Poème: De retour - Samuel Ratany

De retour
Il bruine sur les jours de mon cœur,
Une pluie y tombe sans discontinuer !
Va-t-elle se couvrir et s’emplir de plaintes
cette seule minute d’espérance ?
Le vent d’ouest s’en vient doucement
J’espérais qu’il allait m’apporter du courage,
Mais il n’est venu que pour se moquer
Ne m’apportant aucun secours.
Soudain d’un nuage blanc,
Surgit le petit arc-en-ciel,
Comme un ami consolateur,
Mon regret s’en est allé : « comme n’ayant jamais été ».
Et voilà l’innocent oiseau,
L’oiseau que j’ai élevé auquel je n’ai pas encore renoncé
Qui surgit de ce nuage là-bas
Battant frénétiquement ses ailes.
Celle à qui je m’étais habitué est partie depuis longtemps
Par-delà les collines, survolant les étangs,
Mais ayant vu mon cœur blessé
Elle est revenue pour apaiser ma peine.
O ! Ma petite sarcelle que je n’ai point oublié
Et dont je conserve encore le souvenir,
La promesse que j’ai fait n’est pas encore épuisée
Le feu de l’amour n’est pas encore éteint.
Du lieu où nous ne nous étions pas rencontrés,
des jours et des mois pleins de caprice,
je m’en étais servi comme d’une barque,
pour protéger un amour déferlant.
L’oubli n’existe point,
Car subsistera toujours de l’amour la promesse
Et ne périra aucunement,
Aussi : Etre infidèle, non jamais !
Toi, à qui depuis si longtemps, j’ai confié mon cœur,
Mais qui a failli devenir une étrangère,
Le nid de mon cœur a gardé
La place de sa maîtresse d’autrefois.
La cause de ces soupirs qui s’insinuent
Sont mes larmes qui n’ont pas encore séché
La clé de mon cœur n’est nulle par ailleurs
Elle est avec toi, alors, ouvre-le ma bien-aimée !
Pages choisies I, de Siméon Rajaona, p.55
Tafaverina
Toa merika, ho’aho, ilay andron’ny foko,
toa ora-mikija no tonga mazàna !
Hanjavona ve ka ho feno toloko
ilay hany miitran’ny fanantenana ?
Ny rivotra andrefana tamy misosa
nataoko hivimbina tanja-panahy,
dia tonga handatsa ny tenako kosa,
ka tsy mba nanao fanavotana ho ahy.
Kinanjo tanatin’ny rahona fotsy,
dia indro ilay havana kely niseho,
ka tonga ho namana mpandrotsirotsy,
dia lasa ny sentoko : « toy ny tsy teo ».
Dia indro ilay vorona tsy manantsiny,
ilay voro-nompiako tsy mbola nafoy,
nipoitra tanatin’ilay rahona iny,
nikopaka ny elany mamoivoy.
Fa ela nandaozana ilay nahaztra,
Nandalo ny bonga, nihoatra kamory,
Kanefa nitsinjo ny foko naratra,
ka tonga hanaisotra izay mampahory.
Ry zana-tsiririko mbola tsaroana,
sy mbola tadidin’ny aina ao anaty,
ny voady nataoko dia mbola tsy foana,
ny afom-pitiavana mbola tsy maty !
Ny toerana izay tsy nifankahitana,
ny andro sy volana be fampitamby,
dia efa nataooko ho laka-nitàna,
hambomba fitiavana iray manana amby.
Tsy misy tsy akory ny fanadinoana,
fa mbola ao ihany ny tokim-pitia,
ka tsy mba ho faty na ahoana na ahoana,
ny hoe : raha hivadika dia sanatria !
Ry ilay nitomoeran’ny fo hatry ny ela ,
Kanefa toa saika hanjary vahiny,
ny akanin’ny foko dia mbola mamela
ny toeran’ny tompony fony fahiny.
Samuel Ratany
Six Poètes Malgaches
Textes malgaches choisis et traduits par
François-Xavier RAZAFIMAHATRATRA