Poème: DETRESSE D’INSULAIRES - Max Randriantefy
Ce poème était écrit il y a un an déjà quand des fléaux successifs nous sont tombés dessus. Madagascar est en souffrance et cela perdure jusqu’ici. 2019 commence bien mal son année par ce cyclone venant du Canal de Mozambique, mais c’est le lot de notre île. Le découragement est quand même dans nos murs vu l’éternel recommencement sur les efforts que nous prodiguons pour nous relever. On est en train de se demander par ce poème, à quand la sérénité pour les malgaches ?

DETRESSE D’INSULAIRES
Pleure ô pluie, oui pleure mais épargne nos villes,
S’il te plait, panse nos plaies, apaise nos douleurs,
La peste est partie, le déluge est sur l’île,
Le malheur est sur nous, et nos cœurs se meurent.
Quand nos lendemains ne sont plus que tristesse
Nos nuits sont envahies de rêves immondes.
Nos regards de détresse portés sur le monde
Sont ceux d’un chien que son maître délaisse.
Sur nos humbles esquifs, nos vies dans la survie
Avancent avec le fanal de l’espérance
Qu’une fois sur les flots viendra enfin la chance,
Et l’errance de nos âmes sera bientôt finie.
Il nous est permis de rêver éveillé
Quand nos pensées gravissent les sentes des nuées
Où renaît une mosaïque de beaux phrasés
Créés pour encenser la vie dans la paix.
Mais le réel est trop souvent source d’angoisse,
Car l’étreinte de son étau nous rend malade.
Et la beauté des fleurs nous semblent alors fades,
A croire que le doux parfum de l’île porte poisse.
Mais où est donc cachée la sérénité ?
Est-ce derrière le bananier ou le manguier ?
Elle s’est bien éloignée de la pauvreté,
Qu’on n’a guère de chance de la retrouver…
Max Randriantefy