés non loin du village, ils pouvaient entendre le bruit des noces. C’étaient les noces des deux camarades.

            Or, le roi avait dit :

- Que celui qui sait jouer d’un instrument, ou qui sait chanter, qu’il vienne dans mon palais pour réjouir les invités aux noces de mes filles.

            Alors le vieillard qui l’avait découvert lui a demandé :

- Toi, mon petit-fils, tu ne sais pas chanter ?

- Si, je sais bien un peu. Mais je ne sais pas trop si ce que je fais leur plaira.

            Et il n’avait sur lui que des haillons lamentables. Il s’est approché, il s’est approché, et il s’est assis derrière tout le monde.

            Tout le monde chante, montrant ce qu’il sait faire. (Et pendant ce temps, les deux hommes qui avaient eu les filles du roi étaient au comble de la joie.) Et même le roi ne pouvait pas le reconnaître dans les haillons qu’il portait.

            Alors, le petit vieux dit :

- Voyons un peu : mon petit-fils que voici est capable lui aussi de chanter !

- Fais-le monter ici, dit le roi.

- Ah non, disent les deux jeunes gens, qui semblent le reconnaître. Qu’est-ce qu’il sait, ce gueux ? Et même ses habits, qui sont de vrais haillons !

- Vas-y, mon petit-fils ; chante. Et vous, n’empêchez pas les autres de tenter leur chance.

            Alors il est monté sur la scène, et il a chanté, chanté, chanté… Et la chanson qu’il chantait, c’était celle qu’il avait  chantée avec la femme sur le chemin du retour, après l’avoir reprise à la bête.

            La femme était stupéfaite. Alors qu’elle était assise là-bas avec les deux mariés, elle s’est levée pour s’approcher du chanteur :

- Mais, papa, c’est lui, c’est l’homme qui m’a retrouvée ! Et c’est lui mon ancien mari.

            Comment, dit le roi ! Vous êtes tous les deux des imposteurs ! Pourtant vous êtes les fils du roi du nord, vous êtes les fils d’un de mes amis.

- Mais si, disent les deux hommes, c’est bien nous qui l’avons retrouvée.

- Ce n’est pas vrai, dit la femme ! C’est celui-ci qui m’a retrouvée.

            Alors, le roi a dit :

- A compter d’aujourd’hui, mes amis, je veux que vous méditiez ce que c’est que de faire le bien ! Ce jeune homme m’avait déjà fait beaucoup de bien ici, et je l’avais recueilli, mais quand il a été cause de la perte de ma fille, je l’ai abandonné. Et maintenant, c’est encore lui, lui que j’avais outragé, lui que j’avais méprisé, c’est encore lui qui a su s’illustrer auprès de moi. Prends pour toi toutes mes filles. Et à compter d’aujourd’hui, c’est à toi que je confie mon royaume.

 

            Voilà, c’était l’histoire de Barikiny.

 

Fulgence FANONY

Le tambour de l’ogre

Littérature orale Malgache

tome 2

L’Harmattan 

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